Tout
semble indiquer qu’a pris fin la période où Poutine expliquait au monde et tout
particulièrement à l’Occident les principes et orientations qui fondent les
politiques de la Russie face aux défis présents. Finies les palabres, il passe maintenant
à la seconde vitesse. Des décisions importantes se prennent, toutes orientées à
contrer l’arrogance d’un Occident qui se croit tout permis et à mettre en
valeur des actions qui ne laissent place à aucune ambigüité. En un mot, Poutine
passe à l’offensive.
Déjà,
son ministre des Relations extérieures, M. Lavrov, avait fait savoir à
quelques reprises qu’une guerre froide entre deux grandes puissances se
disputant le contrôle du monde était du passé. Ce temps est périmé, la Russie ne dispute, d’aucune manière, le
contrôle du monde et ne se prêtera pas à une diplomatie visant à conforter la
puissance des États-Unis comme l’une des deux puissances pouvant dominer le
monde. Dans une déclaration récente du ministre Lavrov, il est clairement dit
que les États-Unis ne font même pas partie des priorités de la Russie. Ces
priorités portent, d’abord et avant tout, sur l’émergence d’un monde
multipolaire qui s’affirme de plus en plus et dont les pôles de décisions sont
multicentriques. Dans une entrevue,
réalisée le 29 mai , il a dit, entre autres :
« Les
relations avec les États-Unis ne sont pas une priorité pour Moscou alors qu’un
nouvel ordre mondial est formé … Pour nous, la chose la plus importante est de
veiller à ce que tous soient d’accord avec le fait que, aujourd’hui, les
problèmes du monde ne peuvent pas être résolus unilatéralement ou
bilatéralement »
«Nous ne renonçons pas à l'interaction (avec
Washington). Toutefois, nous acceptons la coopération non pas parce qu'ils
veulent coopérer avec nous dans tel ou tel domaine, mais parce que ces contacts
sont dans notre intérêt »,
Les choses sont claires et le fait que ça plaise
ou pas à Washington ne fait plus partie de l’équation.
Le président Poutine, lors de sa dernière grande
conférence de presse, n’a pas hésité à hausser le ton et à donner la réplique en 15 points aux accusations occidentales contre la Russie. Il met en
relief l’aspect psychopathique des dirigeants étasuniens.
De toute évidence, la Russie passe à la seconde vitesse.
En février
dernier, Poutine menace Obama de livrer des images satellites des attaques du 11 septembre
qui prouveraient la complicité du gouvernement des États-Unis dans ces
attentats qui ont permis de transformer en terroristes tous ceux et celles qui
ne seraient pas d’accord avec les politiques de Washington..
« Selon des experts américains, la Russie se
prépare donc à diffuser les preuves du rôle joué par les États-Unis et des
services secrets le jour des terribles attentats. »
Tout récemment, Poutine est revenu à la charge, cette fois, en
invoquant l’interventionnisme des États-Unis,
tout particulièrement au M.O. et en Afrique. Il met en évidence que les
informations dont dispose la Russie ne s’alimentent pas des communiqués de
presse de la Maison-Blanche ni du Pentagone, mais à des sources privilégiées qui
lèvent le voile sur les véritables intentions de Washington et les moyens qu’il
utilise pour atteindre ses objectifs.
« Tout ce qui est arrivé sur la scène internationale au cours
des deux dernières années doit être réajusté. Il est évident que nos
nations sont menacées et cela est dû au fait que le droit international a été
violé en combinaison avec la violation de la souveraineté des différents états
et de leurs sphères d’influence ».
Et, d’ajouter pour que Washington ne se
méprenne pas sur ses propos: « Nous savons ce qui se passe au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord » laissant entendre par là le rôle joué par
les États-Unis dans la formation, l’armement et l’utilisation des terroristes
pour atteindre certains objectifs.
S’ajoutent à ces déclarations explosives, des
décisions qui en sont tout autant
Déjà Poutine avait avisé l’Occident qu’il y aurait
une réponse adaptée à chacune des sanctions visant la sécurité et les intérêts
de la Russie. Ce moment semble arrivé.
Il faut d’abord mentionner, cette liste de 89 personnes, soigneusement sélectionnées, portée à la connaissance des
consulats et ambassades russes en Europe. Il s’agit de personnalités auxquelles
l’entrée en Russie leur est désormais interdite. Une liste qui répond de toute
évidence à celle élaborée par l’Europe et les États-Unis contre certaines
personnalités russes. Tout semble indiquer que les pays européens, allés des États-Unis,
ne la trouvent pas drôles. Pour en savoir plus, lisez ceci.
À remarquer qu’aucun Américain ne figure sur
cette liste. Y aurait-il un motif particulier à cela? Si on prend en
considération le fait que l’Europe est la première victime à devoir absorber les
contrecoups les plus sévères de cette politique des sanctions, on peut penser
que les gouvernements et les peuples du Continent européen vont s’éveiller et
se demander si le prix que l’Amérique leur demande de payer n’est pas un peu
trop élevé. De quoi alimenter des fissures dans cette alliance dont l’Europe
paie le gros prix. À ce sujet, un article tout récent, publié en Allemagne, se
demande si l’Europe n’est pas le dindon de la farce de l’Amérique. L’article se
termine par cette observation:
« Lorsque
l'économie américaine en a besoin, Washington se permet de négliger les
sanctions antirusses, conclut l'hebdomadaire. Dans le même temps, les
compagnies allemandes souffrent des conséquences de la politique imposée par
les Américains, dont les pertes économiques et la réorientation de l'économie
russe vers l'Orient. »
On ne se cachera pas que l’affaiblissement de l’alliance de l’Europe
avec les États-Unis serait un gain important pour la Russie. Pourquoi, alors,
ne pas en profiter pour en accentuer les divergences?
Il faut également signaler la loi, signée par Poutine, concernant les ONG. Une manière pour la
Russie de reprendre en main sa souveraineté, souvent menacée par certains de ces
organismes de couverture dont les objectifs sont plus souvent que moins de
nature politique
Le 30 mai dernier, des
avions russes de la Mer Noire ont forcé un contre-torpilleur
américain à rejoindre les eaux neutres. On ne peut plus se permettre de jouer
au chat et à la souris avec la Russie. Ses forces armées de terre, de mer et
d’air sont en position de répondre à toute infraction en provenance de quelque endroit
que ce soit.
Dans
l’Arctique, région fort importante pour
la Russie, les infrastructures militaires seront complétées d’ici la fin de la
présente année.
« Les travaux se déroulent selon le calendrier et
sont actuellement achevés à 70%. Nous sommes persuadés de pouvoir aménager
l'ensemble des infrastructures pour nos troupes dans la région arctique d'ici
la fin de 2015 », a déclaré le général aux journalistes. »
De toute
dernière heure, Moscou informe que plus de 18 000
militaires seront en Arctique pour en assurer la défense.
Je ne puis
terminer cet article sans parler de ces exercices militaires conjoints, Russie
et Chine, en mer méditerranéenne. Ce fut une démonstration
de force et d’indépendance. Les liens entre la Chine et la Russie sont là
pour résister aux forces de l’OTAN et des États-Unis. Ils ne sont d’ailleurs
pas seuls à faire front commun. L’Inde et l’ensemble des pays qui forme la
coalition BRICS en font partie. L’alliance pour un monde multipolaire et
multicentrique gagne du terrain et se renforce si on la compare à l’Alliance
atlantiste, unissant les pays d’Europe et les États-Unis auxquels il faut
ajouter le Canada. Dans ce dernier cas, le cordage se fait de moins en moins
résistant.
S’il n’y a pas
de guerre, la machine de guerre est en marche. Pour un officiel de l’OTAN une guerre
éclatera cet été. Chacun peut y aller avec ses prédictions, mais l’élément
déclencheur peut être de bien des natures, allant d’une faille technique, d’une
erreur humaine à un plan froidement élaboré par ceux qui ont tout à gagner.
Oscar Fortin
Le 1er juin
2015
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