JEUDI 13 août 2015
Incroyable destin que celui de ce
fils de propriétaire terrien, devenu avocat, puis révolutionnaire en la Sierra
Maestra, au début des années 1950. Cible de plus de 635 tentatives
d’assassinat, il est toujours là, simplement là, au sommet de ses 88 ans, avec
une plume qui lève les ombrages, dissipe les malentendus, pourfend
l’hypocrisie, le mensonge et interpelle la conscience de toute personne de
bonne volonté. Il est également là, simplement là, accueillant chefs d’État,
intellectuels, croyants et non croyants. Il écoute, questionne, réfléchit et
discute. Qui est-il donc cet homme que nos médias présentent toujours comme
l’homme à abattre, l’ennemi numéro un des droits humains? Ici, en compagnie de
Ban Ky-Moon, Secrétaire général des Nations Unies.
Il est et continue toujours d’être
ce jeune cubain brillant, de famille aisée, converti, dès sa jeunesse, au drame
des injustices qui accablaient alors des millions de cubains et de cubaines,
toujours enchaînés à un système d’exploitation et de domination qui en faisait
plus des bêtes de somme que des êtres humains. La nouvelle dictature de
Batista, dominant la vie politique, économique et sociale, ne faisait que
raffermir cette situation en y ajoutant son lot de corruption et de répression.
Dans sa défense, en octobre 1953, lors du fameux procès faisant suite à
l’attaque de la Moncada, il a ces paroles qu’il adresse à ses accusateurs et au
jury: « Si en vos âmes il y reste un brin d’amour pour la patrie, d’amour
pour l’humanité, d’amour pour la justice, alors écoutez-moi avec attention. Je
sais que l’on me forcera au silence pendant de nombreuses années; je sais que
l’on cherchera par tous les moyens possibles à taire la vérité; je sais que
l’on fera tout pour qu’on m’oublie. Mais ma voix ne s’éteindra pas pour autant
: elle recouvre d’autant plus de force dans ma poitrine que quand je me sens
seul et elle trouve dans mon cœur toute la chaleur que les âmes orgueilleuses
ne peuvent ressentir. » (Traduction libre : La Historia me absolvera, p.33)
Cette prédiction, qu’il faisait en pensant aux années de prison qui
l’attendaient et aux efforts déployés par ses adversaires pour que « son
message » tombe dans l’oubli, deviendra la prédiction de ce que sera toute sa
vie : prisonnier d’une désinformation des plus persistantes faisant de lui,
faute de pouvoir en effacer le souvenir, un monstre d’humanité.
Mais voilà que l’Histoire prend sa
revanche et nous livre de plus en plus l’étoffe de l’homme, ses véritables
traits de révolutionnaire, sa passion pour une Humanité ouverte et non
refermée, sa préoccupation pour l’éducation et la santé, sa conviction profonde
que le développement passe par la solidarité et se nourrit de justice, de
vérité, de compassion, de fraternité. Nous sommes loin de ces dictateurs qui
ont occupé les premières places de la vie politique de ce Continent et qui ont
semé la terreur auprès des plus démunis et la corruption auprès des plus
opportunistes. Ce n’est pas pour rien que les victimes de ces régimes se
reconnaissent de plus en plus dans ceux qui, comme eux, ont connu cette
terreur. Rien de surprenant qu’ils trouvent en Fidel ce rocher qui a résisté
aux tsunamis médiatiques et terroristes des plus variés pendant autant d’années
sans perdre pour autant ce qui le rend si humain : sa simplicité et son
humilité.
Il fut un temps où la Revue Forbes
classait Fidel Castro parmi les hommes les plus riches de la planète. En 2006,
je crois, il a mis tous ses détracteurs au défi de trouver un seul dollar de
cette fortune dans quelque banques ou paradis fiscaux d’où qu’ils soient. «
Si vous en trouvez un seul, je donnerai sur le champ ma démission comme
Président de Cuba. » Une aubaine pour ses détracteurs. Depuis le temps
qu’ils voulaient s’en débarrasser, l’occasion était belle et surtout facile, à
en croire la revue Forbes, d’y arriver sans avoir à le tuer. Mais, il semble
que les recherches n’aient pas donné les résultats attendus, puisqu’il est
demeuré à son poste jusqu’à sa maladie en 2008 et que nous n’avons plus jamais
réentendu parler de cette soi-disant fortune.
Ce n’est pas tout. On évalue à plus de 95
milliards de dollars, les pertes encourues par Cuba en raison du Blocus
économique qui perdure depuis plus de 50 ans. L’objectif recherché est que la
Révolution cubaine soit un fiasco. Là encore, Cuba, tout en étant un pays très
pauvre et en dépit des écueils semés sur sa route, a pu sortir, grâce à sa
révolution, de la dépendance et se doter d’un système d’éducation et de santé
qui fait l’envie de bien des pays développés.
Chez lui, la solidarité fait partie
de son destin. Il est actuellement un des plus actifs pour aider son voisin
d’Haïti, victime de ce terrible tremblement de terre qui l’a secoué en janvier 2010.
Avec ses 350 médecins y de nombreux éducateurs ils apportent assistance,
supportent et accompagnent ce peuple courageux à se relever et à se reprendre
en main. Pourtant, Cuba et Haïti ont eu longtemps la même histoire, le même
destin d’esclaves. Il y a 55 ans et plus, ils étaient tous les deux sous la
gouverne de dictateurs. Les populations vivaient en grande majorité sous la
dépendance et l’esclavage. Que s’est-il donc passé pour que leur destiné ne les
ait pas conduit au même endroit? Pendant que des milliards $ étaient
régulièrement dépensés pour que la révolution cubaine échoue, des milliards
d’autres étaient investis en Haïti, soit disant, pour assurer son
développement. Nous en voyons, aujourd’hui les résultats. Qui, des deux
systèmes, a permis les meilleures conquêtes humaines et institutionnelles? Qui
compte le plus de morts violentes tout au long de ces 55 ans ?
Ce bref rappel est un devoir de
justice et d’humanité à l’endroit de cet homme que déjà l’Histoire reconnaît
comme un des plus grands des 60 dernières années et sans doute qu’elle
proclamera un jour comme le Père de la seconde indépendance des pays de
l’Amérique Latine et des Caraïbes. N’en déplaise à ses détracteurs, sa mémoire
survivra à tous ces présidents et dictateurs qu’ils auront soutenus et
corrompus, durant toutes ces années, pour mieux régner.
La flamme que porte Fidel en sa
poitrine est toujours aussi chaleureuse et forte que celle qu’il évoquait dans
ses premières années de lutte. La vérité, comme la lumière avec l’obscurité,
finit toujours par faire reculer les frontières des ombres et du mensonge.
À cet homme je souhaite, en ce
jour, un joyeux 89 iè anniversaire de naissance et longue vie.
Oscar
Fortin
13 août
2015
http://humanisme.blogspot.com
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