mardi 22 mars 2016

OBAMA À CUBA


POUR Y JETER LES BASES D’UNE RÉVOLUTION DE COULEUR



Nous connaissons tous ces révolutions présentées sous le chapeau des « révolutions de couleur ». Elles consistent pour l’essentiel à introduire sous les couverts les plus inoffensifs des agitateurs qui sauront enflammer de diverses manières les groupes d’opposition pour les transformer en force déstabilisatrices de l’État. Une stratégie qui a donné ses fruits dans plusieurs pays de l’Est et au Moyen-Orient. Dans ce dernier cas, on parle surtout des printemps arabes.

J’ai écouté avec attention la conférence de presse qui a suivi les échanges des deux dirigeants. Je n’ai perçu aucun changement chez Obama quant aux objectifs de changement de régime à Cuba. L’approche envisagée ne sera plus celle du Blocus économique, devenue plutôt une monnaie d’échange pour forcer certains changements, mais celle des révolutions de couleur qui agissent de l’intérieur comme un cancer qui s’attaque au régime en place.

L’ouverture de ce nouveau chapitre, perçu comme une bonne nouvelle et marquant l’avènement d’une ère nouvelle, risque de se transformer en cauchemar pour ceux et celles qui en découvriront rapidement le venin qui s’y cache. Au moment où la Bolivie, le Venezuela et l’Équateur renvoient chez eux ces organisations étasuniennes aux multiples visages humanitaires, Obama voit l’opportunité de les y introduire à Cuba sous le couvert de la coopération en éducation, dans les secteurs de la santé, dans celui de la recherche, etc.

Ce que M. Obama ne sait pas, c’est que le peuple cubain n’est pas n’importe quel peuple. S’il est pauvre, il n’est pas ignorant et ses dirigeants ne sont pas sans le voir venir avec ses ambitions secrètes d’en arriver à avoir raison du régime révolutionnaire cubain et de ses dirigeants. Le président Raoul Castro, avec ses 84 années bien comptées, s’est révélé d’une très grande ouverture pour en arriver à construire un nouveau pont, fondé sur le respect de la diversité et de la souveraineté des deux peuples. Il veut bien croire en la sincérité du président Obama pour mettre en marche cette nouvelle approche de faire de la politique internationale, mais il n’y va pas les yeux fermés.

Il sait que l’homme qu’il reçoit et à qui il a donné la main est le même qui a déclaré le Venezuela comme menace à la sécurité nationale des États-Unis, ouvrant ainsi la porte à une intervention militaire au Venezuela. Il sait également que c’est ce même homme qui a soutenu le coup d’État militaire au Honduras, en 2009, puis celui tout en douceur au Paraguay, en 2012, contre le président Fernando Lugo. Il sait que ce même Obama a tout fait pour discréditer l’ex-présidente d’Argentine, Cristina Fernandez et, maintenant, qui salive les suites que connaîtront les actions visant la destitution de la présidente du Brésil et le discrédit du candidat potentiel pour les prochaines élections présidentielles, Ignacio Lula. Il sait qu’il en va de même pour la Bolivie d’Evo Morales où tout en fait pour le discréditer. Ill en ainsi pour l’Équateur de Rafael Correa.  

Sur la photo qui coiffe cet article, on voit un Raoul qui regarde Obama dans les yeux alors que ce dernier, comme s’il se savait démasqué, n’ose supporter ce regard et se contente de regarder ailleurs avec in sourire trompeur.

Deux mondes, deux vérités, deux vécus se croisent en ce moment de l’histoire. L’un est puissant en armes et en argent, l’autre en authenticité de vie et en solidarité humaine.

Sans la bonne foi des parties et le respect de la diversité des régimes, aucun pont, réunissant les deux peuples, ne pourra être construit.

La bonne volonté de Washington doit se manifester par l’élimination du blocus économique, condamné, année après année, par l’Assemblée générale des Nations Unies et la remise, sans condition du territoire cubain occupé illégalement par les États-Unis à Guantanamo. Ces deux décisions marqueront le début d’une ère nouvelle.

Oscar Fortin
Québec, le 22 mars 2016


1 commentaire:

Marius MORIN a dit...

Le pouvoir du président américain est beaucoup plus limité que ce que l’on croit. Au-dessus du gouvernement américain règne un pouvoir beaucoup plus puissant que Peter Dale Scott décrit dans son livre intitulé : « L’État profond américain ». Ce pouvoir de l’ombre se développe depuis trois décennies et impose sa loi sur le monde entier : par la dérégulation-délocalisation, la financiarisation de l’économie virtuelle, la faillite de Wall Street et ses spéculations boursières, les pétrolières, les pharmaceutiques, les multinationales d’armement, l’érosion des libertés civiles et la guerre sans fin. Nos pays sont en train de perdre leur liberté et démocratie.