NOTE : En
février dernier, j’avais publié, sur ce site, également ici, la lettre que j’avais envoyée au Premier ministre du Canada,
Justin Trudeau, et à son Ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion. Je
viens de recevoir, de la part de ce dernier, une première réponse que je porte
à votre attention et évaluation. Je rappelle que Stéphane Dion a une formation
en Science politique. Je laisse à votre discrétion de savoir si la rigueur du
professeur universitaire qu’il a été se retrouve dans celle du ministre des
Affaires étrangères qu’il est devenu.
Vos commentaires
seront les bienvenus.
Monsieur
Oscar Fortin
Monsieur,
Je vous remercie
de votre courriel du 17 février 2016 auquel vous avez joint une lettre
exprimant vos inquiétudes au sujet de la situation en Ukraine, en Syrie et la
lutte contre le soi-disant État islamique en Iraq et au Levant (EIIL). Je vous
prie d’excuser ce retard à vous répondre.
Le Canada est
très inquiet de la crise qui perdure en Ukraine et souscrit toujours à une
solution diplomatique au conflit. Le
Canada appuie le peuple ukrainien et s’attend à ce que la Russie participe
pleinement au processus de paix de Minsk, notamment en cessant d’approvisionner
et de soutenir les insurgés dans l’est de l’Ukraine ainsi qu’en respectant
totalement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. J’ai
réitéré ce message au cours de ma visite fructueuse à Kiev le 1er février 2016 à
l’occasion de laquelle j’ai rencontré mon homologue, le ministre des Affaires
étrangères Pavlo Klimkine, ainsi que le premier ministre de l’époque
Arseni Iatseniouk. J’ai aussi souligné l’importance d’appliquer de façon
exhaustive les accords de Minsk, en
particulier par la Russie, afin d’instaurer une paix durable en Ukraine.
En ce qui
concerne la Crimée, le Canada s’est joint à d’autres dirigeants du G‑7 le 27 mars 2014 afin d’émettre la
Déclaration de La Haye, qui stipule que :
« Le droit international interdit l’acquisition par la coercition ou la
force d’une partie ou de l’ensemble du territoire d’un autre État. Cet
acte va à l’encontre des principes sur lesquels le système international
est fondé. Nous condamnons le référendum illégal tenu en Crimée, contraire
à la constitution de l’Ukraine. Nous condamnons également fermement la
tentative de la Russie d’annexer la Crimée d’une façon qui contrevient au droit
international et à des obligations internationales spécifiques. Nous ne
reconnaissons ni l’un, ni l’autre ».
Le Canada
continuera de surveiller attentivement la situation et réagira en conséquence,
de concert avec ses partenaires et ses alliés. Vous trouverez plus de
renseignements au sujet de la réponse du Canada à la situation en Ukraine à http://www.international.gc.ca/international/ukraine.aspx?lang=fra.
En ce qui
concerne la Syrie, depuis le début de 2011, plusieurs manifestations
visant à encourager des réformes démocratiques ont eu lieu dans diverses villes
partout en Syrie. La violente répression du régime Assad à l’encontre des
manifestants pacifiques en mars 2011 a fait de nombreux morts et blessés
parmi les civils. Des milliers de civils ont été détenus de façon arbitraire et
certains rapports crédibles ont fait
état de tortures et d’exécutions sommaires. Les actions du régime Assad,
y compris son utilisation présumée
d’armes chimiques, ont incité des milliers de Syriens à fuir vers les pays
voisins, provoquant ainsi une grave crise humanitaire dans la région.
Le Canada a appelé la communauté internationale
à se mobiliser et à défendre le droit du peuple syrien à décider de son avenir. Le
19 décembre 2015, j’ai accueilli favorablement l’adoption de la
résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui entérine les
négociations visant à assurer une transition politique pacifique, inclusive et
dirigée par les Syriens, conformément au Communiqué de Genève de 2012. De
plus, le Canada salue et appuie les efforts incessants des Nations Unies et du
Groupe international de soutien à la Syrie en vue d’un règlement du conflit syrien.
J’ai réitéré cette position dans une déclaration que j’ai faite le
31 janvier 2016. Dans le but de créer un contexte plus favorable aux
pourparlers de paix, j’ai également réclamé la fin des bombardements
aveugles et du recours à la privation de nourriture comme arme de guerre.
Le Canada est
convaincu qu’un règlement politique négocié est la seule façon de mettre fin à
la crise syrienne. Le maintien au
pouvoir d’Assad ne peut faire partie de quelque solution réaliste que ce soit.
Le gouvernement
du Canada est vivement préoccupé par la détérioration de la situation
humanitaire provoquée par la crise en Syrie et par les répercussions de la
crise sur ceux et celles qui sont restés au pays ou qui se sont réfugiés dans
les pays voisins. À ce jour, le Canada a fourni plus de 978 millions de
dollars en réponse à la crise syrienne. Depuis janvier 2012, le Canada a
engagé plus de 653,5 millions de dollars en aide humanitaire,
242 millions de dollars en aide au développement à la Jordanie et à la
région et 82,91 millions de dollars en aide liée à la sécurité à la
région. Vous trouverez plus de renseignements sur l’aide canadienne à http://www.international.gc.ca/development-developpement/humanitarian_response-situations_crises/syria-syrie.aspx?lang=fra.
Le conflit syrien est une situation d’urgence
complexe qui perdure. Les partenaires humanitaires n’ont pas accès à l’ensemble
du territoire syrien en raison de l’insécurité liée aux combats et du refus des
parties au conflit de permettre aux organismes humanitaires d’intervenir dans
les territoires qu’elles contrôlent. Les conditions relatives à la prestation
de l’aide humanitaire ont toutefois changé en février 2014 lorsque le
Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la
résolution 2139, laquelle demande notamment un meilleur accès humanitaire en
Syrie. Puis, le 14 juillet 2014, le Conseil de sécurité des Nations
Unies a adopté la résolution 2165 qui autorise les organismes onusiens à
traverser la frontière pour apporter une aide à la population après en avoir préalablement informé le
régime Assad, sans toutefois solliciter son consentement. Le
22 décembre 2014, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté
la résolution 2258, qui prolonge ce mandat pour la deuxième fois, jusqu’en
janvier 2017.
Les actions du
régime Assad ont créé un environnement propice à la croissance de l’EIIL.
Depuis 2013, l’EIIL mène des campagnes d’une violence inouïe contre des
civils et tous ceux et celles qui s’opposent à lui dans les zones qu’il
contrôle. Le Canada est un membre actif de
la Coalition mondiale de lutte
contre l’EIIL. À la suite de consultations menées auprès de ses partenaires et
de ses alliés de la Coalition, y compris le gouvernement iraquien, le
gouvernement du Canada réoriente son rôle au sein de la Coalition. Le
8 février 2016, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la
nouvelle stratégie du Canada pour faire face aux crises en Iraq et en Syrie et
atténuer les répercussions sur la Jordanie, le Liban et l’ensemble de la
région. Dans le cadre de la nouvelle stratégie, le Canada investira environ
1,6 milliard de dollars sur trois ans dans la région. Ceci comprend
840 millions de dollars en aide humanitaire, et 270 millions de
dollars en
aide au
développement à long terme (dont 130 millions de dollars sont déjà
affectés à des engagements à l’égard de projets en cours). Le reste comprend
145 millions de dollars d’aide pour la stabilisation et la sécurité et
305 millions de dollars en aide militaire.
Le Canada est en
train de réorienter sa mission militaire de façon à mettre fin aux frappes
aériennes, tout en continuant à apporter un appui sous la forme de ravitaillement
des aéronefs et d’avions de surveillance. Le Canada fournira plus d’équipement
militaire et il participera plus activement à la formation des forces locales
en Iraq afin qu’elles assument pleinement la responsabilité de la sécurité de
leur pays.
Parallèlement à
cette contribution militaire, le Canada continuera à participer aux efforts de
stabilisation et aux mesures de lutte contre le terrorisme, notamment en aidant
à couper l’accès de l’EIIL à ses sources de financement, en luttant contre la propagande
de l’EIIL et en endiguant le flux de combattants terroristes étrangers. La
contribution du Canada prendra appui sur les succès de la Coalition et
apportera un complément aux efforts de nos partenaires. Dorénavant, le Canada
apportera une contribution globale, intégrée et durable et mettra à nouveau
l’accent sur le renforcement des capacités locales par la formation, la
fourniture d’une aide humanitaire efficace et le travail avec les collectivités
locales pour répondre aux besoins de développement à long terme de la région.
Cette approche pangouvernementale contribuera à renforcer la sécurité et la
stabilité, à fournir une aide humanitaire et à aider les partenaires à offrir
des services sociaux, à reconstruire les infrastructures et à assurer une bonne
gouvernance.
Vous trouverez
plus de renseignements sur les efforts du Canada pour contrer l’EIIL à http://www.international.gc.ca/world-monde/security-securite/middle_east-moyen_orient/index.aspx?lang=fra.
Le gouvernement
du Canada continue de suivre de près l’évolution de la situation en Syrie et de
soulever ses inquiétudes, le cas échéant. Vous trouverez plus de renseignements
au sujet de la position et des actions récentes du Canada à http://www.canadainternational.gc.ca/syria-syrie/index.aspx?lang=fra.
Je vous remercie
d’avoir écrit et vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments
les meilleurs.
Le
ministre des Affaires étrangères,
L’honorable
Stéphane Dion, C.P., député
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