Le comportement et les prises de position
du gouvernement canadien au sein de
l’Organisation de l’État américain (OEA) ont de quoi interpeller tous les Canadiens
et Canadiennes qui croient au respect du droit international inscrit dans la Charte
des Nations Unies. Un de ces droits porte sur la souveraineté et
l’indépendance des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sous le couvert
du respect des droits de la personne et de la démocratie, leur action, sous la
direction des Etats-Unis , vise avant tout la prise de contrôle du Venezuela et le changement de régime, passant outre au
droit international et à la Charte de l’OEA.
Les buts des Nations Unies sont les suivants :
1. Maintenir la paix et la sécurité internationales et à
cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir
et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou
autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément
aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le
règlement de différends ou de situations, de caractère international,
susceptible de mener à une rupture de la paix;
2. Développer entre les nations des relations amicales
fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de
leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à
consolider la paix du monde;
3. Réaliser la coopération internationale en résolvant
les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou
humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme
et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de
langue ou de religion;
4. Être un centre où s'harmonisent les efforts des
nations vers ces fins communes.
Le Canada est officiellement signataire de
cet article 1 de la Charte des Nations Unies. Or, dans le cas du Venezuela,
pays démocratique et souverain, le Canada, soumis aux politiques interventionnistes de Washington, se
transforme en un véritable bataillon visant une intervention militaire,
souhaitée depuis la révolution bolivarienne qui prend ses origines avec
l’arrivée d’Hugo Chavez, de 1998 à 2013, puis de Maduro jusqu’à nos jours. Il
s’agit d’une révolution fondée sur une constitution que le peuple vénézuélien a
ratifiée par référendum en 1999, avec
plus de 71% des votes. Un peuple souverain
disposant de sa propre constitution.
Cette révolution transforme le rôle
politique du peuple en lui permettant une plus grande participation à tous les
niveaux de l’intervention de l’État. Les priorités portent prioritairement sur
les besoins essentiels du peuple, tels le logement, la santé, l’éducation. Les
revenus des immenses réserves de pétrole ont
été réorientés vers ces besoins essentiels du peuple vénézuélien, de quoi déplaire à ceux qui en étaient les
principaux bénéficiaires, soit les oligarchies nationales et Washington qui en
avait le contrôle par ses multinationales. Cette révolution s’est amorcée sans
violence et par des voies démocratiques.
C’est donc en disposant pleinement de son
droit comme peuple et État souverain que
les Vénézuéliens et Vénézuéliennes ont procédé à ce changement de régime,
centré avant tout sur les intérêts du peuple. Les oligarchies nationales ainsi
que Washington ne l’ont pas pris comme étant une décision souveraine, mais
comme une désobéissance à leur volonté et intérêt. Dès 2002, il y a eu une
première tentative de coup d’État, planifié et financé par Washington avec
l’appui des oligarchies nationales et une partie de l’armée. Il en fallut de
peu pour que ce coup d’État réussisse. Cependant,
leur désir de reprendre le pouvoir de l’État et d’en contrôler les richesses
s’est vite transformé en cauchemar, lorsqu’une fraction de l’armée, restée
fidèle au gouvernement, et l’arrivée en masse d’un peuple qui n’entendait pas
laisser ces envahisseurs décider à leur place, prirent le contrôle de la
situation et firent libérer Chavez, leur Président, pour qu’il reprenne ses fonctions à la tête
du Venezuela. Déjà à ce moment le Canada s’était empressé de se réjouir de ce
coup d’État avec la mise à l’écart de Chavez. Il fut un des premiers pays à
reconnaître ceux qui se présentèrent comme le nouveau gouvernement.
Depuis ce coup d’État manqué, il n’y a pas
eu une année sans qu’il y ait des actions de sabotages, de désinformation
internationale visant le dénigrement de ce gouvernement révolutionnaire qui
avait décidé de placer les intérêts du peuple avant ceux des oligarchies et de
Washington. Ce qui se passe au moment
d’écrire ce texte, c’est la continuité de cette volonté des mêmes acteurs de
briser par la force ce gouvernement pour en prendre le plein contrôle. Les
approches pour y parvenir s’inspirent de celles utilisées et identifiées comme
« les printemps
arabes » .et « les
révolutions de couleur » qui
émergeaient, dans leur origine de la volonté des peuples. Il s’agit, pour
l’essentiel, de créer les conditions pour créer le chaos dans le pays par tous
les moyens, dont la désinformation nationale et internationale et les actions
violentes, allant de la délinquance au terrorisme de manière à ce que le tout
apparaisse comme le soulèvement du peuple contre ses dirigeants. Les réseaux
d’information, complices de ces actions, se chargent de la désinformation en
attribuant tous les malheurs qui arrivent au gouvernement. Ils se chargeront
également de discréditer sans preuve la
crédibilité de ces gouvernants qui ne peuvent être que corrompus,
dictatoriaux, répresseurs et sans
scrupule.
De tout cela, le gouvernement canadien est
conscient et il sait très bien de quoi il en retourne. Il agit en pleine connaissance
de cause et, ce faisant, il se fait complice d’une intervention militaire au
Venezuela visant le renversement du gouvernement et le changement de régime. Peu
lui importe que le droit international, par ces actions, soit bafoué.
Il suffit que Washington lui dicte le rôle
qu’il attend de lui pour qu’il s’y applique, comme il le fait actuellement au
sein de l’OEA, au détriment des
règles qui régissent cet organisme régional. Une de ces règles est la non-intervention
dans les affaires internes d’un pays membre sans que ce dernier en donne son
accord. Or, on discute du Venezuela et de la manière d’y justifier une
intervention sans l’autorisation du Venezuela. Ce comportement va à l’encontre
de la Charte des Nations Unies et de l’OEA. Ce n’est pas parce que cette
dernière est prise en otage par Washington que ses règles et statuts en sont
modifiés.
« Article 1
Les Etats américains
consacrent dans cette Charte l'Organisation internationale qu'ils ont établie
en vue de parvenir à un ordre de paix et de justice, de maintenir leur
solidarité, de renforcer leur collaboration et de défendre leur souveraineté,
leur intégrité territoriale et leur indépendance. Dans le cadre des Nations Unies, l'Organisation des Etats Américains
constitue un organisme régional.
L'Organisation des
Etats Américains n'a d'autres facultés que celles que lui confère expressément
la présente Charte dont aucune
disposition ne l'autorise à intervenir dans des questions relevant de la
juridiction interne des Etats membres.
Il est urgent que les partis politiques,
présents au Parlement canadien, interpellent le comportement et les engagements
du gouvernement canadien dans cette saga visant l’invasion et le renversement
du gouvernement vénézuélien. Seules les Nations Unies ont le pouvoir
d’évaluer la pertinence ou non d’une intervention et d’en préciser les acteurs et les
modalités. Il faut que le Conseil de sécurité se prononce et qu’il en marque
les règles si une intervention s’impose. Il n’appartient ni à Washington ni à
l’OEA d’en décider. La Charte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est
sous protections des Nations Unies.
Il importe que l’information véhiculée
retrouve l’objectivité des faits. Il y a présentement au Venezuela des
mercenaires payés et formés pour créer le chaos, de la même manière qu’il y en
eut en Ukraine, en Libye et en Syrie. Ce sont, pour un certain nombre, des mercenaires
terroristes au sens réel du terme. Tuer, blesser, démolir font partie de leur
formation. En ne dénonçant pas ces
formes de terrorisme, le Canada en devient complice. Il y a plus de 50 des
morts identifiés qui sont victimes de ces terroristes. Plus de mil blessés se
retrouvent en traitement dans des hôpitaux. Des millions de dommages aux
édifices publics, des autobus détruits. Le Canada, le Québec ont déjà connu de
ces groupes et ils n’ont pas hésité à utiliser les grands moyens. Qu’on se
rappelle des mesures de guerre appliquées au Québec dans les années 1970 et les
moyens déployés pour réprimer les étudiants en colère en 2014. Le gouvernement vénézuélien fait preuve d’une
grande retenue pour éviter justement qu’il y ait plus de morts.
Soit que le Canada s’affirme comme un État
souverain et indépendant et qu’il en appelle au peuple dans l’élaboration de
ses politiques nationales et internationales ou soit qu’il en appelle à
Washington. Dans ce dernier cas, aussi bien mettre à nue toute cette mascarade
d’un pays démocratique, indépendant et souverain, si de fait, le maître du jeu
demeure Washington.
Je pense que le peuple canadien est pour
le respect des droits des peuples et des personnes et qu’il s’en remet aux
Nations Unies pour qu’il en soit ainsi à l’endroit de tous les pays du monde. Les représentants du
peuple canadien ne peuvent agir que dans
cette ligne. Qu’on mette fin à l’hypocrisie et à la tricherie. Tous
les jours, je prends les nouvelles du Venezuela en allant sur le site www.telesurtv.net qui nous donne une image
bien différente de celle qui nous arrive de France presse ou de tout autre
média lié aux intérêts de l’Empire.
Nous avons de quoi regretter le Canada du
temps de Lester B. Pearson qui sut inspirer le respect du Canada sur la scène
internationale. Aujourd’hui, le Canada est aux ordres de Washington comme le
sont les vassaux à leur maitre.
Oscar Fortin
Le 1er juin 2017
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