« Lc 12 33 Vendez
vos biens et donnez l'argent aux pauvres. Munissez-vous de bourses qui ne
s'usent pas, amassez-vous des richesses dans les cieux, où elles ne
disparaîtront jamais : les voleurs ne peuvent pas les y atteindre ni les
vers les détruire. »
Voilà bien le
message donné par celui sans lequel n’existerait aucune église chrétienne.
Toutes se réclament de ce Jésus de Nazareth, auteur, selon l’évangéliste Luc,
de cette consigne relative à la richesse. Un rappel incontestable que le
royaume qu’il inaugure ne saurait reposer sur les richesses temporelles, mais
sur celles qui naissent de l’intériorité et ouvrent sur des richesses de
solidarité, de fraternité, d’amour, transcendant ainsi les dimensions
matérielles.
Parler du
Vatican, c’est parler d’un État et du Pape qui en est le chef. C’est parler
également des cardinaux qui y résident et des nonciatures apostoliques qui en
assurent la représentation dans les pays du monde. Il est le centre mondial de
la foi catholique qui définit la doctrine et la morale. Plus que tout, son
chef, le Pape, se présente comme le représentant direct de ce Jésus de Nazareth
sur terre. Son autorité est identifiée, non pas à celle de Pierre dont il est
le successeur, mais à celle de Jésus. D’ailleurs, la représentation artistique
de ce Jésus ressuscité est placée juste à l’arrière du Pape lorsqu’il donne sa
bénédiction aux pèlerins. Il ne s’agit pas d’une peinture de l’apôtre Pierre,
mais de celui qui en est le maître.
Ce n’est pas
d’aujourd’hui que le Vatican est associé à l’argent, non pas pour en écarter le
monde, comme le suggèrent les Évangiles, mais pour en être un artisan
important. Nous connaissons tous les scandales qui ont entouré et entourent
toujours la banque du Vatican.
Le dernier en
liste est celui de l’achat de biens immobiliers, sous le couvert de prête-noms,
avec l’argent obtenu de Mussolini en échange de la reconnaissance papale du
régime fasciste.
« Le Vatican a acheté des biens immobiliers au
Royaume-Uni, en France et en Suisse grâce à l'argent du régime de Mussolini,
écrit mardi le journal britannique Guardian.
Ainsi, selon le quotidien, le Saint-Siège possède, via un
réseau de sociétés fictives, des immeubles de bureaux sur la place Saint-James
à Londres, acquis en 2006 pour un montant total de 15 millions de livres, soit
23,8 millions de dollars. Ces sites sont gérés par la société suisse Profima SA
détenue par le Vatican, soupçonnée dans les années 1940 d'avoir été impliquée "dans des opérations contraires aux
intérêts des Alliés".
D'après les informations obtenues par le Guardian, les
biens en question ont été achetés par le Vatican avec l'argent reçu de
Mussolini en échange de la reconnaissance papale du régime fasciste italien en
1929. Selon le journal, les investissements des fonds versés par les fascistes
ont rapporté près de 800 millions de dollars au Saint-Siège à ce jour. »
LÀ OÙ EST LE SCANDALE
S’il ne
s’agissait pas d’une institution qui a comme charte fondamentale les Évangiles
et comme fondement la personne du Nazaréen, l’évènement, en lui-même, n’aurait
pas de quoi scandaliser. Le monde des investisseurs et celui des spéculateurs
le font quotidiennement sans que nous en fassions un scandale.
Dans le cas
présent, l’opération est soutenue par ceux-là mêmes qui ont pour mission de
mettre en garde le monde contre l’emprise des richesses matérielles et de
rappeler l’importance de la foi au Père qui saura, en son temps, répondre
aux besoins quotidiens de chacun.
« Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi
vous le vêtirez. Car la vie est plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement… Aussi bien, cherchez son Royaume, et
cela vous sera donné par surcroît. » Luc 12, 22-23-31)
Il est difficile de concevoir comment
ceux qui habitent et dirigent le Vatican peuvent se regarder dans le miroir de
l’Évangile et y reconnaître les authentiques disciples et messagers de Jésus de Nazareth. Comment peuvent-ils avoir quelque crédibilité que ce soit lorsqu’ils s’adressent aux pauvres et aux humbles de la terre ? Comment peuvent-ils prêcher le détachement des biens matériels et la vanité des apparats lorsqu’ils en sont revêtus ?
Un vieil évêque catalan (84 ans), Pere
Casaldàliga, passa sa vie
au Brésil avec les pauvres, partageant leur mode de vie, leur
quotidien et leurs luttes pour la justice et le bien-vivre. Considéré comme l’évêque de la théologie de libération, il fut appelé à Rome à quelques reprises pour y être scruté par les responsables de la doctrine de la foi, dont
Joseph Ratzinger, alors préfet de cette doctrine. Il raconte qu’à un moment donné il invita ces savants personnages qui le questionnaient à réciter avec lui un Notre Père pour la conversion de l’Église. Selon ses propos, Ratzinger lui
aurait répondu par un sourire ajoutant sous forme interrogative « pour la conversion de l’Église ? »
Toujours est-il que sa plus récente déclaration est que la réforme de l’Église doit commencer par la suppression du Vatican comme État et que le pape devrait cesser d’en être le chef.
Étant moi-même croyant en ce Jésus de Nazareth, ma foi ne saurait se
reconnaître dans ces personnages en qui tout sonne faux. Quelque
part, il y manque le ferment de cet Évangile et la foi qui va avec. Si ces
objectifs sont vrais pour tout croyant, ils le sont encore davantage pour ceux
qui s’en font les promoteurs.
Oscar Fortin
Québec, le 25 janvier 2013
http://humanisme.blogspot.com
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