mardi 15 janvier 2013

L’INDÉPENDANCE SANS PROJET DE SOCIÉTÉ EST UNE ABSTRACTION





Nous vivons dans un monde réel qui nous interpelle comme société. Parler d’indépendance sans l’inscrire dans un projet de société, c’est en faire une abstraction.

La grande majorité des pays de l’Amérique latine ont conquis leur indépendance dans la seconde moitié du 19e siècle sans l’inscrire dans un projet de société et ç’a donné des pays occupés et exploités, sans pouvoir sur leur propre destin.  Aujourd’hui, ils sont de nouveau à la reconquête de leur indépendance, mais cette fois avec un projet de société qui saura les protéger des intrus, des prédateurs et qui assurera un véritable pouvoir du peuple sur son destin. Ceux qui les ont dominés et continuent de les dominer ne lâcheront pas prise tant et aussi longtemps que les peuples ne les mettront pas à leur véritable place.

Il en fut de même pour plusieurs pays d’Afrique qui ont conquis leur indépendance dans la seconde moitié du vingtième siècle. Ils se sont donné un drapeau tout en continuant d’être des colonies entre les mains de leurs anciens colonisateurs. Aujourd’hui, ils doivent, eux aussi, reprendre la lutte pour conquérir, cette fois, leur véritable indépendance. Les guerres qui se succèdent en témoignent.

Il faut, je pense, tirer des leçons de l’histoire de ces indépendances non enracinées dans des projets de société. Il ne suffit pas de parler de gauche ou de droite, mais des responsabilités et des fonctions d’un véritable État indépendant et démocratique.

Que l’on soit de gauche ou de droite, force est de reconnaître la responsabilité première de l’État en ce qui a trait aux exigences du bien commun de la société. Il lui incombe d’en identifier les principaux éléments et d’assurer la gestion de l’ensemble des biens de la société pour répondre à ces priorités. Les individus, les groupes, les corporations, les entreprises, les églises, tout en participant à la réalisation de ce bien commun, ne sauraient se substituer à l’État et au peuple pour en décider la nature et la pertinence.

Il en va de même pour la démocratie. Que l’on soit de gauche ou de droite, la démocratie est essentiellement le pouvoir du peuple qui doit trouver sa véritable place dans l’État et être constamment en mesure de s’exprimer sur son devenir. Trop d’exemples d’usurpation de ce pouvoir du peuple à des fins autres qu’à celles de ses propres intérêts obligent la gauche comme la droite à protéger ce pouvoir de tous ces intrus qui cherchent à s’en emparer pour en faire un outil privilégié aux services premiers de leurs intérêts individuels et corporatifs.

La bonne conscience et les bonnes intentions tant de la gauche que de la droite devraient trouver leur expression dans la volonté d’inscrire le projet de société dans une constitution, à l’image du peuple, voulue et votée par lui. Une société démocratique est une société qui s’assume et elle ne saurait s’assumer sans qu’elle dise ce qu’elle est et ce qu’elle veut.

La gauche tout comme la droite ne peuvent se soustraire à ces trois références fondamentales qui donnent à un peuple une épine dorsale : un État responsable du bien commun de la société, une démocratie qui assure la pleine participation du peuple à l’exercice du pouvoir de l’État et une constitution qui en consacre toutes les prérogatives et le protège contre les usurpateurs et les prédateurs.

Le débat sur l’indépendance ne doit pas porter sur l’idéologie de la gauche ou de la droite, mais sur le rôle de l’État par rapport au bien commun et de la démocratie par rapport au peuple. L’indépendance au service d’un État responsable et d’une démocratie authentique devient un véritable projet pour lequel il vaut la peine de se battre.


Oscar Fortin
Québec, le 15 janvier 2013


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