UNION DE L’ÉGLISE ET DE L’OPPOSITION
Depuis un certain
temps, l’opposition vénézuélienne fait du 10 janvier, date de l’assermentation
du Président, la date boutoir pour décider de l’avenir constitutionnel de
Chavez comme Président du pays. Selon cette dernière, son absence
créerait un vide de pouvoir qui devrait être automatiquement comblé par le
Président de l’Assemblée nationale à qui correspondrait de convoquer le peuple,
dans les 30 jours, à de nouvelles élections présidentielles. Une sortie
« constitutionnelle » de Chavez de ses fonctions politiques, une
aubaine pour ses adversaires.
Cette interprétation
que donne l’opposition de la Constitution trouve, dans la hiérarchie catholique
vénézuélienne, une alliée fidèle, qui réclame, elle aussi, le respect le plus complet
de la Constitution.
« L'Église
vénézuélienne a même jugé lundi "moralement inacceptable"
d'enfreindre la Constitution en reportant l'investiture pour "réaliser un
objectif politique", prenant ainsi position en faveur de
l'opposition. »
« Elle s'est
également émue du doute ainsi entretenu sur l’état de santé de Chavez. Si on
s'éloigne de la Constitution, "on s'éloigne aussi de l'institution et on
tombe dans la lutte pour des parcelles de pouvoir, dans la violence, dans
l'anarchie et la non-gouvernabilité, a averti lundi Mgr Diego Padron, président
de la Commission épiscopale vénézuélienne (CEV). »
Même notre
Radio-Canada, avec son grand spécialiste, Jean Michel Leprince a abondé et défendu
la position de l’Église et de l’opposition en donnant une petite leçon sur
cette constitution, écrite, selon lui, par Chavez. Vous pouvez, ici,
en saisir tout le professionnalisme journalistique.
Plus tôt mardi,
l'opposition avait pris la communauté internationale à témoin en alertant, dans
une lettre, l'Organisation des États américains (OEA) d'un risque de
"violation de l'ordre constitutionnel" si Hugo Chavez, réélu en octobre,
venait à ne pas se présenter jeudi
« Si la
prestation de serment du président n'a pas lieu le 10 janvier et si on n'active
pas les dispositions constitutionnelles relatives à la défaillance provisoire
du Président de la République, on aura commis une grave violation de l'ordre
constitutionnel du Venezuela, qui affectera l'essence de la démocratie", a
écrit dans sa lettre la coalition de l'opposition vénézuélienne, la Table de
l'unité démocratique. »
Pour donner encore
plus de crédibilité à toutes ces pressions, le
chef de file de l'opposition vénézuélienne, Henrique Capriles, a demandé mardi au plus haut tribunal du pays, le
Tribunal suprême de justice (TSJ), de «se prononcer» sur la crise
institutionnelle à l’effet que si le président Hugo Chavez, hospitalisé à Cuba
depuis près de quatre semaines, ne se présente pas à sa prestation de serment
prévue jeudi.
Il faut dire que le Tribunal
suprême de Justice est la plus haute instance judiciaire et sommet du
Pouvoir judiciaire au Venezuela.
Il remplaça, en 1999, la Cour Suprême de Justice. Il est présidé par la
Magistrate Luisa Estella Morales
Dès mardi soir, le
TSJ a pris en délibération cette requête et a rendu sa décision, mercredi, le 9
janvier dans l’après-midi.
Dans sa décision, amplement documentée, le Tribunal
suprême de justice tranche en faveur de la position
gouvernementale en décrétant que Hugo Chavez, hospitalisé depuis un mois à
Cuba, pourra prêter serment après la date du 10 janvier prévue par la
Constitution.
« En
outre, les sept juges de la chambre constitutionnelle du TSJ ont décidé qu'en
vertu "du principe de la continuité administrative", le gouvernement
et le vice-président Nicolas Maduro - à qui le président a délégué une partie
de ses pouvoirs - resteraient en fonctions jusqu'à ce que Hugo Chavez soit en
mesure d'être investi, a annoncé devant la presse la présidente du TSJ Luisa
Estella Morales. »
Le Tribunal a bien
établi le fait que l’absence actuelle du Président n’est pas assimilable à une
absence partielle ou absolue telle que définie par la Constitution. Son absence
répond à une autorisation formelle de l’Assemblée nationale pour une opération
chirurgicale à Cuba contre un cancer. Il est actuellement en récupération et,
lorsque les conditions s’y prêteront, il sera assermenté devant le Tribunal
suprême de justice. Il importe de préciser qu’une absence partielle doit
répondre à une demande expresse du Président au plus haut tribunal du pays. Ce
n’est évidemment pas le cas présentement.
Aujourd’hui, 10 de
janvier, ce sont des centaines de milliers de Vénézuéliens et Vénézuéliennes
qui sont présents (tes) dans les rues de Caracas. Les cris et les écrits qui se
laissent entendre et voir se ramènent pour l’essentiel « Au Venezuela
c’est le peuple qui décide » « Je suis Chavez », « nous
sommes tous Chavez » « À travers le serment du peuple c’est Chavez
qui s’assermente ». Un moment magique et émouvant à voir. Un peuple
toujours plus mature et uni derrière un projet de société et un leader en qui
il se reconnait.
CONCLUSION
La cupule ecclésiale
et l’opposition officielle, si attachées au respect de la Constitution, sont
présentement sollicitées pour appuyer et défendre cette Constitution telle
qu’interprétée par le plus haut tribunal du pays. Une interprétation qui
s’assimile à l’autorité même de cette Constitution.
Que dira notre grand
journaliste de Radio-Canada, Jean Michel Leprince, au sujet de cette décision
du Tribunal suprême de justice et de cette manifestation monstre du peuple
vénézuélien ? Va-t-il de nouveau sortir de sa poche cette Constitution et
dire qu’il faut en suivre l’esprit et la lettre et que le peuple est toujours
là pour la défendre?
Oscar Fortin
Québec, le 10
janvier 2013
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