L’ÉGLISE TELLE QU’IL LA VOIT ET TELLE QU’IL LA SOUHAITE
Aussi
curieux que cela puisse paraitre, c’est ce qui vient de se passer avec la
récente intervention du cardinal Jaime Ortega, à son retour de Rome à la Havane.
Lors de son homélie du dimanche des Rameaux, il révéla, avec le consentement de
son auteur, les paroles du cardinal Jorge Mario Bergolio adressées aux membres
de la congrégation des cardinaux réunis dans le cadre de leur préparation au
Conclave.
Il raconte
qu’ayant été impressionné par l’intervention du cardinal Bergoglio, il alla le
voir après sa conférence pour lui demander s’il pouvait avoir une copie du
texte de cette dernière. C’était impossible qu’il le fasse étant donné qu’il
avait improvisé du début à la fin. Toutefois, le lendemain matin, le cardinal
Ortega fut heureusement surpris de recevoir des mains du cardinal Bergoglio un
texte manuscrit résumant en quatre points son intervention. C’est de ce texte dont
il va parler.
«Permettez-moi
de vous révéler la presque totalité du contenu de cette pensée du pape François
sur la mission de l’Église.
1.
Le
premier de ces points porte sur l’évangélisation et exprime la nécessité pour l’Église
de sortir d’elle-même et d’aller aux périphéries, non seulement géographiques,
mais aussi existentielles, manifestées, entre autres, dans le mystère du péché,
de la douleur, de l’injustice et de l’ignorance.
2.
Le
point deux signale une critique à une Église “autoréférentielle”, qui se
regarde elle-même dans une sorte de “narcissisme théologique”, la séparant du
monde tout en prétendant détenir Jésus Christ à l’intérieur d’elle-même, sans toutefois
l’en laisser sortir.
3.
Il
résulte de cela deux images de l’Église : la première est “l’église
évangélisatrice qui sort de soi” et la seconde est “l’Église mondaine qui vit
en soi, de soi et pour soi. C’est cette prise de conscience de ces deux églises
qui doit éclairer les possibles changements et les réformes à faire dans
l’Église.
4.
Celui
qui aura à prendre le siège de Pierre devra être un homme qui, à partir de la contemplation
de Jésus-Christ, aide l’Église à sortir d’elle-même pour aller vers les
périphéries existentielles.
Nous
aurons tous compris que l’Église
mondaine est celle qui s’identifie à cette institution ecclésiale, édifiée
à l’image des empires. Elle s’est construite à travers les siècles en
consolidant son pouvoir et sa manière d’être sur des doctrines faites sur
mesure pour la justifier et sur des cultes qui en font des dieux et des
demi-dieux aux pouvoirs spirituels et matériels infinis. Une Église, en somme,
où les apôtres et disciples de Jésus sont devenus des acteurs aux fonctions hiérarchiques
autoritaires, dogmatiques et aux us et coutumes à l’opposé des consignes
données par Jésus à ses disciples.
Nous
aurons également compris que l’Église évangélisatrice
est celle qui est déjà à la périphérie de ce qui se vit dans le monde, surtout
des pauvres, des laissés pour compte, des rejetés des sociétés bien nanties.
Nous aurons reconnu l’Église des pauvres, des malades, des victimes de
l’injustice, du mensonge, de l’hypocrisie, de la corruption et de la cupidité.
Nous y aurons également reconnu les signes avant-coureurs, présents dans
Vatican II, dans l’encyclique de Jean XXIII, Paix sur Terre, dont le
cinquantième anniversaire de sa publication sera signalé le 11 avril prochain,
dans les documents de la conférence épiscopale latino-américaine (CELAM) à Medellín,
en 1968. Ce sont là des signes qui ont alimenté la réflexion sur la théologie
de libération et le développement des communautés de base en Amérique latine,
véritables obsessions pour Washington et pour les papes qui en furent ses
alliés.
Ce
rapprochement de l’Église de la périphérie des pauvres, des problèmes qui en font
d’éternels pauvres, n’était pas de nature à rassurer les dirigeants de la
Maison-Blanche. Déjà en 1968, Rockefeller, dans son rapport à Nixon sur
l’Amérique latine, relevait l’émergence de ce nouveau courant de pensée et
d’action de l’Église populaire. Reagan a eu en Jean-Paul II et Benoit xvi des alliés convaincants pour combattre
cette tendance, tout particulièrement en Amérique latine.
Qu’en
serait-il maintenant avec ce François, s’il décidait d’aller au-delà d’une
simple proximité avec les pauvres et de devenir un allié des pauvres, avec les
pauvres pour un autre monde porteur d’un avenir de justice et de paix?
Dans
les semaines et les mois qui viennent, nous verrons bien les pas que fera notre
François. Si la Curie romaine, l’Opus Dei, les chevaliers de Malte se mettent à
crier au scandale et à la perte du sens du sacré, ce sera un bon indice qu’il
aura pris la bonne voie. Plus encore, si Washington manifeste de la nervosité
et de l’inquiétude, alors là, il faudra dire que François a pris Jésus de
Nazareth pour seul guide et que sa vie est désormais placée entre ses mains. Ni
Washington, ni l’OTAN, ni la mascarade des Nations Unies n’auront raison de
lui. Ils pourront le tuer, mais ils ne pourront pas en changer la direction.
Oscar
Fortin
Québec,
le 3 avril, 2013
2 commentaires:
Je suis une ex-catholique écoeurée du conditionnement, véritable lavage de cerveau, que m'a fait subir cette institution criminelle qui a dénaturé le message du Christ. Pourtant durant quelques jours j'ai pensé que peut-être François 1er allait transformer cette Eglise en commençant comme cet aumônier Zabelka par demander pardon pour les siècles de violence dont l'Eglise catholique s'est rendue coupable jusqu'à bénir les bombardiers qui allaient semer la mort sur le Japon en 1945. Mais au lieu de cet acte courageux et humble, le pape a affirmé dans un discours aux journalistes que l'Eglise était guidée par Jésus-Christ et le Saint-Esprit! Que l'Eglise était sainte et son peuple saint également!!Au fait, lui qui prétend suivre l'exemple de François d'Assise va-t-il retirer du catéchisme se paragraphe, combien révoltant, à savoir que l'on peut manger des animaux, s'en vêtir et pratiquer cet horrible crime qu'est l'expérimentation animale? En tout cas jusqu'à présent à Rome ce n'est pas le Saint-Siège mais le Saint-piège! Un livre que je vous conseille de lire...ainsi que mon livre paru sur internet aux éditions Edilivre: "Parcours d'une révolutionnaire"
J'aimerais vous conseiller aussi de lire certains écrits de cet ex-prêtre courageux, condamné plusieurs fois par son ex-Eglise pour avoir refusé son service militaire! Puis pour avoir osé mettre certains dogmes en doute, pour avoir pris faits et causes pour des fidèles divorcés...je veux citer ce théologien que j'admire beaucoup: Eugène Drewermann. Un autre personnage que j'ai découvert et qui est devenu une référence pour moi, c'est Krishnamurti: "La Vérité est un pays sans chemin!"
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