Donald Trump, suite au décès de Fidel Castro, y
est allé d’une déclaration,
faisant de ce dernier un dictateur brutal qui a opprimé son peuple et, du même
souffle, s’est déclaré disposé à tout faire pour contribuer à la liberté du
peuple cubain. Par cette déclaration, il démontre que sa connaissance de
l’histoire de la Révolution cubaine repose avant tout sur le formatage véhiculé
par une presse qui cadre avant tout avec les grands objectifs qui sont à la
base de l’embargo économique, politique et social qui dure depuis plus de 56
ans.
Pour comprendre Fidel Castro et les luttes de la
Révolution cubaine, il faut prendre en compte cet
embargo qui lui fut imposé, depuis plus
de 54 ans, par tous les présidents des États-Unis, allant de Dwight Eisenhower
à Obama. Cet embargo constitue une entrave majeure à la souveraineté du peuple
cubain et à sa liberté de promouvoir le développement économique qui réponde à
ses aspirations. Si le futur président des États-Unis veut vraiment tout faire
pour contribuer à la liberté du peuple cubain, il devra commencer par mettre
fin à cet embargo dès sa prise en charge de la Présidence, et à dédommager ce
peuple des dommages économiques qui en ont résulté. Voici en quoi consiste cet
embargo.
« Le 6 avril 1960, Lester D. Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires
interaméricaines affirma que “la majorité des Cubains soutenait Castro” et
qu’il “n’existait pas une opposition politique effective”, en ajoutant que “le
seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passait par le
désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les
difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba
doit être utilisé rapidement (…) : refuser de faire crédit et
d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le
but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement.”
La mise en place de cet embargo s’est
faite de façon dictatoriale de la part des dirigeants étasuniens sans aucune
consultation du peuple et en totale violation du droit international. Parler de
Castro comme d’un dictateur sans parler de la dictature de l’Empire qui se
donne tous les droits sur les peuples, ça sonne plutôt faux. Qu’on pense à
toutes ces interventions antidémocratiques en Amérique latine et ailleurs dans
le monde pour y imposer la dictature de ses intérêts sans passer par les
instances des Nations Unies pour y résoudre les litiges.
Fidel Castro et le peuple
cubain ont pu survivre aux attaques militaires de la Baie des Cochons, à
l’embargo économique et à toutes ces activités clandestines, dirigées par la
CIA et des médias de propagande en vue de discréditer le régime et de provoquer
des soulèvements.
Si Donald Trump a fait
référence, à maintes reprises, lors de sa campagne électorale, qu’il
n’appartenait pas aux États-Unis de résoudre les problèmes des autres pays, il
aura une occasion en or de laisser au peuple cubain la responsabilité de
résoudre ses propres problèmes sans les irritants d’un embargo qui fait tout
pour qu’il ne puisse y arriver. Le jour où le peuple cubain et ses dirigeants
n’auront plus ces forces occultes qui cherchent par tous les moyens à provoquer
le désenchantement et le découragement
basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques, le monde pourra
alors découvrir ce que ce peuple peut faire de ses ressources et de ses
solidarités.
Si M. Trump
donne suite à son intention
de s’occuper, d’abord et avant tout, des problèmes de son propre pays, laissant
aux autres de résoudre leurs propres problèmes, il rendra un grand service à
l’humanité et à de nombreux peuples de la terre.
« 7)
Enfin, Trump estime qu’avec son énorme dette souveraine, l’Amérique n’a plus
les moyens d’une politique étrangère interventionniste tous azimuts. Elle n’a
plus vocation à garantir la paix à n’importe quel prix. Contrairement à
plusieurs responsables de son parti, et tirant les leçons de la fin de la
guerre froide, il veut changer l’OTAN : « Il n’y aura plus
– affirme-t-il – de garantie d’une protection automatique
des Etats-Unis envers les pays membres de l’OTAN. »
Avec Cuba,
s’il veut libérer le peuple, qu’il mette fin à toutes ces entraves qui lui
rendent la vie impossible. Qu’il mette un terme, une fois pour toutes, à tous
ces irritants au développement économique de Cuba et de son peuple.
Sachant le
peuple des États-Unis particulièrement croyant et proche de la foi hébraïque et
chrétienne, je me permets de terminer avec ce passage du prophète Isaïe qui ne saurait les laisser indifférents.
“Malheur
à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu’à ce
qu’il n’y ait plus d’espace, et qu’ils habitent seuls au milieu du pays !
Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les
ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en
douceur, et la douceur en amertume ;
Qui justifient le coupable pour un présent, et enlèvent aux innocents leurs
droits ! Malheur à ceux qui prononcent
des ordonnances iniques, et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes pour
refuser justice aux pauvres, et ravir leur droit aux malheureux de mon peuple,
pour faire des veuves leur proie, et des orphelins leur butin !
” (Is.5-10)
Je
pense que cette déclaration d’Isaïe garde encore toute son actualité et que
beaucoup d’éléments de son contenu rejoignent les grands principes de la Révolution
cubaine.
Oscar
Fortin
Le 27
novembre 2016
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