Comment ne pas se soumettre à un sérieux examen de conscience sur les véritables motifs qui alimentent la foi que nous confessons, la religion que nous défendons et les engagements que nous prenons ? Sommes-nous les marionnettes d’une culture religieuse marquée par la moralité d’une époque ou plutôt les prophètes qui font tomber les masques de l’hypocrisie, de la manipulation et du mensonge pour mettre en évidence l’avènement de l’homme nouveau? Sommes-nous plus préoccupés par les attitudes humaines à prendre face à l’isolement et au rejet des laissés pour compte de la société humaine que par la moralité de certains comportements liés le plus souvent à des valeurs culturelles d’une époque ou d’une civilisation? Sommes-nous les apôtres de la foi qui sauve ou de la religion qui asphyxie ?
Il ne suffit pas de dire « je crois en Dieu » pour être porteur de la foi qui sauve. L’apôtre Jacques ne dit-il pas que « même les démons croient en Dieu » (Jc. 2,19) et pourtant ils n’en sont pas moins des ennemis de la « foi qui sauve ». Ne sommes-nous pas victimes de cette tendance à ramener « la foi qui sauve » à des pratiques liturgiques et à une morale religieuse qui sont, plus souvent que moins, fonctions d’une vision statique de l’homme et de la société ? Dans pareille situation le culte liturgique devient vite la pratique de la foi et la moralité, l’action qui lui assure force de salut. Ainsi, selon les sociétés et les cultures, les cultes varieront et la moralité prendra les accents de ces dernières. Lors des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis nous avons bien vu le rôle déterminant joué par la religion chrétienne et les valeurs qu’elle véhicule. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-385757,0.html, http://www.topchretien.com/topinfo/affiche_info_v2.php?Id=7380
Or la « foi qui sauve » ne peut pas se ramener à des pratiques religieuses, telles des cultes ou des liturgies, pas plus qu’elle ne peut être absorbée par quelque morale que ce soit. La foi, « don de Dieu », ne répond pas d’abord à une morale pas plus qu’elle ne commande en tout premier lieu une liturgie. Elle touche avant tout l’être dans ses profondeurs d’existence pour en faire un être nouveau en qui « le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas. » (Amos 5:24)
Il est inquiétant de constater jusqu’à quel point la « foi qui sauve » a été transformée en culte liturgique et en moralité. Il y a les rencontres liturgiques du dimanche, la pratique des sacrements et les campagnes de mobilisation au nom de la foi contre l’avortement, la contraception, l’homosexualité, le mariage gai et la laïcisation des institutions publiques. Bon nombre de ceux qui se font les apôtres de la justification par la foi seule n’hésitent pourtant pas à condamner à la géhenne éternelle ceux et celles qui se font les défenseurs de ces « tares », comme si leur justification ou leur condamnation ne dépendait plus de leur foi, mais de leurs prises de position face à ces dernières. Par contre et aussi curieusement que cela puisse paraître, ce sont souvent ces mêmes personnes, condamnant la contraception et se portant à la défense de la vie, qui justifient les guerres meurtrières pour des dizaines de milliers de civils, hommes, femmes et enfants, et qui se font complices du partage arbitraire du monde en bons et en méchants. Ce sont également elles qui, bien souvent, cautionnent la prédominance des intérêts corporatifs et nationaux des puissants sans prendre en compte les conséquences de cette domination sur les plus faibles et les plus démunis. S’ils se font discrets sur la moralité de politiques qui bafouent le droit international et imposent des conditions qui créent la dépendance et la pauvreté, ils deviennent vite actifs et militants lorsqu’il s’agit de politiques portant sur le sexe, la moralité individuelle et la laïcisation des institutions publiques.
Pourtant les références bibliques ne manquent pas pour rappeler que la « foi qui sauve » est celle qui ouvre sur les autres et produit des fruits de justice, de vérité, de miséricorde et de service. L’apôtre Jean n’écrit-il pas « Si quelqu’un dit : -J’aime Dieu- et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. . Celui qui ne peut pas aimer son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1Jn. 4,20) L’apôtre Jacques en ajoute en disant : « Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit » sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon? De même la foi qui n’aurait pas d’œuvre est morte dans son isolement. » (Jc. 4,15) Et comment ne pas revenir sur ce passage que relate l’évangéliste Mathieu sur le jugement dernier. Les questions du jugement ne portent pas sur la moralité sexuelle pas plus que sur les pratiques religieuses. Elles portent toutes sur les comportements adoptés devant des situations humaines de dépendance, d’isolement et de privation.
« Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux de droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. " Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir ?"Et le Roi leur fera cette réponse : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. " Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. " Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?" Alors il leur répondra : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. " Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle. " » (Mt. 25,33-46)
Les apôtres de la « foi qui sauve » se doivent de regarder dans quel monde nous vivons afin d’y reconnaître les vrais combats à y livrer. Jésus de Nazareth en a tracé la voie par le témoignage de sa vie au service de l’humanité entière.
Oscar Fortin
05-11-04
Il ne suffit pas de dire « je crois en Dieu » pour être porteur de la foi qui sauve. L’apôtre Jacques ne dit-il pas que « même les démons croient en Dieu » (Jc. 2,19) et pourtant ils n’en sont pas moins des ennemis de la « foi qui sauve ». Ne sommes-nous pas victimes de cette tendance à ramener « la foi qui sauve » à des pratiques liturgiques et à une morale religieuse qui sont, plus souvent que moins, fonctions d’une vision statique de l’homme et de la société ? Dans pareille situation le culte liturgique devient vite la pratique de la foi et la moralité, l’action qui lui assure force de salut. Ainsi, selon les sociétés et les cultures, les cultes varieront et la moralité prendra les accents de ces dernières. Lors des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis nous avons bien vu le rôle déterminant joué par la religion chrétienne et les valeurs qu’elle véhicule. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-385757,0.html, http://www.topchretien.com/topinfo/affiche_info_v2.php?Id=7380
Or la « foi qui sauve » ne peut pas se ramener à des pratiques religieuses, telles des cultes ou des liturgies, pas plus qu’elle ne peut être absorbée par quelque morale que ce soit. La foi, « don de Dieu », ne répond pas d’abord à une morale pas plus qu’elle ne commande en tout premier lieu une liturgie. Elle touche avant tout l’être dans ses profondeurs d’existence pour en faire un être nouveau en qui « le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas. » (Amos 5:24)
Il est inquiétant de constater jusqu’à quel point la « foi qui sauve » a été transformée en culte liturgique et en moralité. Il y a les rencontres liturgiques du dimanche, la pratique des sacrements et les campagnes de mobilisation au nom de la foi contre l’avortement, la contraception, l’homosexualité, le mariage gai et la laïcisation des institutions publiques. Bon nombre de ceux qui se font les apôtres de la justification par la foi seule n’hésitent pourtant pas à condamner à la géhenne éternelle ceux et celles qui se font les défenseurs de ces « tares », comme si leur justification ou leur condamnation ne dépendait plus de leur foi, mais de leurs prises de position face à ces dernières. Par contre et aussi curieusement que cela puisse paraître, ce sont souvent ces mêmes personnes, condamnant la contraception et se portant à la défense de la vie, qui justifient les guerres meurtrières pour des dizaines de milliers de civils, hommes, femmes et enfants, et qui se font complices du partage arbitraire du monde en bons et en méchants. Ce sont également elles qui, bien souvent, cautionnent la prédominance des intérêts corporatifs et nationaux des puissants sans prendre en compte les conséquences de cette domination sur les plus faibles et les plus démunis. S’ils se font discrets sur la moralité de politiques qui bafouent le droit international et imposent des conditions qui créent la dépendance et la pauvreté, ils deviennent vite actifs et militants lorsqu’il s’agit de politiques portant sur le sexe, la moralité individuelle et la laïcisation des institutions publiques.
Pourtant les références bibliques ne manquent pas pour rappeler que la « foi qui sauve » est celle qui ouvre sur les autres et produit des fruits de justice, de vérité, de miséricorde et de service. L’apôtre Jean n’écrit-il pas « Si quelqu’un dit : -J’aime Dieu- et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. . Celui qui ne peut pas aimer son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1Jn. 4,20) L’apôtre Jacques en ajoute en disant : « Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit » sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon? De même la foi qui n’aurait pas d’œuvre est morte dans son isolement. » (Jc. 4,15) Et comment ne pas revenir sur ce passage que relate l’évangéliste Mathieu sur le jugement dernier. Les questions du jugement ne portent pas sur la moralité sexuelle pas plus que sur les pratiques religieuses. Elles portent toutes sur les comportements adoptés devant des situations humaines de dépendance, d’isolement et de privation.
« Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux de droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. " Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir ?"Et le Roi leur fera cette réponse : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. " Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. " Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?" Alors il leur répondra : "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. " Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle. " » (Mt. 25,33-46)
Les apôtres de la « foi qui sauve » se doivent de regarder dans quel monde nous vivons afin d’y reconnaître les vrais combats à y livrer. Jésus de Nazareth en a tracé la voie par le témoignage de sa vie au service de l’humanité entière.
Oscar Fortin
05-11-04
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