Eh bien oui, le cardinal monte aux barricades en incitant les chrétiens à se rendre à Ottawa pour manifester devant le Parlement canadien. Il faut que la cause soit sérieuse et qu’elle ait une importance de premier ordre pour les croyants. Il ne s’agit évidemment pas d’une manifestation contre la guerre qui sévit toujours en Irak ou pour désavouer la participation du Canada au projet de bouclier antimissile. La cause est toute autre. Le cardinal se mobilise et mobilise ses troupes pour s’opposer au projet de loi visant la reconnaissance du droit des personnes de mêmes sexes à se marier au même titre que celles de tous les autres couples. La consigne est claire : ce projet de loi doit être rejeté à tout prix.
En tant que croyant et père de famille j’ai deux questions à poser au cardinal et à tous ceux et celles qui le suivent :
1) EN QUOI UNE LOI SUR LE MARIAGE DES PERSONNES DE MÊME SEXE EMPÊCHE-T-ELLE LES CHRÉTIENS DE VIVRE LE MARIAGE COMME ILS L’ENTENDENT ET DE LUI DONNER TOUT LE SENS QUE LEUR INSPIRE LEUR FOI ?
2) EN QUOI CETTE LOI CONTREVIENT-ELLE À LA FIN PREMIÈRE DU MARIAGE TELLE QUE DÉFINIE PAR LE CONCILE VATICAN II ?
Personnellement, en tant que croyant, je n’ai aucune difficulté à accepter que cette loi soit votée. Elle permet de respecter le droit d’autres personnes sans pour autant brimer les miens. Également, en tant que citoyen, participant au même titre que les autres au mieux être de la société à laquelle j’appartiens, je n’y vois aucune objection. Je trouve même normal que la société ouvre le plus largement possible sa législation au respect des droits des personnes, incluant évidemment les miens. L’argument à l’effet que nous sonnons le glas de la fin du mariage, de la famille, à la limite, de l’humanité, m’apparaît tout à fait exagéré et sans fondement.
Ce serait d’abord accorder bien peu de valeur aux convictions des croyants et au désir naturel de bien des gens de fonder une famille et d’avoir des enfants. Ce ne sont pas les lois qui vont changer la nature des choses. En second lieu, j’ai dans mon entourage des personnes de même sexe qui vivent et partagent un amour qui a de quoi inspirer bien des couples hétérosexuels. Je m’abstiens évidemment de juger ces personnes pour la simple raison que m’échappe ce que la nature en a fait. Les psychologues, les généticiens, les psychanalystes, les sexologues et tous les spécialistes de ces questions peuvent apporter des éclairages sur la véritable nature des personnes concernées. S’agit-il d’un homme dans un corps de femme ou d’une femme dans un corps d’homme ? Peut-être en sommes-nous rendu au constat de ne plus pouvoir définir l’homme et la femme par la seule référence sexuelle? Si tel est le cas bien des perceptions doivent être modifiées et bon nombre d’adaptations doivent être faites.
Avant le Concile Vatican II, on définissait le mariage en précisant ses finalités : la fin première était la procréation des enfants et la fin secondaire l’amour entre les conjoints. Dans cette perspective le mariage sans la procréation des enfants devenait un véritable problème. À Vatican II, un débat vigoureux s’est ouvert sur cette question de savoir qui de l’amour ou de la procréation était la fin première du mariage. Les plus âgés se souviendront des interventions marquées du Cardinal Léger qui se faisait un ardent défenseur de l’amour comme fin première du mariage. Ce fut finalement cette dernière approche qui prédomina et fut sanctionnée par le Concile.
« C'est pourquoi, même si, contrairement au voeu souvent très vif des époux, il n'y a pas d'enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il garde sa valeur et son indissolubilité. » (L'ÉGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS, Le mariage et la famille dans le Monde d'aujourd'hui)
Ce changement de cap dans l’ordre des priorités constitue évidemment une innovation dont les avenants et les aboutissants n’ont pas fini d’émerger à la conscience des croyants et de toute personne de bonne volonté. Le Concile confirme que l’amour de deux personnes, réunies dans l’intimité d’un couple de vie, prend tout son sens. Dans l’ordre normal des choses nous pensons aussitôt à des personnes hétérosexuelles. Mais aujourd’hui nous prenons conscience que cet amour peut également exister entre deux personnes de même sexe. En ce dernier cas, pourquoi le mariage, comme communauté et communion de toute vie, ne s’appliquerait-il pas ?
C’est évident que si nous demeurons enfermés dans l’idée que ces personnes sont toutes des perverties, à la seule recherche d’expériences sexuelles novatrices, sans aucun sens de la responsabilité sociale et de la fidélité conjugale, il n’y aura pas de place pour qu’elles soient vues et reconnues comme témoins d’un amour authentique au même titre que les autres couples sans enfant. La perception que nous avons des relations sexuelles entre gens de même sexe, nous empêche bien souvent de voir la relation amoureuse qui nourrit et alimente le couple au-delà des seules relations sexuelles. Autant il y a de la dépravation dans les couples hétérosexuelles, autant il peut y en avoir dans les couples homosexuelles, Ce n’est toutefois pas une raison pour ne pas reconnaître le fait que puisse exister un amour authentique dans l’un et l’autre couple. Tous ne sont pas, dans l’un et l’autre cas, des dépravés. Au contraire, nous pouvons penser qu’ils sont pour la grande majorité des citoyens et citoyennes engagées et responsables, témoignant de grandes sensibilités et faisant preuve d’une grande disponibilité. Que la société leur reconnaisse un espace qui leur permette de s’épanouir et de vivre pleinement et humainement leur différence sans discrimination et en toute égalité de droit, tant mieux. La foi ne donne-t-elle pas une liberté qu’aucune loi ne saurait enlever. Pourquoi alors craindre la loi surtout si elle ouvre la voie à d’autres sans fermer celle qui m’est ouverte ?
Je conclue en disant que je ne serai pas de la marche devant le Parlement canadien pour protester contre l’adoption de la loi autorisant le mariage des personnes de même sexe. Je n’accompagnerai donc pas mon cardinal dans cette croisade. Par contre je suis prêt à le suivre pour protester contre toutes les initiatives guerrières d’ici et d’ailleurs qui sèment mort et haine et qui font la promotion d’une mondialisation qui coupe l’humanité en deux. L’avenir de l’humanité est beaucoup plus menacé par ces initiatives que par le présent projet de loi.
oscar fortin
14-12-04
En tant que croyant et père de famille j’ai deux questions à poser au cardinal et à tous ceux et celles qui le suivent :
1) EN QUOI UNE LOI SUR LE MARIAGE DES PERSONNES DE MÊME SEXE EMPÊCHE-T-ELLE LES CHRÉTIENS DE VIVRE LE MARIAGE COMME ILS L’ENTENDENT ET DE LUI DONNER TOUT LE SENS QUE LEUR INSPIRE LEUR FOI ?
2) EN QUOI CETTE LOI CONTREVIENT-ELLE À LA FIN PREMIÈRE DU MARIAGE TELLE QUE DÉFINIE PAR LE CONCILE VATICAN II ?
Personnellement, en tant que croyant, je n’ai aucune difficulté à accepter que cette loi soit votée. Elle permet de respecter le droit d’autres personnes sans pour autant brimer les miens. Également, en tant que citoyen, participant au même titre que les autres au mieux être de la société à laquelle j’appartiens, je n’y vois aucune objection. Je trouve même normal que la société ouvre le plus largement possible sa législation au respect des droits des personnes, incluant évidemment les miens. L’argument à l’effet que nous sonnons le glas de la fin du mariage, de la famille, à la limite, de l’humanité, m’apparaît tout à fait exagéré et sans fondement.
Ce serait d’abord accorder bien peu de valeur aux convictions des croyants et au désir naturel de bien des gens de fonder une famille et d’avoir des enfants. Ce ne sont pas les lois qui vont changer la nature des choses. En second lieu, j’ai dans mon entourage des personnes de même sexe qui vivent et partagent un amour qui a de quoi inspirer bien des couples hétérosexuels. Je m’abstiens évidemment de juger ces personnes pour la simple raison que m’échappe ce que la nature en a fait. Les psychologues, les généticiens, les psychanalystes, les sexologues et tous les spécialistes de ces questions peuvent apporter des éclairages sur la véritable nature des personnes concernées. S’agit-il d’un homme dans un corps de femme ou d’une femme dans un corps d’homme ? Peut-être en sommes-nous rendu au constat de ne plus pouvoir définir l’homme et la femme par la seule référence sexuelle? Si tel est le cas bien des perceptions doivent être modifiées et bon nombre d’adaptations doivent être faites.
Avant le Concile Vatican II, on définissait le mariage en précisant ses finalités : la fin première était la procréation des enfants et la fin secondaire l’amour entre les conjoints. Dans cette perspective le mariage sans la procréation des enfants devenait un véritable problème. À Vatican II, un débat vigoureux s’est ouvert sur cette question de savoir qui de l’amour ou de la procréation était la fin première du mariage. Les plus âgés se souviendront des interventions marquées du Cardinal Léger qui se faisait un ardent défenseur de l’amour comme fin première du mariage. Ce fut finalement cette dernière approche qui prédomina et fut sanctionnée par le Concile.
« C'est pourquoi, même si, contrairement au voeu souvent très vif des époux, il n'y a pas d'enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il garde sa valeur et son indissolubilité. » (L'ÉGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS, Le mariage et la famille dans le Monde d'aujourd'hui)
Ce changement de cap dans l’ordre des priorités constitue évidemment une innovation dont les avenants et les aboutissants n’ont pas fini d’émerger à la conscience des croyants et de toute personne de bonne volonté. Le Concile confirme que l’amour de deux personnes, réunies dans l’intimité d’un couple de vie, prend tout son sens. Dans l’ordre normal des choses nous pensons aussitôt à des personnes hétérosexuelles. Mais aujourd’hui nous prenons conscience que cet amour peut également exister entre deux personnes de même sexe. En ce dernier cas, pourquoi le mariage, comme communauté et communion de toute vie, ne s’appliquerait-il pas ?
C’est évident que si nous demeurons enfermés dans l’idée que ces personnes sont toutes des perverties, à la seule recherche d’expériences sexuelles novatrices, sans aucun sens de la responsabilité sociale et de la fidélité conjugale, il n’y aura pas de place pour qu’elles soient vues et reconnues comme témoins d’un amour authentique au même titre que les autres couples sans enfant. La perception que nous avons des relations sexuelles entre gens de même sexe, nous empêche bien souvent de voir la relation amoureuse qui nourrit et alimente le couple au-delà des seules relations sexuelles. Autant il y a de la dépravation dans les couples hétérosexuelles, autant il peut y en avoir dans les couples homosexuelles, Ce n’est toutefois pas une raison pour ne pas reconnaître le fait que puisse exister un amour authentique dans l’un et l’autre couple. Tous ne sont pas, dans l’un et l’autre cas, des dépravés. Au contraire, nous pouvons penser qu’ils sont pour la grande majorité des citoyens et citoyennes engagées et responsables, témoignant de grandes sensibilités et faisant preuve d’une grande disponibilité. Que la société leur reconnaisse un espace qui leur permette de s’épanouir et de vivre pleinement et humainement leur différence sans discrimination et en toute égalité de droit, tant mieux. La foi ne donne-t-elle pas une liberté qu’aucune loi ne saurait enlever. Pourquoi alors craindre la loi surtout si elle ouvre la voie à d’autres sans fermer celle qui m’est ouverte ?
Je conclue en disant que je ne serai pas de la marche devant le Parlement canadien pour protester contre l’adoption de la loi autorisant le mariage des personnes de même sexe. Je n’accompagnerai donc pas mon cardinal dans cette croisade. Par contre je suis prêt à le suivre pour protester contre toutes les initiatives guerrières d’ici et d’ailleurs qui sèment mort et haine et qui font la promotion d’une mondialisation qui coupe l’humanité en deux. L’avenir de l’humanité est beaucoup plus menacé par ces initiatives que par le présent projet de loi.
oscar fortin
14-12-04
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