Dans un article paru dans les journaux de fin semaine, l’ Archevêque de Québec et primat du Canada, discute du projet de loi sur l’élargissement juridique de l’institution du mariage aux personnes de même sexe. Il s’inquiète de cette démarche et s’oppose fortement à toute modification qui irait dans le sens de cet élargissement.
L’essentiel de l’argumentation repose sur le fait que l’ouverture proposée aurait pour effet de concevoir le mariage d’abord et avant tout sous l’angle de l’amour de deux personnes sans nécessairement comporter l’acte de procréation et d’éducation des enfants, deux finalités essentielles au concept chrétien du mariage. Pareil changement viendrait toucher « l’institution la plus fondamentale et la valeur première de la société : le mariage et la famille, réalités présentes dans l’histoire humaine avant toute forme d’État et de loi. »
Ma première question est la suivante : En quoi une législation sur l’institution du mariage peut-elle en modifier la nature alors que celle-ci transcende toute forme d’État ou de loi? Vatican II n’en rattache-t-il pas ses lois au Créateur lui-même ? En ce sens peut-on dire qu’aucune loi ne peut parvenir à en modifier la nature ? Serait-ce qu’avec ou sans loi le mariage reste ce qu’il est et qu’une législation l’ouvrant aux personnes de même sexe ne peut en aucune façon en changer la réalité, à savoir « l’alliance des conjoints fondée sur leur consentement personnel irrévocable »? Vatican II dit ceci :
« La communauté profonde de vie et d'amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur; elle est établie sur l'alliance des conjoints, c'est-à-dire sur leur consentement personnel irrévocable. Une institution que la loi divine confirme, naît ainsi, au regard même de la société, de l'acte humain par lequel les époux se donnent et se reçoivent mutuellement. En vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme. Car Dieu lui-même est l'auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses (1): tout cela est d'une extrême importance pour la continuité du genre humain, pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité de la famille et de la société humaine tout entière. » Gaudium et Spes, ch.1. 48
Ma seconde question porte sur les inquiétudes manifestées quant à l’avenir de la société et des valeurs fondamentales : En quoi cette ouverture juridique du mariage devient-elle une contrainte pour les chrétiens et tous les couples hétérosexuels ? Va-t-elle empêcher les croyants ou toute autre personne de sexe différent de se marier conformément à leurs croyances ? Ne croyez-vous pas que les enfants vont continuer de naître et les familles à se développer? Si tel est le cas ne serait-ce pas donner un mauvais éclairage que de laisser croire que le projet de loi aura pour effet de mettre un terme à la procréation et au développement des populations ? Ne faut-il pas plutôt comprendre que l’ouverture aux droits des uns ne devient pas nécessairement une limite aux droits des autres ?
Ma troisième question porte sur le mariage de personnes de sexe différent qui, pour diverses raisons, n’ont pas en perspective la procréation d’enfants : Que pensez des personnes âgées qui se marient ou se remarient religieusement alors qu’ils ne sont plus en situation de procréer? N’en va-t-il pas de même pour ces milliers de couples qui, pour diverses raisons, ne peuvent avoir d’enfant? Sur cette question Vatican II apporte un début de réponse :
« Le mariage cependant n'est pas institué en vue de la seule procréation. Mais c'est le caractère même de l'alliance indissoluble qu'il établit entre les personnes, comme le bien des enfants, qui requiert que l'amour. mutuel des époux s'exprime lui aussi dans sa rectitude, progresse et s'épanouisse. C'est pourquoi, même si, contrairement au voeu souvent très vif des époux, il n'y a pas d'enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il garde sa valeur et son indissolubilité. » Vatican ll, Gaudium et Spes, ch. 50,3
Qu’est-ce qui différencie fondamentalement le mariage de personnes de même sexe qui ne peuvent procréer de celui de personnes de sexe différent qui ne peuvent procréer ?
Je conclue cette brève intervention en rappelant que ce sont rarement les lois qui créent les cultures, mais ces dernières qui créent progressivement les lois. Le monde tel qu’il existe au moment d’écrire ce texte comporte déjà tous les types de comportements que nous souhaitons ou dénonçons. Il y a des familles éparpillées au quatre coins des quartiers de nos grandes villes, il y a des couples qui vivent harmonieusement leur vie conjugale et familiale, d’autres cheminent de leur mieux pour s’y retrouver. Il y a des couples de personnes de même sexe qui connaissent une vie harmonieuse et d’autres qui fracassent. Les lois ne viendront ni diminuer ni augmenter ces situations. Seuls le travail et le témoignage patient de personnes ouvertes et dévouées, aimant sincèrement leur prochain laisseront un sillage de lumière et d’espérance. Beaucoup d’autres choses comme les guerres, les armes, les injustices, l’hypocrisie, la manipulation des personnes sous toutes les formes menacent autrement plus l’avenir de nos sociétés et des valeurs fondamentales qui les inspirent.
Oscar Fortin, théologien et père de famille
L’essentiel de l’argumentation repose sur le fait que l’ouverture proposée aurait pour effet de concevoir le mariage d’abord et avant tout sous l’angle de l’amour de deux personnes sans nécessairement comporter l’acte de procréation et d’éducation des enfants, deux finalités essentielles au concept chrétien du mariage. Pareil changement viendrait toucher « l’institution la plus fondamentale et la valeur première de la société : le mariage et la famille, réalités présentes dans l’histoire humaine avant toute forme d’État et de loi. »
Ma première question est la suivante : En quoi une législation sur l’institution du mariage peut-elle en modifier la nature alors que celle-ci transcende toute forme d’État ou de loi? Vatican II n’en rattache-t-il pas ses lois au Créateur lui-même ? En ce sens peut-on dire qu’aucune loi ne peut parvenir à en modifier la nature ? Serait-ce qu’avec ou sans loi le mariage reste ce qu’il est et qu’une législation l’ouvrant aux personnes de même sexe ne peut en aucune façon en changer la réalité, à savoir « l’alliance des conjoints fondée sur leur consentement personnel irrévocable »? Vatican II dit ceci :
« La communauté profonde de vie et d'amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur; elle est établie sur l'alliance des conjoints, c'est-à-dire sur leur consentement personnel irrévocable. Une institution que la loi divine confirme, naît ainsi, au regard même de la société, de l'acte humain par lequel les époux se donnent et se reçoivent mutuellement. En vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme. Car Dieu lui-même est l'auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses (1): tout cela est d'une extrême importance pour la continuité du genre humain, pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité de la famille et de la société humaine tout entière. » Gaudium et Spes, ch.1. 48
Ma seconde question porte sur les inquiétudes manifestées quant à l’avenir de la société et des valeurs fondamentales : En quoi cette ouverture juridique du mariage devient-elle une contrainte pour les chrétiens et tous les couples hétérosexuels ? Va-t-elle empêcher les croyants ou toute autre personne de sexe différent de se marier conformément à leurs croyances ? Ne croyez-vous pas que les enfants vont continuer de naître et les familles à se développer? Si tel est le cas ne serait-ce pas donner un mauvais éclairage que de laisser croire que le projet de loi aura pour effet de mettre un terme à la procréation et au développement des populations ? Ne faut-il pas plutôt comprendre que l’ouverture aux droits des uns ne devient pas nécessairement une limite aux droits des autres ?
Ma troisième question porte sur le mariage de personnes de sexe différent qui, pour diverses raisons, n’ont pas en perspective la procréation d’enfants : Que pensez des personnes âgées qui se marient ou se remarient religieusement alors qu’ils ne sont plus en situation de procréer? N’en va-t-il pas de même pour ces milliers de couples qui, pour diverses raisons, ne peuvent avoir d’enfant? Sur cette question Vatican II apporte un début de réponse :
« Le mariage cependant n'est pas institué en vue de la seule procréation. Mais c'est le caractère même de l'alliance indissoluble qu'il établit entre les personnes, comme le bien des enfants, qui requiert que l'amour. mutuel des époux s'exprime lui aussi dans sa rectitude, progresse et s'épanouisse. C'est pourquoi, même si, contrairement au voeu souvent très vif des époux, il n'y a pas d'enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il garde sa valeur et son indissolubilité. » Vatican ll, Gaudium et Spes, ch. 50,3
Qu’est-ce qui différencie fondamentalement le mariage de personnes de même sexe qui ne peuvent procréer de celui de personnes de sexe différent qui ne peuvent procréer ?
Je conclue cette brève intervention en rappelant que ce sont rarement les lois qui créent les cultures, mais ces dernières qui créent progressivement les lois. Le monde tel qu’il existe au moment d’écrire ce texte comporte déjà tous les types de comportements que nous souhaitons ou dénonçons. Il y a des familles éparpillées au quatre coins des quartiers de nos grandes villes, il y a des couples qui vivent harmonieusement leur vie conjugale et familiale, d’autres cheminent de leur mieux pour s’y retrouver. Il y a des couples de personnes de même sexe qui connaissent une vie harmonieuse et d’autres qui fracassent. Les lois ne viendront ni diminuer ni augmenter ces situations. Seuls le travail et le témoignage patient de personnes ouvertes et dévouées, aimant sincèrement leur prochain laisseront un sillage de lumière et d’espérance. Beaucoup d’autres choses comme les guerres, les armes, les injustices, l’hypocrisie, la manipulation des personnes sous toutes les formes menacent autrement plus l’avenir de nos sociétés et des valeurs fondamentales qui les inspirent.
Oscar Fortin, théologien et père de famille
Aucun commentaire:
Publier un commentaire