De tous les temps, il y a eu des hommes et
des femmes qui, par leur témoignage de vie, leurs engagements et leurs
enseignements, ont fait progresser l’humanité, en la rendant toujours plus
vraie, plus juste, plus solidaire, plus consciente et responsable de son propre
destin. Ces hommes et ces femmes ont constitué et constituent toujours
l’avant-garde du devenir de l’Humanité.
Ce constat interpelle tout autant les
croyants que les non-croyants. Dans un cas comme dans l’autre, la question est
de savoir si par leurs actions, leurs engagements, leurs enseignements ils
contribuent à ouvrir la conscience individuelle des hommes et des femmes à
celle d’une humanité aux multiples visages culturels, religieux, politiques et
économiques. Plus de 7 milliards de personnes constituent la substance de ces
multiples visages, donnant ainsi la mesure d’humanité à laquelle nous sommes
parvenus dans cette longue marche vers l’avènement d’un homme nouveau, d’une
humanité nouvelle.
Si par la magie d’un appareil photo aux
multiples dimensions nous parvenions à prendre le portrait de l’humanité telle
qu’elle se présente en ce début du 21e siècle, nous aurions de quoi nous
interroger sur son devenir.
De plus en plus de peuples se posent la
question de savoir pourquoi les classes moyennes et celles des plus
défavorisées doivent supporter les déficits accumulés par leurs gouvernements.
Ces derniers ont emprunté pour acheter des armes dont ils n’avaient pas besoin,
pour voler au secours de banques en manque d’argent et aider des entreprises en
difficultés financières. Ils ont enrichi des lobbies, pris leur part d’une
manne qui leur passait entre les mains. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes banques
qui viennent réclamer leurs dus. Par contre, ceux et celles qui passent à la
caisse ne sont pas ceux qui se sont enrichis avec ces emprunts souvent
inutiles, mais les travailleurs, les classes moyennes et même les plus
défavorisés qui se voient privés de l’aide de subsistance. Les programmes
sociaux, dans les secteurs de la santé, des pensions de vieillesse, de
l’éducation, de l’aide aux familles sont réduits à une véritable peau de
chagrin. Pendant ce temps, les oligarchies poursuivent leur ascension vers
toujours plus de richesse et continuent d’avoir le contrôle sur les
gouvernements qui leur sont entièrement soumis.
Une prise de conscience collective du non-sens
d’une telle situation se manifeste, entre autres, à travers le mouvement des
indignés qui s’est encore tout récemment fait entendre dans les grandes
capitales de l’Europe et de l’Amérique. L’Empire qui se nourrit du
néolibéralisme, loin d’abdiquer, durcit ses positions de domination et réprime
avec force ces soulèvements qui remettent en question sa gestion et son
système. Ce n’est pas en lui que le monde va retrouver cette « avant-garde
de l’Humanité » guidée par des impératifs de vérité, de justice, de
solidarité et de respect.
Cet impérialisme et les forces néolibérales
qui en sont la tête se caractérisent par tout ce qui est contraire aux grands objectifs
humanitaires.
Ils transforment la vérité en mensonge et
font du mensonge la vérité. La transparence recherchée se transforme en
politique du secret et malheur à ceux ou celles qui oseraient ouvrir la boîte à
condor, les pires châtiments les y attendent. Il suffit de penser à ce jeune
militaire étasunien, Bradley Manning, accusé d’avoir transmis des informations
secrètes à WIKILEAKS, organisme qui se fait un devoir de mettre au grand jour les secrets derrière
lesquels se cache l’empire.
S’il faut obéir aux lois, écrites par des gouvernements,
souvent serviles aux forces dominantes de la société, il faut surtout obéir à
sa conscience qui répond à des normes supérieures de vie et de responsabilité.
Cette dernière a toujours priorité sur la première et c’est ce que de plus en
plus de gens découvrent et mettent en pratique. L’objection de conscience est
l’arme contre laquelle aucune force ne saurait vaincre.
Non satisfaits de contaminer tout ce qui
est vérité, les forces de l’empire récupèrent le mot justice pour l’ajuster aux
normes de ses propres intérêts. Sera juste tout ce qui permettra à ses
multinationales et à ses agences gouvernementales d’agir en toute impunité dans
les divers pays du monde. Ceux qui oseront s’y résister devront affronter leurs
forces qui ne négligeront aucun moyen pour les mettre au pas. Qu’il suffise de
rappeler l’opération condor qui a fait des milliers de martyrs en
Amérique latine dans les années 1970-1980.
Quant à la solidarité universelle à
laquelle nous sommes tous et toutes conviées, elle se ramène à ce que G.W. Bush
a établi comme règle : « vous êtes avec nous ou contre nous ».
Les premiers sont les bons et les seconds sont et resteront des terroristes et
des ennemis. C’est comme si ces derniers cessaient d’être des humains. Pas
surprenant que les tortures, le mépris soient si répandus dans le milieu des
forces armées et que les dirigeants politiques ne s’en scandalisent pas plus
qu’il ne le faut.
Au soir d’autant d’injustices, de crimes
commis, de cruauté, de mensonges, de manipulations, le monde n’en peut plus,
les peuples se révoltent, les nations réclament leurs droits et les humains, le
respect. Il y a quelque part comme l’aurore d’un jour nouveau où les peuples de
toutes les nations diront d’une seule voix : « assez c’est assez,
nous n’avons plus peur ni de vos armes ni de vos lois. Vous êtes les prédateurs
de nos libertés, de notre démocratie, de nos richesses, de notre dignité.
Aujourd’hui, l’heure de rendre des comptes est arrivée et ce sont les peuples,
ces peuples que vous avez trompés, exploités, persécutés, torturés, qui vont
vous juger. Peuples sans arme, mais porteurs d’une conscience et d’une dignité
retrouvée, sauront vaincre le vide que vous portez en chacun de vous. Le vide
de l’individualisme, de la cupidité, de l’arrogance et du mépris. Ce sera votre
châtiment.
Ce sont ces peuples, ces mouvements
sociaux, avec à leur tête des guides et des leaders, amoureux de vérité, de
justice, de solidarité et de respect qui sont véritablement à l’avant-garde de cette
Humanité à parachever, celle qui reconnaîtra à chaque personne sa dignité et
qui en inspirera le respect.
Oscar Fortin
Québec, le 14 mai 2012
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