ÇA VOUS DIT QUELQUE CHOSE?
Il y a trente ans, 3000 palestiniens, hommes, femmes
et enfants furent massacrés et tués. Autant la shoah a été et est toujours pour
les juifs et le monde un crime contre ce qu’il y a de plus inhumain, autant le
massacre de Sabra et Chatila devrait l’être.
"C'était une nuit sans lune. Ils ont
illuminé le ciel avec des fusées éclairantes", se souvient cette femme de
53 ans, les yeux sombres cernés de rides profondes qui en disent long sur son
chagrin. "Les miliciens ont fait irruption dans notre maison avec des
mitraillettes, et ont achevé certains membres de ma famille au couteau. Ils ont
tué ma cousine Amal, l'ont éventrée et ont retiré son bébé. »
Grâce aux travaux du chercheur Seth Anziska, de l'université Columbia, qui a eu accès à des
archives israéliennes et à son article, paru tout récemment dans le New
York Times, sous le titre "Un massacre
évitable", nous en savons plus sur les auteurs de ces crimes.
Dans cet article, il met en évidence le rôle prédominant d’Ariel Sharon, alors ministre
israélien de la défense, qui imposa son point de vue à l’ambassadeur accrédité de Washington pour le
Moyen Orient, Morris Draper, à
l’effet que les camps fourmillaient de terroristes. Ce dernier, « obnubilé
par son objectif de voir les Israéliens se retirer de Beyrouth, accrédite comme réel un fait non avéré – la
présence de "terroristes" supposément restés par milliers dans les
camps – et accorde à son allié 48 heures de présence supplémentaire dans la
ville. "En résumé, il finit par dire aux Israéliens : 'Bon, allez-y, tuez les
terroristes, et vous partirez ensuite. » Or, les
supposés terroristes étaient partis depuis déjà plusieurs jours. Il
était facile d’en faire le constat.
Ce travail de massacre fut
confié aux phalangistes chrétiens qui avaient l’occasion de venger
l’assassinat, quelques jours plus tôt,
de leur Président, récemment élu.
Justice n’a toujours pas été
faite sur ces crimes. « En Israël, une
commission d'enquête a attribué, en 1983 la "responsabilité
personnelle" mais "indirecte" des massacres à Ariel Sharon,
alors ministre de la Défense, et la responsabilité directe à Elie Hobeika, chef
des renseignements des Forces libanaises (milice chrétienne). »
Aujourd’hui s’ajoute la responsabilité des Etats-Unis, représentés par Morris Draper, qui donna le feu vert.
On ne peut se laver les mains de ces crimes. Ces femmes, ces enfants et ces hommes réclament toujours, après 30 ans, que justice soit faite.
Oscar Fortin
Québec, le 10 octobre 2012
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