vendredi 28 novembre 2014

QUI A DES OREILLES POUR ENTENDRE QU'IL ENTENDE




Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie 

Plus personne ne doute que nous vivons dans une période de grande turbulence, mais aussi de grande confusion. Pour certains, les mots ne sont que des accessoires facilement utilisables pour entraîner les esprits et les consciences dans le sens voulu par leurs auteurs. Ce qui prédomine, ce ne sont plus des préoccupations, rattachées à la vérité et aux faits, mais plutôt des ambitions de pouvoir géopolitique et de richesses indispensables à leur développement. Il leur est plus facile de dominer les peuples par la force que de les laisser eux-mêmes décider de leur destin tout comme il leur est plus économique de conquérir leurs richesses que de les payer leur véritable prix.

Présentement, nous assistons à une offensive concertée de l’Occident contre la Russie et de façon particulière contre son président Vladimir Poutine. Or, Vladimir Poutine n’est pas n’importe qui pas plus d’ailleurs que la Russie qui n’est pas à mettre sur le même pied que tous les autres pays auxquels cet Occident s’est attaqué. Plus que jamais, il est important de prêter attention aux propos de ces dirigeants russes qui n’ont pas l’habitude de parler pour parler.

Déjà, dans un article antérieur, l’occasion m’a été donnée de relever l’exceptionnel discours du président Vladimir Poutine, en octobre dernier, au Club international de Valdaï. Un discours dans lequel chaque mot compte.

Aujourd’hui, il s’agit d’une intervention majeure du numéro un des relations internationales de Russie, Sergueï Lavrov, un homme dont la carrière et la réputation ne sont plus à faire. Ses mots sont pesés et ses accents mesurés selon l’importance à donner à certaines situations. Il y a une présentation excellente de cette intervention dont je vous donne ici la référence. Il faut lire ce qui y est dit de ce diplomate de carrière, très proche de Vladimir Poutine. Plus que tout, il faut entendre le message très important qu’il y livre. Il est à prendre au sérieux tout comme il faut prendre au sérieux le Président de la Russie.

C’est devant le Conseil sur la politique étrangère et de la défense de la Russie que le titulaire des relations internationales a choisi de faire cette très importante conférence. Son intention n’est pas de reprendre ce que le président Poutine a déjà clairement exprimé dans sa conférence lors de la réunion du Club de Valdaï sinon de partager quelques considérations sur les efforts de politique étrangère au jour le jour. 

Au sujet de l’Ukraine

« Bien avant que le pays ait été plongé dans la crise, il y avait dans l’air un sentiment que les relations de la Russie avec l’Union européenne et avec l’Occident étaient sur le point d’atteindre leur moment de vérité. Il était clair que nous ne pouvions plus continuer à mettre en veilleuse certaines questions dans nos relations, et qu’il fallait choisir entre un véritable partenariat ou, comme le dit le dicton, en venir à « casser de la vaisselle ».

La Russie aurait préféré la première option, mais, comme le dit le ministre, les partenaires occidentaux ont plutôt choisi la seconde. « Ils ont soutenu les extrémistes, renonçant ainsi à leurs propres principes d’un changement de régime démocratique.

« Comme disent les petits durs, ils voulaient voir la Russie « se déballonner » (je ne puis pas trouver un meilleur mot pour cela), nous forcer à avaler l’humiliation des Russes et de ceux dont la langue maternelle est le russe en Ukraine. »
Ce que les partenaires occidentaux ont oublié, selon Lavrov, ce sont les conseils d’Otto Von Bismarck :
« Dénigrer le grand peuple russe, fort de millions d’âmes, constituerait la plus grande erreur politique que l’on puisse faire. »
C’est ce qu’ils ont fait en s’attaquant à la partie ukrainienne peuplée de citoyens de culture et d’origine russe. Ce qu’on appelle la région du Donbass ou encore le sud-est de l’Ukraine.
Ces actions de Washington et de ses partenaires occidentaux ont mis au grand jour leurs véritables de sorte que les véritables discussions doivent dorénavant porter sur ces intentions de changement de régime.
« Ce que la situation actuelle a de plus, c’est qu’une fois que tout s’est mis en place, le calcul qui sous-tendait les actions de l’Occident s’est trouvé révélé, en dépit de cette volonté que l’on proclamait haut et fort de bâtir une communauté de sécurité, une maison commune européenne. »
Il n’y a plus d’histoires à se raconter et les faits conduisent à repenser l’ensemble de la situation internationale et les relations entre les partenaires de l’Occident et la Russie. Les sanctions imposées à la Russie ne font que confirmer ces intentions de changement de régime.
« Par conséquent, en ce qui concerne l’approche conceptuelle de l’utilisation de mesures coercitives, l’Occident démontre sans équivoque qu’il ne cherche pas seulement à changer la politique russe (ce qui en soi est illusoire), mais qu’il cherche à changer le régime; et pratiquement personne ne le nie. »
Le ministre s’en prend à cette prétention des États-Unis d’être prédestinés à diriger et dominer le monde.
« Si le leadership dans ce monde peut être assuré, ce n’est pas en se persuadant soi-même de sa propre exclusivité et d’un devoir conféré par Dieu d’être responsable de tout le monde, mais seulement par la capacité et l’habileté à former un consensus. Si les partenaires américains appliquaient leur pouvoir à cet objectif, ce serait inestimable, et la Russie les y aiderait activement. »
Il est très intéressant de comprendre comment la Russie décode les ruses guerrières des États-Unis et de ses alliés.
« il s’agit vraiment d’une guerre hybride, visant non pas tant à vaincre l’ennemi militairement qu’à changer les régimes dans les pays qui poursuivent une politique que Washington n’aime pas. Cette stratégie recourt aux pressions financières et économiques, aux attaques par le moyen de l’information; elle se sert d’autres intervenants sur le périmètre de l’état visé, agissant par personnes interposées; et, bien sûr, ,elle use de pression, par l’information et l idéologie, au travers d’organisations non gouvernementales financées par des ressources extérieures. N’est-ce pas là un processus hybride, et non ce que nous appelons la guerre? Il serait intéressant de discuter du concept de la guerre hybride pour voir qui la mène vraiment, ou s’il s’agit seulement de « petits hommes vêtus de tenues vertes ».
Cette approche, caractéristique des Révolutions de couleur, est clairement identifiée par la Russie et déjà, le président Poutine qu’il ne les laisserait pas prendre forme en Russie. Les agents manipulateurs seront détectés, les mercenaires à gage seront arrêtés.
Pour les dirigeants de la Russie, les États-Unis ne sont pas le pays destiné à décider du sort du monde. Cette histoire est finie et mieux vaut en prendre bonne note.
« En tentant d’établir leur prééminence à un moment où se font jour de nouveaux centres de pouvoir économique, financier et politique, les Américains provoquent une neutralisation en accord avec la troisième loi de Newton, et ils contribuent à l’émergence de structures, de mécanismes et de mouvements qui cherchent des alternatives aux recettes américaines pour résoudre les problèmes urgents. Je ne parle pas d’anti-américanisme, encore moins de former des coalitions conçues comme des fers de lance dirigés contre les États-Unis, mais seulement du désir naturel d’un nombre croissant de pays de sécuriser leurs intérêts vitaux et de le faire de la façon qu’ils pensent juste, non d’après ce qui leur est dicté « depuis l’autre côté de l’étang ». Personne ne va jouer à des jeux antiaméricains juste pour contrarier les États-Unis. »
En référence à une intervention récente du président Poutine, il a rappelé l’importance de remodeler les bases d’un dialogue international constructif et respectueux.
« Les grandes puissances doivent retourner à la table des négociations et se mettre d’accord sur un nouveau cadre de discussion qui prenne en compte les intérêts légitimes fondamentaux de toutes les parties clés (je ne peux pas vous dire comment on devrait l’appeler, mais il devrait en tout cas être fondé sur la Charte des Nations Unies); elles devraient se mettre d’accord sur des restrictions auto-imposées raisonnables et sur une gestion collective des risques dans un système de relations internationales soutenues par les valeurs démocratiques. Nos partenaires occidentaux font la promotion du respect de la primauté du droit, de la démocratie et de l’opinion des minorités au sein des différents pays, tout en omettant de défendre les mêmes valeurs dans les affaires internationales. Cela laisse à la Russie le rôle de pionnier dans la promotion de la démocratie, de la justice et de la primauté du droit international. Car un nouvel ordre mondial ne peut être que polycentrique, et il devrait refléter la diversité des cultures et des civilisations dans le monde d’aujourd’hui. »
Que conclure?
La Russie a une vision à moyen et long terme et si elle n’a aucune prétention de conquête, elle a la détermination et la capacité de défendre sa sécurité qui est indivisible. En ce sens, elle est prête au combat.
Son ouverture et sa disposition pour résoudre politiquement les problèmes sont entières pour autant que l’on parle des vraies choses et que les États discutent d’égal à égal dans le respect de chacun.
Il n’est pas question de laisser les populations prorusses d’Ukraine se faire massacrer par l’armée sanguinaire de Kiev. Il réclame un retour à la négociation politique entre les parties belligérantes pour trouver une entente acceptable pour les deux parties.
On peut tirer la conclusion que si l’Occident décide d’attaquer la Russie et ses zones de sécurité, elle saura répondre de manière à ne laisser aucun doute à ses adversaires quant à sa détermination à se faire respecter et quant aux moyens dont elle dispose pour y parvenir.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous recommande de suivre le lien que je vous ai transmis au début de cet article et que je vous retransmets.

Oscar Fortin
Le 28 novembre 2014



4 commentaires:

Anonyme a dit...

Je suis ravie de voir qu'au canada il y a des individus comme vous qui remettent en question la propagande du gouvernement.

Marius MORIN a dit...

Vladimir Poutine a vu tomber la Russie deux fois: en 1945 et en 1989. Sous le régime d'Eltsine,de 1990 à 1999, plus de six millions de citoyens russes sont décédés prématurément à la suite de l’effondrement catastrophique de l’économie de marché. Et aujourd'hui, il se bat contre tout impérialisme mondialisé. Bravo et longue vie à cet homme qui n'est pas un saint, mais un brave patriote. http://www.mondialisation.ca/en-quoi-la-russie-est-elle-vulnerable-aux-sanctions-ainsi-quaux-incursions-militaires-de-lunion-europeenne-et-des-usa/5415509

Oscar Fortin a dit...

Merci anonyme pour votre commentaire que je prends pour un encouragement.
bonne journée à vous

Oscar Fortin a dit...

Merci Marius pour votre commentaire et la référence. Il est évident que la Russie a des failles et que ces dernières seront exploitées au maximum par ses ennemis que sont les États-Unis et l’OTAN. Toutefois, il faut également reconnaître que ces ennemis ont également leurs failles que la Russie peut exploiter aux maximum. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de visionner la conférence du Sheick Imran Hussein, parlant de la grande guerre.

https://www.youtube.com/watch?v=Igt...

Selon la vision apocalyptique du Coran, cette grande guerre sera gagnée par la Russie. Ce n’est évidemment pas un argument scientifique, mais une référence qui vient confirmer les conclusions de plusieurs analystes.