NOTE DE L'AUTEUR: Un
article tout récent, édité sur Réseau international, ouvre la voie à une
analyse des grandes orientations qui émergent des politiques de Poutine. Le titre, « La
troisième voie de Poutine : vue à travers le nooscope. » pique
notre curiosité et nous oblige à en savoir plus sur le sujet. C’est ce que j’ai fait et à ma grande
surprise j’y ai retrouvé les grandes lignes de fond d’un article que j’avais
écrit, en décembre 2012, sous le titre « Bienvenue à une ère nouvelle.» À
l’époque, tout le monde parlait de la fin du calendrier maya et les
spéculations ne manquaient pas quant à l’avenir de notre Humanité. C’est dans ce contexte que je vous propose de
nouveau cet article de 2012 qui, selon moi, garde toute son actualité
Au cours des
derniers jours, j’ai eu l’occasion d’entendre des représentants et
représentantes du peuple maya à travers les émissions de teleSURtv.net.
Certains faisaient référence à des colloques, organisés par diverses associations,
sur la fin du calendrier maya, sans qu’aucun représentant du peuple maya n’ait
été invité à y prendre la parole pour en expliquer le sens profond. Ils
trouvaient cela plutôt curieux que les principaux intéressés ne soient pas
au nombre des intervenants.
Par contre,
les mayas organisèrent au Guatemala, en Bolivie et au Pérou, des
rassemblements pour expliquer ce que signifiait pour eux la fin de ce
calendrier. À quelques nuances près, ils présentèrent cette fin de calendrier,
non pas comme la fin du monde, mais
comme la fin d’une ère, caractérisée par la discrimination, le sectarisme,
l’individualisme et le despotisme. Pour eux, l’ère nouvelle s’ouvre sur un
paradigme nouveau, caractérisé par la paix et la solidarité entre les peuples.
Une ère où il y aura un plus grand respect de la mère terre et une meilleure
reconnaissance de ceux et celles qui l’habitent et en vivent.
Vu sous cet
angle, le 21 décembre 2012 donne le point de départ à un nouveau cycle de
l’humanité la conduisant vers de nouveaux sommets.
Teilhard
de Chardin, ce paléontologue du siècle dernier, écrivait déjà ceci, dans les
années 1950 dans son livre « Le phénomène humain ». Je
me permets d’en extraire quelques passages qui rejoignent les préoccupations
d’aujourd’hui.
« L'Issue du Monde, les portes de l'Avenir, l'entrée
dans le superhumain, elles ne s'ouvrent en avant ni à quelques privilégiés, ni
à un seul peuple élu entre tous les peuples ! Elles ne céderont qu'à une
poussée de tous ensemble, dans une direction où tous ensemble peuvent se rejoindre
et s'achever dans une rénovation spirituelle de la Terre (...) Pas d'avenir
évolutif à attendre pour l'homme en dehors de son association avec tous les
autres hommes... p.245-246
“Il se peut que, dans ses capacités et sa pénétration
individuelles notre cerveau ait atteint ses limites organiques. Mais le
mouvement ne s'arrête pas pour autant. De l'Occident à l'Orient, l'Évolution
est désormais occupée ailleurs, dans un domaine plus riche et plus complexe, à
construire, avec tous les esprits mis ensemble - l'Esprit. - Au-delà des
nations et des races, la prise en bloc, inévitable et déjà en cours, de
l'Humanité.” id. p.280
“quelque chose.... s'accumule irréversiblement de toute
évidence et se transmet, au moins collectivement, par éducation, au fil des âges....
... Un courant héréditaire et collectif de réflexion s'établit et se
propage : l'avènement de l'Humanité à travers les Hommes.” id.
p.175
Celui qui a projeté la trajectoire de l’évolution de l’univers, en faisant
interagir matérialité, énergie et intériorité à travers des millions d’années,
en était arrivé à l’émergence de la biosphère, cycle de la vie primaire conduisant inévitablement à la
noosphère, celle de l’esprit et de l’intériorité. Il stigmatisait ainsi l’étape
que nous vivons comme un lieu de passage obligé et nouveau :
“Ce qu'il peut y avoir de plus révélateur pour notre
Science moderne c'est d'apercevoir que tout le précieux, tout l'actif, tout le
progressif contenu originellement dans le lambeau cosmique d'où notre monde est
sorti, se trouve maintenant concentrés dans la ‘couronne’ d'une Noosphère.
Id. p 180
Cette vision de Teilhard se retrouve dans une autre formulation d’un des hommes
les plus brillants du siècle dernier, Albert Einstein. Dans un article écrit en
1949, pour Monthly Review, il fait ressortir les deux pôles fondamentaux qui
font de l’homme un être à la fois solitaire et social.
Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle
des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et
de développer ses facultés innées. Comme être social, il cherche à gagner l’approbation et l’affection de
ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs
tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence
de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère
particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle
mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au
bien-être de la société.’
Poursuivant
sa réflexion en la précisant davantage, Albert Einstein, explique ce qui
constitue pour lui la crise de notre temps.
Il s’agit du rapport entre l’individu et la
société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance de la
société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme
une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une
menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En
outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant,
tandis que ses tendances sociales
qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les
êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus
de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se
sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie
de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et
périlleuse, qu’en se dévouant à la société.’
Les propos de
Teilhard de Chardin et ceux d’Albert Einstein ne jettent-ils pas un éclairage
particulier sur les temps que nous vivons et sur cette nouvelle ère qui s’amorce?
En effet,
n’assistons-nous pas, en dépit de toutes les apparences, au renversement de
l’influence des pôles ?
L’ordre du
monde, établi pour répondre en priorité aux besoins égoïstes des sociétés de
consommation et, à l’intérieur de celles-ci, de ceux qui en tirent les
ficelles, n’est-il pas à un tournant de son histoire ?
En dépit et à
cause des guerres menées par les sociétés industrialisées pour assurer la
protection de leurs intérêts économiques n’y a-t-il pas une nouvelle
solidarité qui se développe chez ceux qui en sont exclus ?
Cette transition, et c’est là le signe des
temps, ce sera moins le passage d’un empire à un autre, comme l’histoire nous y
a habitué, mais le passage du vieil homme, de l’homme solitaire, individualiste
et matérialiste à un homme nouveau, à l’homme solidaire, porté par la
conscience et l’intériorité.
Une réflexion,
inspirée par les Mayas et alimentée par ces deux grands scientifiques du siècle
dernier, Teilhard de Chardin et Albert Einstein.
Oscar Fortin
Québec, le 21
décembre 2012
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