Hier, c’était le dernier
discours officiel d’Obama en tant que président des États-Unis. Un discours
d’adieu qu’il a tenu à prononcer dans la ville où il avait célébré sa
première victoire à la présidence. Il ne
fait aucun doute que cette intervention constituait un véritable défi pour
sauvegarder, à tout le moins, le lien
entre le rêve qu’il avait représenté, en 2008, et la réalité, en 2017, qui contraste
énormément d’avec ce rêve. Pour plusieurs, il représente une grande désillusion
et pour d’autres, il demeure le Président qu’ils ont toujours rêvé.
Ce discours, comme plusieurs
pouvaient l’imaginer, vient confirmer le fait que les contradictions entre l’humanitaire
et le guerrier qu’il est sont complètement ignorées. Les paroles de l’humanitaire ont leur compartiment et leur logique
tout comme celles du guerrier ont les
leurs.
Cette approche des deux
logiques m’a rappelé ces paroles, prononcées par
Obama au sommet du G-20, en 2014, insistant sur le fait de respecter avec fermeté les principes fondamentaux qui doivent régir
les relations internationales, entre
autres, celui « qu’on ne peut envahir
d’autres pays ou financer des mandataires et les soutenir d’une manière qui
désintègre un pays ayant des élections démocratiques. »
Il dit
cela en utilisant la logique du compartiment humanitaire et en ignorant
complètement la logique du compartiment guerrier qui a déjà à son crédit les
interventions en Libye, en Ukraine, en Syrie, au Venezuela, au Honduras, au
Paraguay et dans bien d’autres pays, victimes de ces interventions.
Dans son
discours d’adieu, à Chicago, il a affirmé de la manière la plus naturelle que les
É.-U. ne doivent pas «devenir
un pays qui intimide les autres». N’est-ce pas là une intention
merveilleuse pour les peuples et les nations saturés des guerres qui les
rejoignent ou les menacent de les rejoindre. Malheureusement, les faits parlent
dans un sens tout contraire.
Dans le
cas présent, il ignore que Les
États-Unis ont largué l’équivalent de trois bombes par heure dans le monde en
2016 et qu’ils ont, à eux seuls, au cours des 60 dernières années, provoqué
plus de 201 conflits armés.
La seule manière de comprendre ces contradictions qui
n’effleurent d’aucune manière son esprit serait l’existence dans son esprit de ces
deux compartiments hermétiquement isolés l’un de l’autre. Il peut, ainsi parler
avec conviction et sincérité de guerres et d’invasions d’autres nations comme ce
fut le cas en Libye puis en Syrie. Il lui suffit de dire que c’est pour
défendre la démocratie et l’ordre du monde. Il peut également parler de lutte
contre le terrorisme tout en les soutenant financièrement et en
en faisant des collaborateurs pour atteindre des objectifs de prise de
contrôle de gouvernements, comme c’est le cas, entre autres, en Syrie. Il peut faire des menaces, imposer
des sanctions, créer un climat de peur et d’insécurité sans que cela lui pose
problème. Le Venezuela qui vit en
démocratie a fait l’objet d’un décret d’Obama qui le déclare une menace pour la
sécurité et les intérêts des États-Unis. En termes techniques, il s’agit d’une véritable déclaration de guerre
l’autorisant à intervenir militairement au moment qu’il le jugera opportun. Il
ne lui vient pas à l’esprit que ce décret représente une véritable menace suscitant insécurité et peur chez la
population vénézuélienne.
Au même moment, dans un autre contexte, il peut parler de
justice, de respect des droits des personnes et des peuples ainsi que de la
nécessaire union des nations et des États pour faire un monde meilleur. Il peut
parler des pauvres, des déshérités qui souffrent des discriminations et qui
sont trop souvent rejetés sans que leurs droits soient pris en considération et
respectés. Il peut, comme ce fut le cas dans son discours d’adieu, parler
de la pauvreté, tout en
augmentant les allocations à donner aux ex-présidents dont il fera partie
dans quelques jours.
Je pense
que ses deux mandats à la présidence des États-Unis ont été gagnés grâce à la
logique de l’humanitaire et que sa
gouverne au bureau ovale de la Maison-Blanche a été inspirée et guidée par la
logique de domination et de conquête. Dans le premier cas, il parle de démocratie,
de non-intervention dans les affaires internes d’autres peuples, du respect du
droit international tel qu’énoncé dans la charte des Nations Unies. Dans le
second cas, les États-Unis ne peuvent d’aucune manière prendre du recul sur
leur droit « divin » d’être les leaders du monde. Toute puissance
visant à les destituer de ce rôle représente une menace à leurs intérêts et à
leur sécurité nationale. Ce leadership mondial que les États-Unis s’attribuent
ne peut être remis en question, même pas par les Nations Unies.
À en
croire la déclaration toute récente de celui qui sera le prochain Secrétaire
d’État dans le cabinet de Trump, cet objectif
du maintien du leadership mondial des États-Unis pour diriger le monde
sera maintenu. Selon lui, sans les États-Unis
pour assurer ce leadership le monde irait droit vers le chaos.
Une tradition qui semble vouloir se maintenir et qui comporte de nombreux
avantages dont, entre autres, celui d’intervenir là où ils veulent et y faire
ce que bon leur semble.
Il est
possible que Vladimir Poutine et une bonne partie des peuples du monde ne
l’entendent pas de la même manière. La
médaille de l’Ange da la paix que le pape François lui a remise lors de
leur rencontre au Vatican peut donner au
monde un sens à la paix qui ne soit pas le même dont se nourrissent
actuellement les maîtres du monde.
L’Année
2017 s’annonce avec de nombreux imprévus . De nombreuses élections, prévues
pour 2017, peuvent modifier le panorama politique qui prédomine présentement.
Oscar
Fortin
Québec, le
11 janvier 2017
Québec, le
11 janvier 2017
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