ON N'ENTEND PLUS À RIRE
Le président Obama sait très bien que pour le président Poutine le
principe de non-intervention dans les Affaires intérieures d’un autre pays est
sacré. Il sait également que ce principe doit s’appliquer tout autant en Syrie
que dans tout autre pays. Le président Poutine sait, pour sa part, qu’Obama
s’octroie le droit d’intervenir dans d’autres pays selon qu’il en juge la pertinence, en tant que leader du monde.
C’est dans cet esprit qu’Obama exige le départ de Bachar el Assad de la
présidence de l’État syrien pour le remplacer par une opposition, formée et armée
par les États-Unis. Ce sont là deux approches aux antipodes l’une de l’autre.
Lors du G-20, récemment réalisé en Chine, ces deux chefs d’État ont eu
l’occasion de se rencontrer pour trouver un terrain d’entente en vue de mettre
fin au conflit en Syrie, mais aussi en Ukraine. L’heure qu’ils ont pris à
échanger n’a pas suffi à trouver un terrain d’entente. M.
Obama a demandé, entre autres, à M. Poutine qu’il intervienne auprès du
Président Bachar El Assad pour que ce dernier cesse de bombarder et d’attaquer
les forces armées de l’opposition syrienne, soutenues par les États-Unis et
l’OTAN. On peut également supposer
que M. Poutine a demandé au président
Obama de s’abstenir de toute intervention en Syrie sans l’accord préalable du
président Bachar Al Assad et, par la même occasion, lui rappeler qu’il
appartenait au peuple syrien de décider de ses dirigeants.
Cette confrontation entre la Russie de Poutine et les États-Unis
d’Obama a ceci de particulier : le soi-disant leader du monde a devant lui,
Vladimir Poutine, un autre leader qui a la force de caractère et la puissances
des armes pour résister aux pressions de ce dernier. Les sanctions, les menaces, les ultimatums
n’arrivent pas à ébranler ce Président qui fait du respect du droit
international une référence incontournable à ses engagements internationaux.
Les beaux discours n’ont d’écho en lui que dans les décisions prises. Avec
Vladimir Poutine, les enrobages sont vite décodés et les objectifs poursuivis,
vite mis à nue.
Vendredi, le 9 septembre, la diplomatie a fait un nouvel effort avec
cette rencontre de plus de dix heures entre John Kerry et Sergueï Lavrov. Seul
l’avenir nous dira si les décisions prises sont pour gagner du temps et/ou
permettre de scruter encore davantage les stratégies de l’adversaire. Ils en sont venus à
une entente de cessez-le-feu que le ministre des Affaires extérieures de
Russie décrit ainsi :
"Nous
nous sommes entendus sur les régions dans lesquelles nous effectuerons des
frappes aériennes. En accord avec les dirigeants syriens, seules les Forces
aérospatiales russes et la Force aérienne des États-Unis auront le droit de
travailler dans ces régions. En ce qui concerne les Forces armées syriennes,
elles opéreront dans d'autres régions non concernées par la coopération
russo-américaine", »
Il est intéressant de noter le fait que l’intervention des États-Unis,
dans le cadre de cet accord, se réalisera avec
l’accord du gouvernement syrien. Un accord, en somme, qui respecte le droit
et les prérogatives de l’État syrien, seul mandataire du peuple syrien. De part
et d’autre, on gagne du temps, mettant de nouveau à l’épreuve les véritables
intentions des uns et des autres. On peut être assuré que cette fois, le
ravitaillement des terroristes et de l’opposition armée syrienne sera observé
de très près. Les interventions concertées des États-Unis avec la Russie seront scrutées à la loupe.
Je soupçonne Vladimir Poutine de vouloir prendre tout son temps pour
s’assurer que tous les moyens diplomatiques ont été épuisés et que la guerre à
venir frappe là où ça fera vraiment mal à l’adversaire. Il sait que l’humanité
entière souffrira d’une telle guerre et, qu’une fois commencée, il n’y aura
plus de marche arrière possible. À ce jour, les provocations n’ont pas manqué
pour l’entraîner dans cette guerre. Il s’y est résisté, non pas par faiblesse,
mais par sens des responsabilités et par détermination à être celui qui demeure
maître de son agenda de guerre.
Oscar Fortin
Le 10 septembre 2016
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