samedi 10 septembre 2016

ÇA PASSE OU ÇA CASSE !

ON N'ENTEND PLUS À RIRE




Le président Obama sait très bien que pour le président Poutine le principe de non-intervention dans les Affaires intérieures d’un autre pays est sacré. Il sait également que ce principe doit s’appliquer tout autant en Syrie que dans tout autre pays. Le président Poutine sait, pour sa part, qu’Obama s’octroie le droit d’intervenir dans d’autres pays selon qu’il en juge  la pertinence, en tant que leader du monde. C’est dans cet esprit qu’Obama exige le départ de Bachar el Assad de la présidence de l’État syrien pour le remplacer par une opposition, formée et armée par les États-Unis. Ce sont là deux approches aux antipodes l’une de l’autre.

Lors du G-20, récemment réalisé en Chine, ces deux chefs d’État ont eu l’occasion de se rencontrer pour trouver un terrain d’entente en vue de mettre fin au conflit en Syrie, mais aussi en Ukraine. L’heure qu’ils ont pris à échanger n’a pas suffi à trouver un terrain d’entente. M. Obama a demandé, entre autres, à M. Poutine qu’il intervienne auprès du Président Bachar El Assad pour que ce dernier cesse de bombarder et d’attaquer les forces armées de l’opposition syrienne, soutenues par les États-Unis et l’OTAN.  On peut également supposer que  M. Poutine a demandé au président Obama de s’abstenir de toute intervention en Syrie sans l’accord préalable du président Bachar Al Assad et, par la même occasion, lui rappeler qu’il appartenait au peuple syrien de décider de ses dirigeants.

Cette confrontation entre la Russie de Poutine et les États-Unis d’Obama a ceci de particulier : le soi-disant leader du monde a devant lui, Vladimir Poutine, un autre leader qui a la force de caractère et la puissances des armes pour résister aux pressions de ce dernier.  Les sanctions, les menaces, les ultimatums n’arrivent pas à ébranler ce Président qui fait du respect du droit international une référence incontournable à ses engagements internationaux. Les beaux discours n’ont d’écho en lui que dans les décisions prises. Avec Vladimir Poutine, les enrobages sont vite décodés et les objectifs poursuivis, vite mis à nue.

Vendredi, le 9 septembre, la diplomatie a fait un nouvel effort avec cette rencontre de plus de dix heures entre John Kerry et Sergueï Lavrov. Seul l’avenir nous dira si les décisions prises sont pour gagner du temps et/ou permettre de scruter encore davantage les stratégies de l’adversaire.  Ils en sont venus à une entente de cessez-le-feu que le ministre des Affaires extérieures de Russie décrit ainsi :

 "Nous nous sommes entendus sur les régions dans lesquelles nous effectuerons des frappes aériennes. En accord avec les dirigeants syriens, seules les Forces aérospatiales russes et la Force aérienne des États-Unis auront le droit de travailler dans ces régions. En ce qui concerne les Forces armées syriennes, elles opéreront dans d'autres régions non concernées par la coopération russo-américaine", »

Il est intéressant de noter le fait que l’intervention des États-Unis, dans le cadre de cet accord, se réalisera avec l’accord du gouvernement syrien. Un accord, en somme, qui respecte le droit et les prérogatives de l’État syrien, seul mandataire du peuple syrien. De part et d’autre, on gagne du temps, mettant de nouveau à l’épreuve les véritables intentions des uns et des autres. On peut être assuré que cette fois, le ravitaillement des terroristes et de l’opposition armée syrienne sera observé de très près. Les interventions concertées des États-Unis avec  la Russie seront scrutées à la loupe.

Je soupçonne Vladimir Poutine de vouloir prendre tout son temps pour s’assurer que tous les moyens diplomatiques ont été épuisés et que la guerre à venir frappe là où ça fera vraiment mal à l’adversaire. Il sait que l’humanité entière souffrira d’une telle guerre et, qu’une fois commencée, il n’y aura plus de marche arrière possible. À ce jour, les provocations n’ont pas manqué pour l’entraîner dans cette guerre. Il s’y est résisté, non pas par faiblesse, mais par sens des responsabilités et par détermination à être celui qui demeure maître de son agenda de guerre.

Oscar Fortin
Le 10 septembre 2016






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