Monsieur le directeur,
Je viens de m’abonner au Devoir, ce qui m’amène à le lire plus assidûment. Dans l’édition du 11 juin 2002, page 5, apparaît un communiqué de l’agence France-Presse coiffé du titre « Monsieur W. BUSH» bête noire de Fidel.
Je ne sais pas si l’auteur de ce titre et ceux qui les autorisent sont au fait des relations de l’Administration Bush avec Cuba et plus encore des propos tout récents du Président W. Bush (20 mai 2002) contre Fidel et le régime qui encadre l’activité politique, culturelle, sociale et économique de l’Ile. Cuba ne vient-il pas d’être accusé d’axe du mal et de participer à la fabrication d’armes chimiques ? Fait qui a été par la suite démenti par M. Carter, ancien Président des États-Unis et l’Administration Bush elle-même. Le Président W. Bush n’a-t-il pas accusé Fidel Castro, dans un discours partisan, le 20 mai dernier, devant les anticastristes de Miami, d’être un tyran, un dictateur, de diriger un régime qui se solde par un échec ? Ce sont là des accusations graves et des propos qui commandent des réponses de la part des accusés. Doit-on alors reprocher à Cuba et à Fidel Castro de répondre à ces accusations ? Il est certain que les « accusés » ne disposent pas de la même tribune médiatique que les « accusateurs ». De plus, les préjugés qui se sont installés dans nos consciences tranquilles ne nous incitent pas toujours à briser les écrans de nos certitudes pour nous ouvrir aux analyses et arguments de la défense.
Je me suis fait un devoir de suivre de près ce débat et je puis vous assurer que les « accusés », Cuba et Fidel, le situent non pas au niveau des qualificatifs haineux, comme le laisse entendre l’article, mais à celui d’idées fondamentales sur la liberté, la justice, la moralité, l’humanisme. Ils le font également avec cette liberté que nous n’avons pas toujours et qui permet de lever le voile couvrant des intentions souvent douteuses et des intérêts questionnables derrière les politiques internationales de l’Administration Bush. Ainsi, la lutte contre le terrorisme qui rallie la grande majorité des pays peut subtilement se transformer, sous la gouverne de W. Bush, en une lutte contre tout ce qui met en péril les intérêts économiques et politiques des Etats-Unis. Dans ce dernier cas au diable les intérêts et besoins de l’humanité. C’est le cas du retrait de l’entente de Kyoto et du refus de participer à la Cour pénale internationale. C’est également le cas du blocus contre Cuba qui, au dire même de M. Carter et de la majorité des américains, n’a plus sa raison d’être. Plus de 95 % des membres des Nations Unies votent contre ce blocus tout à fait injustifié dans le cadre des lois internationales. Sur toutes ces questions nous pouvons évidemment diverger d’opinions mais encore faut-il que nous connaissions l’opinion de l’autre autrement que dans des généralités et au travers du prisme des préjugés de ceux qui nous les interprètent. Tous les discours de Fidel sont disponibles, en français, anglais et espagnol, sur le site internet de l’ambassade de Cuba à Ottawa et dans le journal Granma. Combien se donnent la peine de les lire ou à tout le moins de les consulter ?
Il y a actuellement, monsieur le Directeur, des choses très sérieuses qui se passent dans le monde et tout particulièrement avec l’Administration Bush qui a pour ainsi dire la voie libre pour agir comme elle l’entend. Les oppositions se font discrètes de la part des pays de la coalition pour la lutte contre le terrorisme et les groupes institutionnels comme les diverses Églises chrétiennes sont soit absorbées par la gestion des abus sexuels de leurs ministres, soit complètement installées à l’écart des débats portant sur les grandes valeurs de l’humanisme contemporain : le respect des personnes et des peuples, la justice étendue à l’humanité et à toutes les nations, la liberté portée par la qualité d’un environnement sain et le savoir, la responsabilité sociale et politique de tous et chacun. Dans pareil contexte il n’est pas surprenant que le sens critique et les voix prophétiques n’arrivent que difficilement à se faire entendre dans leur intégralité.
Je crois que Le Devoir a cette ouverture d’esprit et cette liberté pour permettre à ces voix de se faire entendre dans leur intégralité. C’est dans cet esprit que je vous soumets cette opinion.
Oscar Fortin, politologue
Je viens de m’abonner au Devoir, ce qui m’amène à le lire plus assidûment. Dans l’édition du 11 juin 2002, page 5, apparaît un communiqué de l’agence France-Presse coiffé du titre « Monsieur W. BUSH» bête noire de Fidel.
Je ne sais pas si l’auteur de ce titre et ceux qui les autorisent sont au fait des relations de l’Administration Bush avec Cuba et plus encore des propos tout récents du Président W. Bush (20 mai 2002) contre Fidel et le régime qui encadre l’activité politique, culturelle, sociale et économique de l’Ile. Cuba ne vient-il pas d’être accusé d’axe du mal et de participer à la fabrication d’armes chimiques ? Fait qui a été par la suite démenti par M. Carter, ancien Président des États-Unis et l’Administration Bush elle-même. Le Président W. Bush n’a-t-il pas accusé Fidel Castro, dans un discours partisan, le 20 mai dernier, devant les anticastristes de Miami, d’être un tyran, un dictateur, de diriger un régime qui se solde par un échec ? Ce sont là des accusations graves et des propos qui commandent des réponses de la part des accusés. Doit-on alors reprocher à Cuba et à Fidel Castro de répondre à ces accusations ? Il est certain que les « accusés » ne disposent pas de la même tribune médiatique que les « accusateurs ». De plus, les préjugés qui se sont installés dans nos consciences tranquilles ne nous incitent pas toujours à briser les écrans de nos certitudes pour nous ouvrir aux analyses et arguments de la défense.
Je me suis fait un devoir de suivre de près ce débat et je puis vous assurer que les « accusés », Cuba et Fidel, le situent non pas au niveau des qualificatifs haineux, comme le laisse entendre l’article, mais à celui d’idées fondamentales sur la liberté, la justice, la moralité, l’humanisme. Ils le font également avec cette liberté que nous n’avons pas toujours et qui permet de lever le voile couvrant des intentions souvent douteuses et des intérêts questionnables derrière les politiques internationales de l’Administration Bush. Ainsi, la lutte contre le terrorisme qui rallie la grande majorité des pays peut subtilement se transformer, sous la gouverne de W. Bush, en une lutte contre tout ce qui met en péril les intérêts économiques et politiques des Etats-Unis. Dans ce dernier cas au diable les intérêts et besoins de l’humanité. C’est le cas du retrait de l’entente de Kyoto et du refus de participer à la Cour pénale internationale. C’est également le cas du blocus contre Cuba qui, au dire même de M. Carter et de la majorité des américains, n’a plus sa raison d’être. Plus de 95 % des membres des Nations Unies votent contre ce blocus tout à fait injustifié dans le cadre des lois internationales. Sur toutes ces questions nous pouvons évidemment diverger d’opinions mais encore faut-il que nous connaissions l’opinion de l’autre autrement que dans des généralités et au travers du prisme des préjugés de ceux qui nous les interprètent. Tous les discours de Fidel sont disponibles, en français, anglais et espagnol, sur le site internet de l’ambassade de Cuba à Ottawa et dans le journal Granma. Combien se donnent la peine de les lire ou à tout le moins de les consulter ?
Il y a actuellement, monsieur le Directeur, des choses très sérieuses qui se passent dans le monde et tout particulièrement avec l’Administration Bush qui a pour ainsi dire la voie libre pour agir comme elle l’entend. Les oppositions se font discrètes de la part des pays de la coalition pour la lutte contre le terrorisme et les groupes institutionnels comme les diverses Églises chrétiennes sont soit absorbées par la gestion des abus sexuels de leurs ministres, soit complètement installées à l’écart des débats portant sur les grandes valeurs de l’humanisme contemporain : le respect des personnes et des peuples, la justice étendue à l’humanité et à toutes les nations, la liberté portée par la qualité d’un environnement sain et le savoir, la responsabilité sociale et politique de tous et chacun. Dans pareil contexte il n’est pas surprenant que le sens critique et les voix prophétiques n’arrivent que difficilement à se faire entendre dans leur intégralité.
Je crois que Le Devoir a cette ouverture d’esprit et cette liberté pour permettre à ces voix de se faire entendre dans leur intégralité. C’est dans cet esprit que je vous soumets cette opinion.
Oscar Fortin, politologue
11 juin 2002 (lettre non publiée par le Devoir)
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