« GOD BLESS AMERICA? »
Nous sommes évidemment habitués au « God bless America » que les hauts dirigeants des États-Unis utilisent à la fin de chacune de leurs interventions officielles. Ils se placent ainsi sous la protection divine pour mener à bien leurs projets de politique intérieure et extérieure, tous centrés et agencés en fonction de leur sécurité et de leurs intérêts nationaux. Les intérêts des autres peuples, des autres nations ainsi que leur sécurité devront passer au second plan de leurs préoccupations et de leurs actions. Dans ces conditions, Dieu peut-il apporter sa bénédiction à une pareille politique?
Cette approche pourrait se comprendre s’il ne s’agissait pas de l’État le plus puissant de la planète, le plus fortement armé, nourrissant des ambitions de domination et de contrôle du monde. De plus s’ajoute le système politique et économique dont il se fait le promoteur. Un système politique qui assure, par le financement des partis politiques et la corruption, la main mise des oligarchies financières, économiques et militaires, sur la gestion de l’État. Un système économique, basé sur l’individualisme et la cupidité, ne laissant aucune place aux impératifs de solidarité, de justice et de vérité. Le bien commun dont s’occupe l’État devient le bien commun des privilégiés. Les autres, qu’ils se débrouillent.
Cette immense puissance dispose de nombreux moyens pour modeler la conscience des citoyens et citoyennes de manière à ce qu’elle soit perçue comme la main providentielle de Dieu qui la guide dans ses aventures tant au plan national qu’international. Ainsi, grâce aux techniques sophistiquées de communication, sa cupidité et ses ambitions de conquête deviennent dans les médias et puis dans la conscience d’un grand nombre : générosité, sacrifice, dévouement au service des droits de l’homme et des peuples, fidèle en la croyance en Dieu.
Toutefois, cette perception commence à s’effriter avec la mise à jour de révélations qui ont pour effet de miner cette image de l’apôtre et du missionnaire au service de la démocratie et des libertés. Il y a ces révélations d’un ex-agent à la solde de la Centrale d’intelligence de l’Amérique (CIA) qui montre comment « ces enfants bénis des dieux » agissent pour vaincre la volonté de ceux qui leur résistent. Dans cette vidéo, John Perkins relate les principaux outils utilisés pour corrompre ou éliminer les adversaires. De quoi faire rougir bien des dieux.
Qu’en est-il maintenant de l’usage systématique du mensonge, subtilement assaisonné de demi-vérités? Déjà nous connaissons le mensonge, monté de toute pièce pour justifier la guerre en Irak, laquelle fera plus d’un million de morts et de blessés, et ce n’est pas fini. Quant à la guerre en Afghanistan, elle a été déclenchée pour combattre le soi-disant terrorisme responsable de l’écroulement, le 11 septembre 2011, des tours jumelles. À ce jour on compte des milliers de morts, des centaines de torturés, des dizaines de milliers de blessés alors que les coupables de ces évènements demeurent toujours inconnus. Aucune enquête n’est parvenu à faire la lumière complète sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là et, dans les faits, qui en sont les véritables auteurs. Voir la vidéo qui suit.
Au Moyen Orient nous savons que les États-Unis ont un lien indéfectible avec l’État d’Israël. Cette solidarité, à leurs yeux, s’impose au delà des lois internationales et des droits fondamentaux des Palestiniens. Michel Collon, journaliste engagé au service de l’information et non de la désinformation, s’explique sur la question arabe. Il apporte un point de vue que nos médias officiels se gardent bien de présenter.
Maintenant que dire de cette guerre en Libye, qualifiée d’intervention humanitaire ? Comment concevoir une intervention humanitaire avec autant de bombes et de projectiles de toute nature? Depuis le début de cette intervention visant la protection des civiles, ce sont des centaines de personnes qui sont mortes sous ces bombardements à répétition. Les nombreuses propositions de chefs d’État d’Afrique et d’Amérique latine qui allaient dans le sens d’une approche diplomatique ont toutes été écartées sans qu’elles soient analysées. Rien à faire, il fallait sortir l’artillerie lourde pour écraser le gouvernement et rendre la marche plus facile aux mercenaires à la conquête du pouvoir et ainsi, par leur bon service, s’assurer une main mise sur les richesses du pays. Je vous invite à écouter de nouveau le journaliste, Michel Collon, sur cette question
À visionner également, sur ce même sujet, l’intervention de Thierry Meyssan, un autre journaliste préoccupé de vérité et d’information sur ce qui se passe réellement en Libye. S’il n’a pas toutes les réponses, il a par contre beaucoup de questions. Il revient d’un séjour en Libye où il a pu voir de ses yeux et entendre de ses oreilles.
Alors, à vous qui dites croire en Dieu, est-il possible que votre Dieu bénisse un tel système impérial, qu’il lui apporte soutien et protection? Si oui, ne devez-vous pas vous poser cette autre question de savoir ce qu’il peut bien représenter pour toutes les victimes de ces agressions que sont les millions de personnes tuées, les centaines de milliers de blessés, les dizaines de milliers de familles décimées, les enfants abandonnés ? Serait-il le dieu des puissants et en même temps le diable des démunis et des victimes?
Moi, le Dieu en qui je crois, ne peut pas bénir pareille mascarade au service d’autant de cupidité. Il ne peut pas bénir la corruption, l’assassinat, le mensonge, la torture et tout le reste qui va dans le même sens. Le Dieu en qui je crois et dans lequel ils disent également croire ne met pas sa force dans les armes pas plus que sa puissance au service des grands de ce monde. Il est plutôt avec les humbles de la terre, avec les artisans de justice et de paix, avec les amoureux de la vie faite de solidarité et de partage. Le Dieu en qui je crois n’a rien à voir avec les Caïphe, les Pilate et les Hérode des temps modernes.
Je ne saurais me rallier à un tel dieu, protecteur d’un tel empire, d’une telle puissance, d’une telle avidité, d’une telle suffisance. Lui demander qu’il bénisse autant d’ignominies c’est ignorer complètement qui il est vraiment.
Non, merci, le Dieu en qui je crois est tout autre.
Oscar Fortin
Québec, le 22 juillet 2011
http://humanisme.blogspot.com