dimanche 27 juillet 2008

APÔTRES ET PROPHÈTES SONT LES FONDATIONS DE L'ÉGLISE


Si je demandais à l’ensemble des chrétiens « QUI SONT LES FONDATIONS DE L’ÉGLISE », il est fort probable qu’un bon nombre répondrait que ce sont les apôtres et leurs successeurs, ceux-là mêmes qui ont reçu pour mission de porter le message de Jésus et de son Évangile jusqu’aux confins de la terre. À n’en pas douter ce serait également la réponse de plusieurs pasteurs, quelque soit les niveaux hiérarchiques où ils se trouvent. Mais voilà que Paul, cet apôtre qui a établi les bases des premières communautés chrétiennes, donnant vie à l’institution ecclésiale, nous dit que les apôtres ne sont pas seuls, qu’il y a un autre partenaire tout aussi important, les prophètes. Ainsi, selon Paul, les apôtres avec les prophètes constituent les fondations de l’Église dont la pierre d’angle est Jésus lui-même. S’adressant aux chrétiens d’Éphèse, il a ces propos au sujet de l’édification de l’Église:

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. 21 C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. » (Ép. 2,20-21)

Cette référence de Paul aux apôtres et aux prophètes n’est pas sans rappeler la présence du prophète Élie et celle de Moïse lors de la transfiguration de Jésus. (Mc. 9, 2-4) Moïse n’est-il pas celui qui représente la Loi alors qu’Élie, représente le prophète qui révèle le sens et l’esprit de la Loi? Ainsi, la Loi sans la présence du prophète devient vite « lettre morte » alors que la prophétie sans enracinement dans l’esprit de la Loi devient vite charlatanisme?

Jésus, par rapport au Sanhédrin et aux grands prêtres qui en assumaient la direction, ne s’est-il pas fait prophète en rappelant sans cesse le sens à donner à la Loi révélée par Dieu qui ne peut, en aucun moment, être confondue avec les lois établies par les grands-prêtres eux-mêmes? Ainsi, l’homme n’est pas au service du sabbat, mais le sabbat au service de l’homme; il n’est pas venu pour sauver ceux qui se croient parfaits, mais ceux qui se savent pécheurs; le commandement de l’amour de Dieu et celui de l’amour du prochain renferment toute la loi et les prophètes. Ce sont là des correctifs que seul le prophète peut apporter et que l’apôtre doit prendre en compte.

Si la présence d’apôtres dans l’institution ecclésiale ne fait pas de doute, il n’en va pas de même pour la présence des prophètes. En effet, quelle est la place qu’ils y occupent en tant qu’un des deux piliers de l’Église ? Ils sont évidemment présents un peu partout dans les communautés de base, dans les divers milieux ecclésiaux, dans les universités, mais qu’elle place leur reconnaît-on, en tant que prophètes, dans l’organisation et la vie de l’Église? Constituent-ils une référence aussi digne que celle des apôtres? Leur donne-t-on la parole dans les instances les plus élevées du pouvoir? Peuvent-ils s’improviser et prendre eux-mêmes la parole dans ces mêmes milieux sans devoir demander la permission et encore moins demander ce qu’ils doivent dire ou pas? Pourrait-on imaginer un conclave composé d’autant de prophètes que d’apôtres?

Comment peut-on discerner le vrai prophète du charlatan? Déjà Paul nous donne quelques indices, d’abord que sa parole « soit en accord avec la foi » (Rm. 12,6), et en second lieu que la communauté des croyants y reconnaisse la foi qui les fait vivre. « Quant aux prophéties, dit Paul, que deux ou trois prennent la parole et que les autres jugent… » (1Cor. 14,29). À ces indices, nous pourrions ajouter que les véritables prophètes sont profondément engagés dans leur foi, témoignent par leur vie des valeurs du détachement, du partage, du don de soi allant parfois jusqu’à la mort. Leur parole n’est pas monnayable pas plus que leur vie. Pour n’en citer que quelques uns je mentionnerai l’abbé Pierre, maintenant décédé, qui a rappelé au Sanhédrin d’aujourd’hui que l’Église ne se vivait pas dans la sacristie mais dans les quartiers pauvres avec les sans abris. Dans cette même lancée nous pouvons mentionner ces prophètes en Amérique latine qui ont décloisonné la théologie traditionnelle pour en faire une Parole vivante de libération et de salut au service des plus démunis. C’est évidemment le cas de Mgr Romero et de Dom Elder Camara, mais aussi du père Ernesto Cardenal, et de la grande majorité des théologiens de la libération, dont plusieurs ont été assassinés. Plus près de nous, il y a Jean Vanier, ce témoin vivant de Jésus dans notre monde. Il partage sa vie avec des handicapés intellectuels et en leur nom et au nom de Jésus, il prend la parole pour rappeler là où est Dieu et là où il se laisse rencontrer. Chacun peut poursuivre en identifiant ces vrais prophètes qui sillonnent les quartiers de nos cités et qui prennent la parole.

L’histoire nous confirme malheureusement que ces prophètes sont souvent mis à l’écart, persécutés et, dans certains cas, exécutés sous les regards silencieux de ceux-là mêmes avec qui ils partagent les fondations de l’Église. De quoi faire réfléchir le Pape, les Évêques, les prêtres et tous les croyants. Sommes-nous de ceux qui faisons taire les prophètes ou de ceux qui, comme Nicodème, s’en approchons pour mieux comprendre le sens de ce que nous vivons ? L’institution ecclésiale leur laisse-t-elle l’espace qui leur permet d’exercer pleinement leur fonction? Il est évident qu’ils ne relèvent pas des apôtres pas plus que les apôtres d’eux, mais de Jésus, pierre d’angle de l’Église. N’est-ce pas en s’ouvrant aux messages des prophètes que l’Église retrouvera toute sa vitalité? Les communautés chrétiennes des cinq continents ne pourraient-elles pas identifier elles-mêmes ces prophètes porteurs d’un message qui révèle le sens de l’engagement chrétien pour les temps que nous vivons? Ainsi nous pourrions avoir 122 cardinaux et 122 prophètes pour choisir le successeur de Pierre. De quoi donner de l’Église une toute autre image. Le seul fait de penser que les communautés chrétiennes soient mises à contribution dans la délégation des prophètes, comme le suggère Paul lorsqu’il dit « que les croyants jugent », donne immédiatement une idée de l’ouverture à une nouvelle ère d’Église.

Oscar Fortin

27 juillet 2008

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jeudi 24 juillet 2008

CUBA EN CE 26 JUILLET 1953

Lorsque l’Angleterre entra en guerre contre Hitler et le nazisme, en 1939 et 1940, elle pouvait compter sur la participation de nombreux pays, dont la Russie et les États-Unis, et sur des armées disposant d’armes sophistiquées et en abondance. Des centaines de milliers de soldats furent envoyés au front. Certains y allèrent avec l’enthousiasme de la jeunesse, d’autres portés par un idéal de liberté à sauvegarder, d’autres enfin par contrainte, la conscription les y ayant obligés. Des dizaines de milliers moururent, certains sans jamais savoir vraiment pourquoi ils étaient là à combattre.

Le 26 juillet 1953, un petit groupe de jeunes cubains, mené par Fidel Castro, attaqua la Caserne de Moncada dans le but de renverser le dictateur Fulgentio Batista et, avec lui, tout un système de dépendance et d’exploitation du peuple. Ce dernier, une année plus tôt, le 10 mars 1952, grâce à un coup d’état, s’était emparé de tous les leviers du pouvoir. L’arbitraire et la corruption régnèrent alors sous le regard bienveillant du grand frère du nord, pendant que le peuple vivait dans la pauvreté, l’analphabétisme, la sous-alimentation et l’exploitation économique, sociale et culturelle. À ce moment, il n’y avait pas de ces campagnes, financées à coup de millions de dollars, pour dénoncer le non respect des droits humains, les mises à mort arbitraires et encore moins l’absence de démocratie, surtout lorsque les auteurs de ces crimes étaient des alliés soumis. Tout allait comme dans le meilleur des mondes. La mafia, les pouvoirs politiques et économiques marchaient main dans la main. Le peuple faisait reluire les souliers de ces seigneurs, coupait la canne à sucre, roulait les cigares et se nourrissait des miettes qui tombait de la table.

Mais, voilà qu’un petit groupe, encore dans la vingtaine, se révolte contre un tel régime qui se moque des conditions de vie de ces millions de cubains et cubaines, les exploitant au profit d’une société de consommation, de luxure et de servitude. « Dans les années 1950, les Américains contrôlaient 90% des mines de nickel et des exploitations agricoles, 80% des services publics, 50% des chemins de fer et, avec le Royaume-Uni, toute l'industrie pétrolière. » C’était l’ère de la grande liberté des maîtres à qui tout était permis et de celle de la paix qui rendait possible la main mise sur les richesses du pays et la soumission du peuple.

Ces jeunes, encore dans la vingtaine, ne peuvent tout simplement pas demeurer insensibles face à cette machine infernale qui déshumanise et piétine la condition humaine de ces millions de compatriotes cubains et cubaines. Ils ont présent à l’esprit l’humanisme qui a inspiré Marti, ce héro de l’indépendance et dont 1953 marque le centième anniversaire de sa naissance. Mort au combat lors de la guerre d’indépendance, il n’en a pas moins laissé une pensée vivante qui s’est tracé un chemin jusqu’à ces jeunes disposés à donner leur vie pour un tel idéal. Il eut ces pensées qui tombèrent comme des semences dans l’esprit de ces jeunes :

«La grandeur des chefs n'est pas dans leur per­sonne, mais dans la mesure où ils servent la gran­deur de leur peuple

«Celui qui ne se sent pas offensé par l'offense faite à d'autres hommes, celui qui ne ressent pas sur sa joue la brûlure du soufflet appliqué sur une autre joue, quelle qu'en soit la couleur, n'est pas digne du nom d'homme.» José Marti

Les idées d’avant-garde de ce héro de l’indépendance se résument dans « l’égalité des Peuples, des hommes, des races et des sexes. Analysant la politique extérieure des États-Unis, il met en garde l'Amérique Latine sur tout compromis politique et économique avec ce pays et dénonce son impérialisme naissant. » Une vision prophétique qui allait se confirmer dans les années à suivre et de façon particulière tout au long du vingtième siècle.

C’est donc portés par ces idéaux d’indépendance, de solidarité, de respect et de justice, que ces jeunes révolutionnaires, ayant à leur tête Fidel Castro, s’attaquèrent, ce 26 juillet 1953, à la Caserne Moncada, à Santiago de Cuba. L’attaque fut un cuisant échec, la majorité des prisonniers furent exécutés sommairement par les troupes batistiennes et les rebelles survivants, arrêtés la nuit suivante, furent jugés et condamnés. Castro, assumant lui-même sa défense dans une plaidoirie, devenue célèbre, « La historia me abolvera », conclut celle-ci avec ces mots: "Je terminerai ma plaidoirie d'une manière peu commune à certains magistrats en ne demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l'Ile des Pins ? Je vous demande simplement la permission d'aller les rejoindre, puisqu'il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés dans une République dirigée par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n'a aucune importance. L'histoire me réhabilitera."

Nous sommes loin de l’homme que nos politiciens et médias nous décrivent depuis plus de 55 ans comme un tortionnaire et un criminel. En dépit des centaines de tentatives d’assassinat (plus de 600), des millions de dollars investis pour dénaturaliser les acquis de la révolution cubaine, d’un blocus économique criminel qui dure depuis 50 ans et que condamne année après année la communauté internationale, Fidel est toujours là présent par ses réflexions et son exemple, fidèle à ses principes.

Aujourd’hui, l’Amérique latine s’en inspire et les peuples portent de plus en plus au pouvoir ceux et celles qui peuvent les conduire à leur pleine indépendance et à une société toujours plus solidaire. C’est le cas en Bolivie, en Équateur, au Venezuela, au Nicaragua, au Brésil, en Argentine pour ne nommer que les plus importants.

La lutte de ces jeunes, amorcée en ce 26 juillet 1953, est devenue une lutte de tous les peuples en quête d’indépendance et de justice. Leur souvenir doit inspirer nos engagements en faveur des chaînons les plus faibles de nos sociétés. Plusieurs y ont laissé leur vie. Que ce ne soit pas en vain.


Oscar Fortin

N.B. En 2006 j’ai écrit une réflexion sur cet anniversaire du 26 juillet 2006 qui a été publié sur différents sites dont celui d’alter info. Je vous en donne la référence :

http://www.alterinfo.net/CUBA-EN-CE-26-JUILLET-1953_a2602.html

http://humanisme.over-blog.com/article-3383396.html

jeudi 17 juillet 2008

UNE VOIX CRIE DANS LE DÉSERT: ON NOUS MENT

Lorsque les médias ne servent plus de relais à la transmission de ce qui va à l’encontre de leur « politique éditoriale » c’est l’information, essentielle à toute responsabilité personnelle et collective, qui en souffre. Pour comprendre ce phénomène il suffit de regarder comment on s’y est pris pour amener l’opinion publique étasunienne à soutenir l’Administration Bush dans sa guerre en Irak. Tous les grands médias ont assuré le relais aux thèses officielles de la présence d’armes de destruction massive et de liens de Saddam Hussein avec Al Qu’aida. C’était devenu la « politique éditoriale ». Beaucoup savaient que c’étaient faux, mais leurs voix se sont perdues dans le désert. Ainsi, sur la base de mensonges, enveloppés du plus grand humanisme et de la nécessaire sécurité nationale de l’Occident chrétien, des centaines de milliers de personnes sont mortes ou ont été blessées et des dizaines de milliers de familles à jamais brisées. Les responsables de ces crimes contre l’humanité, ce sont évidemment les menteurs et leurs complices, mais aussi l’indifférence des citoyens face aux décisions politiques de leurs dirigeants.

Nous sommes de nouveau pris au piège de scénarios trompeurs qui permettent de convertir en actions humanitaires la présence de nos soldats en Afghanistan. Les journalistes qui assurent le relai de l’information sont intégrés aux forces armées sur le terrain. Ils jouent le rôle d’attaché de presse de l’armée et du gouvernement canadien. Ils sont des spécialistes pour vendre l’idée que la présence de l’armée canadienne en Afghanistan est indispensable Ce serait comme si on demandait à l’attaché de presse du Premier ministre de nous faire l’analyse critique des décisions qu’il prend, alors que sa fonction est de présenter les décisions du Premier ministre de manière à ce qu’elles soient perçues comme les meilleures. Tous comprendront que pour une telle critique mieux vaut s’adresser à un journaliste indépendant, pour autant, toutefois, que « la politique éditoriale » en autorise la publication. Il en va de même pour l’Afghanistan où nous n’avons aucun journaliste « indépendant » qui permettrait cette analyse critique. La solidarité oblige.

Tout récemment, lors du voyage conduisant la flamme olympique jusqu’à Pékin, nous avons été témoins de l’état d’âme humaniste de nos chefs d’état, scandalisés par les conditions du non respect des droits humains au Tibet et en Chine. Même, notre premier ministre, M. Harper, n’a pas encore décidé s’il allait participer aux cérémonies d’ouverture de ces jeux en protestation au non respect de ces droits. C’est dire l’attachement qu’il porte au respect des droits humains. De quoi nous édifier tous si ce n’était la présence de l’envers de la médaille qui nous montre un homme qui se moque éperdument du respect de ces mêmes droits. Le monde a pu voir dans une vidéo qui a fait le tour du monde le sort que ce même M. Harper réserve à ce jeune canadien, Omar Kadhr, détenu à Guantanamo depuis plusieurs années. D’ailleurs, une pétition auprès du Premier ministre canadien circule actuellement pour qu’Omar Kadhr soit rapatrié au Canada. Il ne semble pas que cette pétition l’émeuve beaucoup.

Nous connaissons tous ce Centre à Guantanamo, créé par l’Administration Bush dans le but d’échapper à la justice constitutionnelle des États-Unis et du droit international. Bien des horreurs s’y sont produites à l’abri des regards indiscrets. Je me permets de relever ce témoignage émouvant de ce journaliste qui y a été détenu pendant plus de six ans et demi. Son histoire se vit dans notre cour (l’Amérique), sous la responsabilité de nos dirigeants (complicité Bush-Harper), avec un silence complice de nos médias. Sami El Haj n’est pas le seul à vivre ces choses. Il y en a des centaines, peut-être même des milliers d’autres qui vivent pareilles situations dans nos prisons dispersées dans le monde, sous les regards inflexibles de nos dirigeants qui trouvent, par contre, les chinois, les iraniens, les cubains bien cruels. Un poids, deux mesures : le poids c’est le non respect des droits humains, les deux mesures ce sont, dans le cas de l’ennemi, même si ce n’est pas toujours prouvé, quelque chose d’inacceptable, de complètement inhumain, alors que dans son propre cas, c’est quelque chose de justifiée et de nécessaire. La justice, comme dit si bien M. Harper, ne doit-elle pas suivre son cours normal.

On nous ment actuellement sur l’Iran. On prépare les esprits à applaudir l’invasion de ce pays et à accepter que le Canada soit de la partie. Pensez-vous réellement que nos navires de guerre s’en vont dans la mer méditerranéenne pour chercher des terroristes cachés dans des sous-marins ou encore pour y assurer la circulation des navires alors qu’aucun problème de cette nature n’est actuellement signalé. Cette mise en marche de notre flotte se réalise quelques jours à peine après la visite à Washington d’Ehud Barak, ministre israélien de la guerre, venu pour mettre au point les stratégies d’intervention en Iran. C’est comme si on venait de donner le feu vert pour le départ. On maintient ainsi l’opinion publique dans une bulle. On lui ment par ce qu’on dit et on lui ment par ce qu’on tait. L’action des dirigeants n’en sera que plus facile.

VIVE LA DÉMOCRATIE DU PEUPLE, L’ANARCHIE DES GOUVERNANTS ET LA SERVILITÉ DES MÉDIAS.

Oscar Fortin
Québec, le 17 juillet 2008

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samedi 12 juillet 2008

LE VATICAN SOUTIENT LE PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN



Cette nouvelle du soutien du VATICAN au programme nucléaire iranien n’a guère fait la manchette dans nos médias occidentaux. Pourtant, elle est d’un poids énorme au moment même où Israël s’apprête à mettre la dernière main avec Washington sur une intervention militaire de grande envergure. Il aura fallu qu’un site internet d’information alternative nous transmette l’information publiée par la Radio-Télévision de la République Islamique d’Iran.

Si tel est bien le cas, comment se fait-il que la voix de Benoît XVI ne se fasse pas entendre plus fortement sur le sujet de cette guerre aux conséquences les plus imprévisibles et moralement injustifiée? Son silence correspondrait-il, en dépit des déclarations du cardinal Tarcisio ‎Bertone, secrétaire d'État du Saint-Siège, à un appui tacite de sa part à cette autre aventure guerrière?

Y aurait-il une voix officielle qui rassurerait les interlocuteurs visés par des menaces de guerre et une voix officieuse qui donnerait son accord aux belligérants pour une intervention militaire? La voix officielle trouve peu d’écho dans nos médias, alors que la voix officieuse se laisse découvrir par des gestes, comme celui de ne pas recevoir le Président iranien lors de son passage à Rome, en juin dernier, et par des silences qui évitent de relever les dissidences et d’affirmer les principes de droit et de moralité en ces matières.

On se souviendra de la visite du cardinal Tarcisio ‎Bertone, à Cuba quelques mois avant celle de Benoît XVI à la Maison Blanche. Lors de cette visite, le Secrétaire d’État du Saint-Siège avait déclaré immoral le blocus économique et politique maintenu contre Cuba depuis plus de 46 ans. Une position officielle du Vatican très peu relevée par nos médias occidentaux. Par contre, lors de la visite de Benoît XVI à la Maison Blanche, visite couverte par la presse écrite et visuelle comme l’évènement de l’année, pas un mot sur ce blocus jugé immoral et inacceptable et encore moins sur les droits de l’Iran de développer son programme nucléaire à des fins pacifiques.

Évidemment, une fois les faits consommés, ce sera toujours le temps de reprendre ces prises de position officielles pour contrer les attaques des mauvaises langues suggérant la complicité du Saint-Siège dans l’aboutissement de ces actions, pourtant jugées immorales. Nous sommes loin de retrouver ces combats musclés que mène l’institution ecclésiale contre l’avortement, la contraception, le mariage des personnes de même sexe. Par contre, ceux menés contre les guerres, surtout celles dont l’Occident chrétien prend l’initiative, se font beaucoup plus discrets et souvent même ne se font pas du tout. On serait porté à penser que la vie des embryons, devenus adultes, qui en seront les victimes ne représente pas la même valeur que celle des embryons en développement dans le sein de la mère. Ne doit-elle pas dire, dans tous les cas, que la vie est sacrée et s’opposer à toute intervention militaire ou subversive dont l’objectif est de tuer? Il en va de sa crédibilité et de celle du « discours » qu’elle tient.


Oscar Fortin

Québec, 12 juillet 2008

jeudi 3 juillet 2008

INGRID BÉTANCOURT ENFIN LIBRE DES FARC

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour cette jeune femme de conviction et profondément déterminée à aller jusqu’au bout d’elle-même pour servir son idéal de justice et de vérité. J’ai été solidaire de tous les mouvements visant sa libération des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC). J’ai suivi de près les diverses initiatives mises en place pour sa libération et de façon particulière celles, du printemps 2007, déployées par le Président Chavez en étroite collaboration avec le Président de la Colombie. Nous connaissons les imbroglios qui ont conduit à la mise à l’écart du Président Chavez et de la sénatrice colombienne, madame Cordoba. Toutefois, suite aux pressions exercées par les familles des prisonniers des FARC, de façon particulière de la famille d’Ingrid Bétancourt et du Président Sarkozy, auprès du Président Chavez et de la sénatrice Cordoba, de nouvelles initiatives ont été prises, toujours en collaboration avec le Président de la Colombie. Ces dernières aboutirent à la libération de trois otages et permirent de mettre à l’épreuve une approche de nature à favoriser d’autres libérations, incluant évidemment celle d’Ingrid Bétancourt. La suite de ces initiatives a été l’intervention de l’armée colombienne en Équateur, tuant 15 personnes, composés de soldats des FARC, dont leur négociateur, et de civils.

Si mon sentiment de joie est très grand suite à la libération d’Ingrid Bétancourt et de ses 14 autres compagnons et compagnes, il n’arrive toutefois pas à couvrir entièrement un autre sentiment, celui-là d’une récupération honteuse d’une personne qui symbolise ce qu’il y a de plus beau et de plus noble dans l’humain, soit l’intégrité, la détermination, le courage, l’engagement pour la justice, la paix et la vérité. Je suis également troublé par rapport au sort réservé aux autres prisonniers toujours entre les mains des FARC. Quel sort leur réservera-t-on et quelle crédibilité aura dorénavant le Gouvernement colombien pour négocier de bonne foi avec ces dernières. N’auront-ils pas le sentiment d’avoir été de nouveau trahis? D’ailleurs, avec la libération d’Ingrid Bétancourt, le gouvernement colombien déploiera-t-il la même énergie pour libérer les autres otages dont la valeur politique n’égalera jamais celle que représentait cette dernière?

La couverture médiatique donnée à cet évènement écarte de façon systématique toute référence aux efforts déployés par le gouvernement du Venezuela et de façon particulière par le Président Chavez. POURQUOI? Lorsque tous les dessous de cette libération seront connus, peut-être découvrirons-nous que sa mise en marche aura été possible que grâce à l’intervention du Président Chavez en qui les responsables des FARC ont toujours cru en la « Parole donnée ». Peut-être, également, découvrirons-nous que les ententes visaient la libération progressive de tous les prisonniers et l’abandon des armes par les FARC. Force est de constater que les conditions pour la suite des négociations sont maintenant différentes. Une fois épuisé tout ce qui peut être récupéré par les hommes politiques en place, il faudra bien poursuivre les efforts pour libérer les otages toujours entre les mains des Forces armées révolutionnaires colombiennes sans oublier les centaines d’autres, hommes et femmes de ces Forces, détenus dans les prisons de l’État. Toute paix honorable devra passer par cette voie. À moins qu’on décide l’usage de la force d’anéantissement sans égard aux otages, n’étant pas, ces derniers, politiquement rentables.

Entre temps, comment ne pas souhaiter à Ingrid et à tous les autres qui ont été libérés, de goûter les joies de retrouvailles familiales bien méritées tout en se donnant le temps de décoder ce vécu à la lumière des idéaux qui les nourrissent. La crédibilité d’Ingrid Bétancourt est et sera immense du fait qu’elle est allée au bout d’elle-même et qu’elle a un accès privilégié aux médias et à l’affection des gens de bonne foi. Sa responsabilité n’en sera que plus grande. Sa libération des FARC est une chose, mais il ne faudrait pas qu’elle soit prise en otage, cette fois, par une autre force qui la conduirait subtilement à trahir les grandes valeurs qu’elle a portées et représentées pour les humbles de la terre et toute personne de bonne volonté.

Oscar fortin

Québec, le 3 juillet 2008