En lisant ce titre dans Le Devoir du 15 mai 2008, je me suis posé bon nombre de questions. La toute première est évidemment celle portant sur les ennemis potentiels pouvant mettre en danger la sécurité du peuple canadien.
J’ai commencé par nos voisins les plus proches : les États-Unis au Sud et la Russie au Nord. Dans un cas comme dans l’autre toutes nos armes n’arriveront pas à la cheville des pouvoirs militaires dont ils disposent. Dans pareille cas, le vieux sage dirait mieux vaut négocier les différents que de les régler par un duel. Alors, qui sont donc les autres pouvant justifier pareil investissement, particulièrement en une période où les prix des aliments montent en flèche, que les pétrolières font la loi du prix du pétrole, que les travailleurs et travailleuses sont soumis aux compagnies nationales et multinationales lesquelles décident du jour au lendemain de fermer ici leurs entreprises pour les ouvrir ailleurs.
Évidemment, il y a les terroristes, ceux dont on entend parler sans jamais voir leurs visages. Vous me direz que le visage de Ben Laden est connu de par le monde entier. C’est vrai, mais est-ce bien Ben Laden qui justifie autant d’investissements dans la défense nationale : frégates, portes avions, chars d’assauts, avions des plus sophistiqués, hélicoptères de tous les modèles, satellites et quoi d’autres encore? Certains disent que ce personnage, associé au terrorisme, est mort depuis plusieurs années déjà. S’il est vivant, il faut croire qu’il n’est plus beaucoup très fort. En supposant que le terrorisme soit le véritable ennemi et que son mode d’intervention soit à visage caché, à quoi serviront les avions à réactions, les frégates et toute cette panoplie d’armes lourdes contre des individus fondus dans les foules?
Pour ma part, je pense que le pire ennemi pouvant mettre la sécurité des canadiens en danger demeure l’injustice érigée en système. Il y a en tout premier lieu celle qui affecte les canadiens dans leur système politique, économique et social. Nous savons que lorsque les effets de ces injustices atteignent le citoyen dans ses réalités vitales surgissent inévitablement des situations de crises que les avions militaires les plus sophistiqués n’arriveront pas à résoudre. À cette situation d’injustice nationale s’ajoute l’injustice qui affecte le système international, lequel conditionne les relations politiques, économiques et sociales des états et des peuples, faisant des deux tiers de l’humanité les sous-développés de la terre. L’ennemi devient alors les états qui forcent le maintien de privilèges au détriment du droit international ou se livrent à la défense d’intérêts corporatifs au détriment de celui du BIEN COMMUN. Si le Canada investissait tout cet argent (92 milliards $) à se faire le promoteur et le défenseur d’un système nationale et international de justice au service du Bien commun des individus et des peuples, sa sécurité serait assurée. À moins que ses véritables ennemis soient au nombre de ses amis actuels.
Je souhaite entendre la voix de nos conférences épiscopales sur ces investissements militaires et sur le sens à donner à la sécurité nationale. Je souhaite également entendre des voix de ce groupe des sages qui s’était fait un devoir de sonner l’alarme sur les dépenses et l’endettement de nos gouvernements, laissant les jeunes générations avec des dettes allant au dessus de leurs moyens. Ils ont même eu cette image de l’huissier frappant à la porte de nos enfants et petis enfants pour y saisir leurs biens. Si les dépenses dans le social pour s’occuper de la santé les préoccupaient tellement, combien plus de telles dépenses pour l’armée devraient-elles leur poser question.
Oscar Fortin
15 mai 2008
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