Comme plusieurs d’entre vous, j’ai écouté avec
attention les interventions du président des Etats-Unis, Barack Obama et celle
du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine. Deux interventions qui laissent entrevoir de
plus en plus clairement deux lectures et visions différentes du monde et de son
avenir.
Si ces interventions se font le plus
souvent sans l’accord des Nations Unies c’est que le système qui régit le
Conseil de sécurité rend caduques les résolutions qui devraient normalement leur
ouvrir la voie. C’est donc par obligation morale que le pays qui dispose de l’armée
la plus puissante au monde prenne à son compte les responsabilités que les
Nations Unies n’arrivent pas à prendre pour
assurer, partout où ça s’impose, le respect des droits des personnes, chasser
du pouvoir les dictateurs sans scrupules et œuvrer au développement des peuples.
Dans ce contexte, il n’hésitera jamais à utiliser toute la force de son armée
pour défendre les intérêts de son pays et ceux de ses alliés. (Vidéo de 8 min 8
s à 8 min 30 s)
Faut-il comprendre que les intérêts de son
pays et ceux de ses alliés passent avant les intérêts du bien commun de
l’humanité? Quelle autorité reconnait-il aux Nations Unies pour assurer la
protection des droits de la personne et des peuples? D’où peut-il tirer
l’autorité morale et politique pour décider de ce qui est bien et de ce qui est
mal, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce qui est juste et
injuste? De qui tient-il cette autorité? Des questions que Vladimir Poutine ne manquera
de soulever.
Vladimir Poutine, président de la
Fédération de Russie, a également pris la parole à cette même tribune de
l’Assemblée générale des Nations Unies. Sans éclat et sur un ton pratiquement
monocorde, ses paroles ont tracé et délimité tout à la fois les défis les plus
urgents à relever et les actions à entreprendre pour les résoudre. Il a insisté
sur le fait que ces interventions doivent se faire dans le plus strict respect
du droit international placé sous la juridiction des Nations Unies. Au nombre
de ces droits figure celui de la souveraineté des peuples qui peuvent seuls
disposer d’eux-mêmes. Le principe de la non-intervention dans les affaires
intérieures d’autres États demeure un principe sacré auquel toutes les nations
sont soumises, si puissantes puissent-elles être.
La priorité qui s’impose à l’ensemble des
nations est celle de la lutte contre le terrorisme qui s’exprime à travers
divers regroupements et dont la terreur qu’il sème fait fuir des centaines de
milliers de personnes vers des pays voisins et l’Europe. Une coalition
internationale sous l’égide des Nations Unies s’impose en collaboration étroite
avec les pays, particulièrement victimes de ce terrorisme. C’est dans cet
esprit que la Russie a pris des initiatives politiques avec les gouvernements
de Syrie et d’Irak, les partis d’opposition présents dans ces pays ainsi
qu’avec d’autres gouvernements, dont l’Iran
Comme on peut le voir, l’objectif n’est pas
de renverser le gouvernement de Bachar El-Assad et de procéder à un changement
de régime en Syrie, mais de combattre et de vaincre les terroristes sur le
terrain et de mettre un terme aux initiatives de ceux qui les financent et les
arment. Et c’est justement en cela que le président Obama est pris à son propre
piège. Les terroristes que la Syrie, l’Irak, l’Iran et d’autres pays
s’apprêtent à combattre de façon décisive, sont, pour une bonne part, éléments
des armées secrètes de l’Occident et tout particulièrement de Washington.
Déjà, à quelques reprises, le président Poutine
avait fait allusion à certaines décisions de Washington dans sa lutte contre le
terrorisme en Syrie. Il relevait, entre autres, le fait que les bombardements autorisés
ne correspondaient pas toujours aux informations données pour atteindre les
terroristes. Il y a eu également ces transferts mystérieux de soldats, formés
et armés par les États-Unis, qui passaient mystérieusement du côté des
terroristes.
Il faut revoir ici cette histoire des armées secrètes mise à jour par un historien suisse dont
les recherches ont porté spécifiquement sur ces armées secrètes qui se
développaient en parallèle avec les armées régulières. J’ajoute à cette
première référence cette autre, toute récente, sur le comportement de l’armée
étasunienne face à l’État islamique en Syrie.
Il faut également lire et voir cette vidéo-entrevue qui précise encore davantage ces liens du terrorisme avec Washington.
Poutine, l’air de rien, met Obama dans une
situation où un refus de participer à cette coalition contre le terrorisme le
mettrait en contradiction avec sa propre politique de lutte contre le
terrorisme. Par contre, en acceptant de se joindre à la coalition
internationale proposée par Poutine ça le conduirait à combattre sa propre
armée secrète. Dispose-t-il d’autres pièces dans son jeu pour éviter la mise « échec
au roi »?
À tout ceci s’ajoutent ces autres
interventions, à la Tribune des Nations Unies, qui mettent au clair les grandes
contradictions entre les propos du président Obama et les politiques menées par
ce dernier. Qu’il suffise de mentionner l’intervention de la présidente
d’Argentine, Cristina Fernandez, qui a mis à jour les jeux d’influence visant à
bloquer l’enquête sur les responsables de l’attentat terroriste contre
l’Ambassade d’Israël, en Argentine. Un Argentin, personnage important pour les
fins cette enquête, est réclamé par la justice argentine. Il se trouve
actuellement aux États-Unis, mais on se refuse à le livrer à la justice argentine
et rien n’est fait de la part du président Obama pour qu’il soit remis entre
les mains de la justice argentine.
Evo Morales raconte, qu’en 2006, à peine
arrivée au pouvoir comme Président, il a eu la visite de l’Ambassadeur des États-Unis,
puis de représentants du Sénat pour lui dicter les pays avec lesquels il ne
devait pas avoir de relations diplomatiques dont, évidemment Cuba. De telles
ingérences nous placent loin des propos que tenait, il n’y a pas encore si
longtemps, le président Obama. Il disait que les États-Unis avaient un principe
fondamental dans ses relations internationales avec les autres pays consistant dans
la non-intervention.
Obama, l’enchanteur, se retrouve piégé par
ses contradictions et ses mensonges, devenus une évidence pour la majorité des
peuples. Aujourd’hui, le président Poutine le met devant un choix qui le révèlera
dans ses projets les plus ambitieux. Saura-t-il s’en sortir?
Oscar Fortin
Le 29 septembre 2015