Note : Pour les chrétiens et les catholiques, le carême rappelle
cette longue marche dans le désert du peuple juif , libéré de l’esclavage auquel
il était soumis en Égypte, pour aller vers cette nouvelle terre, promise par
Moise au nom de Yahvé. Aujourd’hui,
cette marche se poursuit, mais le Moise des temps modernes (le Vatican) s’est
transformé en un allié de l’ennemi des peuples, qu’est l’empire, assoiffé de
pouvoir et de domination.
Pour la très grande majorité,
des catholiques, « Église » et « Vatican » se
confondent. Pourtant, ils sont ce qu’il
y a de plus opposé.
L’Église n’est-elle pas la communauté des croyants en Jésus de Nazareth, en sa
vie et en son message que nous révèlent
les Évangiles et l’Esprit saint qui distribue ses dons comme bon il
l’entend? Elle est au service de celui
qui en est l’inspiration et dont l’objectif est de redonner à l’Humanité
l’image et la ressemblance de son Créateur. N’a-t-il pas dit à ses
disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie et ce que vous
ferez aux plus petits des miens c’est à moi que vous le ferez » ?
Pour lui, l’hypocrisie, le mensonge,
l’injustice et tout pouvoir de domination sont des contaminants qui
empoisonnent l’Humanité et toute vie en société. Par contre, la compassion, la
miséricorde, la bonne foi, la solidarité, la vérité et la justice sont des
ingrédients qui renforcent le respect et l’amour, donnant vie à la communauté
humaine. À ses disciples et apôtres, il leur rappelle que pour le suivre il
faut tout laisser. Il n’y a pas de place pour servir deux maîtres, Dieu et Mammon ou encore les
peuples et l’Empire.
L’État du Vatican, par
contre, est, d’abord et avant tout, un pouvoir politique. Comme tous les États,
il a son gouvernement dont le Pape fait figure de président et le Secrétaire
d’État, de premier ministre. La Curie romaine est composée de divers
ministères, appelés dicastères et d’une fonction publique qui opère à
l’intérieur de chacun de ces dicastères. L’État du Vatican a des représentants
dans la majorité des pays du monde et
occupe un siège à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il représente, pour certains États, un
pouvoir d’influence important qu’ils ont intérêt à cultiver. En tant qu’État,
le Vatican couvre tout autant les activités religieuses de ses membres, prêtres,
évêques et cardinaux, à travers le monde, que les activités politiques, à travers les nonciatures apostoliques. Il
est tout à la fois une source d’information de premier plan et une source
d’intervention auprès des fidèles et des pasteurs. La distinction entre le
service à Dieu et le service à Mammon devient de moins en moins subtile. Il
faut noter que la Doctrine s’est substituée aux Évangiles et que les pasteurs et
disciples ont été transformés en fonctionnaires du culte.
Aujourd’hui, plus que jamais,
nous constatons ce glissement d’une Église au service des Évangiles à une
Église au service de Mammon. Ce
glissement n’a d’autres sources que la
domination complète de hauts dirigeants du Vatican sur l’Église et la Doctrine.
Pour illustrer cette affirmation, à résonnance radicale, je vous propose
l’analyse qu’en fait l’Historienne Annie
Lacroix-Riz, bien connue
dans le monde pour ses travaux sur le Vatican et ses engagements avec certains
pouvoirs dominants tout au long des deux grandes guerres mondiales (1914-1939). Je vous laisse en compagnie de
cette conférencière pour découvrir le visage caché du Vatican tout au long de cette
période.
Également, rôle du Vatican dans les relations internationales.
LA
GRANDE ALLIANCE DU VATICAN ET DE WASHINGTON (1978-2018)
Avec l’arrivée au Vatican du cardinal polonais, Karol Józef Wojtyła, qui régnera sur l’Église et le
Vatican sous le nom de Jean-Paul II, de 1978 à 2005, la puissance impériale des
É.U. trouvait l’homme qu’il lui fallait pour combattre les révolutions sociales
en Amérique latine. Ils se
sont vite mis d’accord pour combattre, en Amérique latine et dans les
Caraïbes, entre autres, ces révolutions, considérées, par ces derniers, de
communistes, de socialistes, de marxistes.
De nombreux prêtres et de plus en plus d’évêques, à l’époque, s’identifiaient
à la « théologie de
libération » qui accompagnait la lutte des pauvres pour plus de
justice sociale et de respect du droit des personnes et des peuples. Leur sympathie
pour cette théologie de libération en faisait des ennemis de l’Empire et du Vatican.
On raconte que le bref pontificat du pape
Jean-Paul Ier, ami de Mgr Helder Camara, évêque du Brésil, et sympathisant de
la théologie de libération, avait l’intention
d’en reconnaître officiellement les fondements et les objectifs. De quoi
inquiéter Washington et ses alliés sur le Continent latino-américain. Sa mort,
à peine 33 jours après son élection, a été ressentie avec beaucoup de
tristesse, par la grande majorité des peuples, alors que d’autres y trouvèrent
un grand soulagement. Ces derniers furent, d’ailleurs, les premiers à se réjouir de
l’élection au Pontificat de ce collaborateur acharné du syndicat Solidarnosc
sous la gouverne de Lech Walesa. En ce nouveau pape, tous les ingrédients y
étaient pour mener une lutte sans répit contre les révolutions sociales en
Amérique latine, étant toutes considérées
comme communiste et marxiste.
Je vous réfère à quelques articles qui
couvrent cette période où s’activèrent les papes, J.P. II, Benoit XVI et, d’une certaine
mesure, le pape François. La lutte de Washington, appuyée par le Vatican et les
épiscopats latino-américains, contre toute révolution sociale visant la
reconquête du contrôle de l’État et de ses richesses par le peuple entre dans
la catégorie de la lutte contre le communisme.
Le cas du pape François se présente
différemment. Par son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium et celle de Amoris laetitia, il s’est rapproché des peuples, des gouvernements
et organisme sociaux qui sont profondément engagés pour la justice sociale,
l’indépendance et la souveraineté de leurs peuples et pour la reprise en main
de leurs richesses naturelles. C’est particulièrement le cas de la Bolivie et du
Venezuela. Sauf que dans ces deux cas, les épiscopats nationaux, avec l’appui
discret du Vatican, s’opposent à ces peuples et gouvernements. Dans le cas du
Venezuela, l’épiscopat vénézuélien se présente et agit ouvertement comme une
véritable opposition politique.
Pour comprendre cette coopération, pourrait-on dire
naturelle, entre le Vatican et les épiscopats , il faut se rappeler que la
nomination des évêques se fait en fonction des intérêts qui unissent le Vatican
et Washington. Il faut également savoir que deux pactes ont été signés entre
Washington et le Vatican pour mener conjointement la lutte contre la révolution
de ces peuples. Dans un article portant sur la
prostituée de l’Apocalypse y figure le contenu de ces deux pactes.
EN CONCLUSION
Mon acte de foi:
Je crois en l’Église, la communauté de ceux et celles qui témoignent au
quotidien de leur foi en Jésus en se faisant humbles, amants de la vérité et de
la justice, solidaires des blessés de la vie, miséricordieux et accueillants à
l’endroit de toutes les personnes de « bonne foi ». Cette bonne foi qui est tout le contraire de
l’hypocrisie, de la manipulation et du mensonge. Le récit du jugement dernier
nous en donne les grandes lignes. (Mt.25,31-46)
Par contre, je ne crois pas au Vatican, ni en ses œuvres
ni en ses pompes. En lui, je ne vois
pas celui qui est à la source de ma foi,
Jésus de Nazareth, pas plus d’ailleurs
que l’Esprit qui illumine les Évangiles. Le discours de Jésus aux grands
prêtres et aux docteurs de la loi de son temps s’applique merveilleusement bien
à ceux qui règnent sur le Vatican. (Mt.23)
Oscar Fortin