mercredi 28 février 2018

L’ÉGLISE CATHOLIQUE ? OTAGE ? DE L’ÉTAT DU VATICAN




Note : Pour les chrétiens et les catholiques, le carême rappelle cette longue marche dans le désert du peuple juif , libéré de l’esclavage auquel il était soumis en Égypte, pour aller vers cette nouvelle terre, promise par Moise au nom de Yahvé.  Aujourd’hui, cette marche se poursuit, mais le Moise des temps modernes (le Vatican) s’est transformé en un allié de l’ennemi des peuples, qu’est l’empire, assoiffé de pouvoir et de domination.


Pour la très grande majorité, des catholiques, « Église » et « Vatican » se confondent.  Pourtant, ils sont ce qu’il y a de plus opposé.

L’Église n’est-elle pas la communauté des croyants en Jésus de Nazareth, en sa vie et en son message  que nous révèlent les Évangiles et l’Esprit saint qui distribue ses dons comme bon il l’entend? Elle est  au service de celui qui en est l’inspiration et dont l’objectif est de redonner à l’Humanité l’image et la ressemblance de son Créateur. N’a-t-il pas dit à ses disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie et ce que vous ferez aux plus petits des miens c’est à moi que vous le ferez » ? Pour lui,  l’hypocrisie, le mensonge, l’injustice et tout pouvoir de domination sont des contaminants qui empoisonnent l’Humanité et toute vie en société. Par contre, la compassion, la miséricorde, la bonne foi, la solidarité, la vérité et la justice sont des ingrédients qui renforcent le respect et l’amour, donnant vie à la communauté humaine. À ses disciples et apôtres, il leur rappelle que pour le suivre il faut tout laisser. Il n’y a pas de place pour servir deux maîtres, Dieu et Mammon ou encore les peuples et l’Empire.

L’État du Vatican, par contre, est, d’abord et avant tout, un pouvoir politique. Comme tous les États, il a son gouvernement dont le Pape fait figure de président et le Secrétaire d’État, de premier ministre. La Curie romaine est composée de divers ministères, appelés dicastères et d’une fonction publique qui opère à l’intérieur de chacun de ces dicastères. L’État du Vatican a des représentants dans la majorité des  pays du monde et occupe un siège à l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il représente, pour certains États, un pouvoir d’influence important qu’ils ont intérêt à cultiver. En tant qu’État, le Vatican couvre tout autant les activités religieuses de ses membres, prêtres, évêques et cardinaux, à travers le monde, que les activités politiques,  à travers les nonciatures apostoliques. Il est tout à la fois une source d’information de premier plan et une source d’intervention auprès des fidèles et des pasteurs. La distinction entre le service à Dieu et le service à Mammon devient de moins en moins subtile. Il faut noter que la Doctrine s’est substituée aux Évangiles et que les pasteurs et disciples ont été transformés en fonctionnaires du culte.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous constatons ce glissement d’une Église au service des Évangiles à une Église au service de Mammon.  Ce glissement n’a d’autres sources  que la domination complète de hauts dirigeants du Vatican sur l’Église et la Doctrine. Pour illustrer cette affirmation, à résonnance radicale, je vous propose l’analyse qu’en fait l’Historienne Annie  Lacroix-Riz, bien connue dans le monde pour ses travaux sur le Vatican et ses engagements avec certains pouvoirs dominants tout au long des deux grandes guerres mondiales  (1914-1939). Je vous laisse en compagnie de cette conférencière pour découvrir le visage caché du Vatican tout au long de cette période.


Également, rôle du Vatican dans les relations internationales.





LA GRANDE ALLIANCE DU VATICAN ET DE WASHINGTON (1978-2018)

Avec l’arrivée  au Vatican du cardinal polonais, Karol Józef  Wojtyła, qui régnera sur l’Église et le Vatican sous le nom de Jean-Paul II, de 1978 à 2005, la puissance impériale des É.U. trouvait l’homme qu’il lui fallait pour combattre les révolutions sociales en Amérique latine. Ils se sont vite mis d’accord pour combattre, en Amérique latine et dans les Caraïbes, entre autres, ces révolutions, considérées, par ces derniers, de communistes, de socialistes, de marxistes.  De nombreux prêtres et de plus en plus d’évêques, à l’époque, s’identifiaient à la « théologie de libération » qui accompagnait la lutte des pauvres pour plus de justice sociale et de respect du droit des personnes et des peuples. Leur sympathie pour cette théologie de libération en faisait des ennemis de l’Empire et du Vatican.

 On raconte que le bref pontificat du pape Jean-Paul Ier, ami de Mgr Helder Camara, évêque du Brésil, et sympathisant de la théologie de libération, avait l’intention  d’en reconnaître officiellement les fondements et les objectifs. De quoi inquiéter Washington et ses alliés sur le Continent latino-américain. Sa mort, à peine 33 jours après son élection, a été ressentie avec beaucoup de tristesse, par la grande majorité des peuples, alors que d’autres y trouvèrent un grand soulagement. Ces derniers furent, d’ailleurs, les premiers à se réjouir de l’élection au Pontificat de ce collaborateur acharné du syndicat Solidarnosc sous la gouverne de Lech Walesa. En ce nouveau pape, tous les ingrédients y étaient pour mener une lutte sans répit contre les révolutions sociales en Amérique latine, étant toutes  considérées comme communiste et marxiste.

Je vous réfère à quelques articles qui couvrent cette période où s’activèrent les papes,  J.P. II, Benoit XVI et, d’une certaine mesure, le pape François. La lutte de Washington, appuyée par le Vatican et les épiscopats latino-américains, contre toute révolution sociale visant la reconquête du contrôle de l’État et de ses richesses par le peuple entre dans la catégorie de la lutte contre le communisme.



Le cas du pape François se présente différemment. Par son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium et celle de Amoris laetitia, il s’est rapproché des peuples, des gouvernements et organisme sociaux qui sont profondément engagés pour la justice sociale, l’indépendance et la souveraineté de leurs peuples et pour la reprise en main de leurs richesses naturelles. C’est particulièrement le cas de la Bolivie et du Venezuela. Sauf que dans ces deux cas, les épiscopats nationaux, avec l’appui discret du Vatican, s’opposent à ces peuples et gouvernements. Dans le cas du Venezuela, l’épiscopat vénézuélien se présente et agit ouvertement comme une véritable opposition politique.

Pour comprendre cette coopération, pourrait-on dire naturelle, entre le Vatican et les épiscopats , il faut se rappeler que la nomination des évêques se fait en fonction des intérêts qui unissent le Vatican et Washington. Il faut également savoir que deux pactes ont été signés entre Washington et le Vatican pour mener conjointement la lutte contre la révolution de ces peuples. Dans un article portant sur la prostituée de l’Apocalypse y figure le contenu de ces deux pactes.


EN CONCLUSION

Mon acte de foi:

Je crois en l’Église, la communauté de ceux et celles qui témoignent au quotidien de leur foi en Jésus en se faisant humbles, amants de la vérité et de la justice, solidaires des blessés de la vie, miséricordieux et accueillants à l’endroit de toutes les personnes de « bonne foi ».  Cette bonne foi qui est tout le contraire de l’hypocrisie, de la manipulation et du mensonge. Le récit du jugement dernier nous en donne les grandes lignes. (Mt.25,31-46)

Par contre, je ne crois pas au Vatican, ni en ses œuvres ni en ses pompes.  En lui, je ne vois pas  celui qui est à la source de ma foi, Jésus de Nazareth,  pas plus d’ailleurs que l’Esprit qui illumine les Évangiles. Le discours de Jésus aux grands prêtres et aux docteurs de la loi de son temps s’applique merveilleusement bien à ceux qui règnent sur le Vatican. (Mt.23)



Oscar Fortin


mercredi 14 février 2018

LES DICTATEURS EN DÉMOCRATIE

LES PEUPLES ET LES OLIGARCHIES
                                          




Ce qui se vit présentement en Amérique latine, tout particulièrement au Venezuela, met clairement en évidence  la nature des deux démocraties qui sont, de toute évidence, incompatibles entre elles. Il y a dans l’un des deux cas une usurpation du sens originel donné à la démocratie par les philosophes grecs d’avant notre ère. Ces derniers définirent la « démocratie » comme le pouvoir du peuple pour le peuple. Jusqu’à nos jours, cette définition continue à s’imposer avec quelques variantes qui peuvent en modifier substantiellement  le sens.

LA DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE

Dans nos démocraties occidentales, dites représentatives, l’accent est mis sur la présence de partis politiques et sur des élections qui permettent à la population de choisir ses élus pour les représenter  dans la gestion de l’État au profit du bien commun du peuple. Exprimée ainsi, la démocratie garde tout son sens. Cependant, l’histoire nous enseigne que des pouvoirs dominants et bien argentés ont su prendre le contrôle de partis politiques ainsi que du choix de leurs principaux candidats. Ils ont également su s’assurer d’une bonne emprise sur les mécanismes électoraux de manière à ce que leurs choix initiaux soient confirmés par l’élection de ceux qui leur permettront de maintenir le régime de leur choix, leur accès aux richesses et leur  participation aux décisions fondamentales.  

Ces groupes puissants peuvent s’identifier aux oligarchies nationales et internationales et être, ce que certains auteurs appellent l’État profond. Ce sont finalement eux qui prennent le contrôle des pouvoirs de l’État et ce sont eux qui décident des grandes orientations politiques et économiques, tout comme des guerres et des alliances avec d’autres pays. Sur ces questions, le peuple n’a rien à dire et ne peut rien dire, l’information étant elle-même sous leur contrôle.

Cette démocratie que défendent l’empire étasunien et tous ses Alliés en Amérique latine et ailleurs dans le monde prend les allures d’une véritable dictature qui impose les régimes politiques et économiques qu’elle veut bien et que les peuples n’ont qu’à accepter et suivre. Nous pourrions l’appeler la dictature des oligarchies mise au service prioritaire de leurs propres intérêts. Les intérêts du peuple devront s’ajuster à ces derniers.

LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE

Dans la démocratie participative, comme c’est particulièrement le cas au Venezuela, il y a également divers partis politiques et des élections qui se réalisent conformément au chronogramme prévu dans la Constitution. D’ailleurs, il faut noter que cette Constitution a été élaborée en collaboration directe avec le peuple et votée par ce dernier par référendum. Ce seul fait contraste avec la situation de la majorité des pays de la région dont la  constitution est le produit d’une élite qui en a fait la rédaction et d’un Parlement qui en a confirmé la légalité.

Dans la Constitution vénézuélienne, le peuple peut en tout temps révoquer par référendum un élu, qu’il soit président, ministre ou maire. Cette démarche se fait conformément aux dispositions prévues dans la Constitution.  Cette procédure a été utilisée, en 2004, par l’opposition contre Chavez. Le peuple ne leur a pas donné gain de cause et Chavez a pu poursuivre à la tête du pays.

Il faut également noter que le système électoral vénézuélien a été élaboré de manière à rendre impossibles toutes les formes de fraudes et de tricheries auxquelles  donnent lieu les élections sous l’ancien régime.  Dans le cas du Venezuela, les morts ne peuvent plus voter. Chaque électeur et électrice sont identifiés par leur empreinte digitale et le vote qu’ils émettent est aussitôt pris en charge par des équipements électroniques qui font que le système électoral vénézuélien fut reconnu par la Fondation Carter et de nombreux observateurs internationaux  comme l’un des plus fiables au monde.

Cette mise en place d’un système électoral aussi blindé ne rend pas la tâche facile à ceux et celles qui avaient l’habitude de faire appel aux morts, à modifier le calcul des votes, etc.… Les fraudeurs ne peuvent pas compter sur des semaines, avec un accès facile, aux boîtes de votation pour s’assurer que le gagnant soit vraiment l’un des leurs. Le vote du peuple est celui qui est comptabilisé. Par exemple, au Honduras, un pays d’à peine 9 113 000  millions  de personnes, il y a eu des élections, le 26 novembre dernier. Il a fallu plus de deux semaines pour faire le compte des 6 046 873 votants. Ce fut le temps dont ils ont eu besoin pour frauder le vote du peuple et donner les apparences de démocratie en présentant leur candidat comme l’élu du peuple. Au Venezuela, avec plus de 18 millions d’ayants droit à voter, il n’y a pas de temps mort.  Les résultats sont connus la nuit même des élections.

Dans cette démocratie, le peuple est roi et maître. Il est impliqué par divers moyens  dans les décisions politiques et économiques. En juillet 2017, il a participé à l’élection d’une  Assemblée nationale constituante (ANC) composée de 545 personnes de tous les milieux, de toutes les régions, des diverses professions, etc. Plus de 8 089 329 personnes se sont déplacées dans des circonstances difficiles pour aller voter. Elles représentaient  41.53% de l’électorat vénézuélien. Un pourcentage qui demeure, malgré tout, bien au-dessus des 26% qui ont élu le président du Chili, en décembre dernier.

Il importe de signaler que cette Assemblée nationale constituante  représente le pouvoir suprême du peuple auquel  tous les autres pouvoirs de l’État doivent se soumettre. La convocation d’une telle ANC est du ressort du Président de la République. Il a utilisé ce pouvoir pour mettre fin aux actions criminelles d’une opposition qui semait la violence, la mort et la destruction dans le pays. Cette ANC constitue le  pourvoir originel du peuple. Il n’est fondé sur aucun parti politique et tous citoyens et citoyennes peuvent se présenter pour représenter les secteurs de leur appartenance.

Cette démocratie se dit participative et c’est le peuple qui en est le maître. En ce sens nous pouvons dire que le peuple vénézuélien est le dictateur de sa démocratie. C’est lui qui a, en tout,  le dernier mot. L’ANC a été convoquée pour une durée de deux ans. Le temps de stabiliser les pouvoirs de l’État et d’assurer la paix dans le pays.

On peut comprendre, dans pareil contexte, que les tenants de la démocratie représentative n’apprécient guère cette démocratie participative où c’est le peuple qui décide et non l’empire et ses oligarchies. Ce n’est pas pour rien qu’ils proclament à travers tous leurs médias, pour mieux confondre l’opinion publique internationale que Maduro est le dictateur et  qu’il faut intervenir pour restaurer la démocratie dans ce pays, le Venezuela. Les dictateurs de la démocratie représentative ne veulent pas de la dictature du peuple avec cette démocratie participative.

Tout récemment le secrétaire d’État des États-Unis s’est rendu dans plusieurs pays de la région pour promouvoir une intervention militaire au Venezuela, autant que possible, avant la tenue d’élections présidentielles prévues pour le 22 avril. Aussi curieusement, que ça puisse paraître, cette date, du 22 avril a été suggérée par l’opposition vénézuélienne dans le cadre des négociations de paix entre gouvernement et opposition. Il faut dire que cette dernière a été soumise à des pressions très fortes venant de Washington. L’accord de paix qu’elle s’apprêtait à signer ne l’a pas été, dû à ces pressions. Au moment même de la signature, cette opposition reçut un appel en provenance de Colombie. Il s’agissait du président de Colombie, Manuel Santos,  et  du Secrétaire d’État  des États-Unis, Rex Tillerson, alors en Colombie. La suite est que cet accord qui devait apporter la paix n’a pu être signé.

POUR CONCLURE

Disons d’abord que nous vivons sous deux régimes de démocratie, celui qui est dominé par les oligarchies et l’État profond et celui qui est soumis au pouvoir du peuple.  Les premiers aiment les élections sur lesquelles ils ont plein pouvoir, ce qui est le cas de la démocratie représentative, mais n’aiment pas les élections sous contrôle du peuple.  Par exemple, les douze pays identifiés comme faisant partie du groupe de Lima, dont fait partie le Canada, sont contre les élections présidentielles au Venezuela, programmées pour le 22 avril et voulues par le peuple vénézuélien. Ils se substituent au peuple vénézuélien pour décider à sa place de la pertinence ou pas de ces élections. Le plus scandaleux dans tout ça c’est qu’ils se réclament de la démocratie pour imposer au peuple vénézuélien leur volonté. Ils veulent interdire au peuple d’élire le président de leur choix. C’est de cette manière qu’ils disent vouloir restaurer la démocratie au Venezuela.

Oscar Fortin
Le 14 février 2018