« Le
21 décembre 2010, l'Assemblée générale des
Nations Unies a proclamé le 24
mars Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les
violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des
victimes. »
Cette reconnaissance du droit à la vérité
constitue un pas important quant à l’obligation des États et de leurs
organisations affiliées d’assurer la plus grande transparence relative aux
violations flagrantes des droits de l’homme. Il s’agit d’une première
reconnaissance du droit à la vérité dont les grands médias se gardent bien d’en
faire une frontière à l’information qu’ils transmettent à leurs auditeurs et
auditrices, à leurs lecteurs et lectrices. L’ampleur des technologies modernes
ainsi que leur mondialisation font que les propriétaires de ces grands médias
en arrivent à imposer comme vérité, la vérité qui leur convient le mieux de
transmettre des évènements, des personnes, des conflits et des guerres, sans se
soucier du droit des personnes à la vérité. Toute intervention de l’État visant
à les dénoncer et à les obliger au respect de ce droit sera interprétée comme
une attaque au droit à la liberté expression.
Les exemples ne manquent évidemment pas de ces
abus de pouvoir pour mentir et manipuler. Ce fut le cas pour vendre l’intervention
militaire en
Irak tant en 1990 qu’en 2003. Ce fut le cas
pour justifier l’intervention militaire en Lybie, puis en Syrie et tout récemment en Ukraine et au Venezuela. Dans ce dernier cas, cette manipulation est d’autant
plus criante que l’information alternative la confronte quotidiennement à la
vérité des faits, la laissant avec ses photos truquées, ses articles
diffamatoires sans fondements, etc. En somme, le mensonge dans sa nudité.
Tant et aussi longtemps que des législations
ne viendront pas encadrer ce droit à la vérité et à contraindre les médias et
les journalistes à le respecter, le mensonge et la manipulation continueront à
contaminer les esprits et à fausser le jugement. Pour le moment, les grands
médias se permettent à peu près tout au nom de la liberté d’expression dont ils
sont les seuls à disposer à l’échelle
régionale, nationale et internationale, ayant à leur disposition le contrôle
des moyens de communication. On ne peut comparer la liberté d’expression de
celui qui crie dans le désert à celle du magnat de la presse qui parle dans un
micro et devant une caméra, portant son message et son image aux quatre coins
du monde. Il est évident que le droit à la liberté d’expression n’est pas
partagé également et, de ce fait, que le droit à la vérité en est profondément affecté.
Deux gouvernements, l’Équateur et l’Argentine ont légiféré sur ce droit à
la libre expression en démocratisant la propriété des fréquences de radio et de télévision en trois tiers :
33 % pour les entreprises privées, 33 % pour le service public et 34 % pour les
médias communautaires. Au Venezuela, la majorité des ondes radio et télévision sont entre
les mains des grands conglomérats privés et tout mouvement pour en modifier les
composantes déchaîne une campagne contre l’État qu’on accuse d’atteinte à la
liberté de presse. Qu’on se souvienne de la guerre médiatique qu’avait suscitée, en 2009, la suppression de 34
médias audiovisuels. À croire tout ce qu’on racontait alors dans la presse
meanstream, Chavez aurait muselé tous les médias critiques à son endroit alors que
la part des chaînes privées était toujours, en 2010, 61,42 % par rapport à
5.4 % pour les chaînes publiques, les 33,14 % restants étant pour la
télévision à péage.
Ce
droit à la vérité doit être évoqué beaucoup plus souvent par les diverses
instances politiques et sociales. Une législation plus élaborée et
contraignante doit en confirmer l’importance. Les conseils de presse et leurs
composantes doivent être repensés de manière à leur assurer une plus grande
indépendance des médias. Des ressources et des moyens appropriés doivent être
mis à leur disposition pour qu’ils puissent intervenir plus fermement et plus
rapidement dans les cas portés à leur attention.
Ce
matin, 22 mars, sur un site espagnol, on rapportait une
intervention du pape François qui s’en prenait aux médias de communication,
qualifiant la désinformation comme étant son pire péché. Il ajoute que dans les
moyens de communication il y a actuellement beaucoup de contamination.
Oscar
Fortin
Québec,
le 22 mars 2014