jeudi 30 décembre 2010

HAÏTI

COMMENT REPRENDRE LE CONTRÔLE D’UN SCRUTIN


L'hypocrisie qui se transforme en vertu
Les résultats au premier tour du scrutin pour les présidentielles en Haïti n’ont pas été à la satisfaction d’un certain nombre de pays dont les États-Unis. Quant aux candidats perdants et à leur partisans, il était prévisible qu’ils ne soient pas très heureux d’être mis à l’écart du second tour. Personne n’aime perdre. Les manifestations qui ont suivi, sans doute provoquées par l’insatisfaction interne et possiblement encouragées par certains intérêts internationaux, ont bien servi la volonté des États-Unis de reprendre le contrôle de ces élections pour les ajuster à ses attentes. Il ne faut pas oublier qu'il y a toujours un 11 milliards de dollars qui attendent pour venir en aide au peuple Haïtien et que l'action des pays émergents de l'Amérique latine peut faire basculer Haïti dans leur camp.

Le scénario utilisé est de toute beauté. D’abord, il faut prendre en compte que le Brésil et plusieurs pays de l’Amérique du Sud ainsi que l’ONU avaient plutôt favorisé le respect de ces résultats que les observateurs internationaux avaient validés. Les manifestations locales, dans bien des cas amplifiées et mises en évidence dans la presse internationale ont donné prétexte au Canada pour retirer son ambassadeur. Mme Clinton a profité de l’occasion pour se réunir avec ses collègues d’Ottawa et du Mexique pour mettre au point une stratégie d’intervention et faire savoir au peuple et au gouvernement d’Haïti qu’il leur appartenait de prendre leurs responsabilités, que la « communauté internationale » ne pouvant tout faire. Rien en tout cela qui puisse avoir une quelconque parenté avec l’interventionnisme.

La table est donc mise pour qu’entre en action l’Organisation des États américains (OEA), organisme multilatéral régional des plus objectifs et hors de tout soupçon d’influences indues (comme il nous l’a démontré dans le traitement du coup d’état militaire au Honduras en 2009), pour qu’il demande au gouvernement et au Conseil électoral national haïtiens de retarder la publication des résultats du recomptage effectué par ces derniers. Il faut croire que ce recomptage ne changeait pas la « donne » des premiers résultats et était, par le fait même, suspect. Selon toute vraisemblance, le gouvernement Haïtien aurait alors demandé à l’OEA de procéder elle-même à un nouveau recomptage. À cette fin, trois pays ont été choisis pour procéder à ce recomptage. Par pur hasard et n’allez pas y voir quelque influence que ce soit, il s’agit des États-Unis, du Canada et d’un pays non membre de l’OEA, la France. Aucun pays de l’Amérique latine et des Caraïbes n’a été retenu, pourtant largement majoritaire en nombre dans l’OEA. Il faut croire que le destin arrange bien les choses et que de toute manière ces derniers n’auraient fait que d’ajouter aux problèmes déjà existants. Tout le monde conviendra qu'il est plus facile de s'entendre entre gens de la "même école de pensée".

Alors nous voilà donc dans la situation où les bulletins de vote sont remis entre les mains de ceux qui ne trouvaient pas leur compte dans les premiers résultats. Je vous assure que les résultats qui vont suivre seront, cette fois, les bons et surtout, ils seront conformes aux attentes de la « communauté internationale », comme ils ont l’habitude de s’appeler. La presse sur laquelle ils ont bon contrôle aura vite fait de valider leurs conclusions et de mettre en évidence l’apport inestimable de l’OEA à la démocratie en Haïti. Le peuple Haïtien ne pourra que se réjouir, à moins qu'il ne sache où se trouve vraiment son intérêt, que de tels résultats soient le reflet de la volonté de ses voisins du nord.

Oscar Fortin

Québec, le 30 décembre 2010
 
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mercredi 22 décembre 2010

UNE PENSÉE POUR NOËL ET LA VIE

AIMER

Je dédie cette pensée de façon toute particulière à deux femmes extraordinaires dont la vie entière témoigne de cet amour. La première s’appelle Hélène David de Jésus, nom qu’elle a fait inscrire dans les registres civils en remplacement d’Allens, nom orignal de sa famille. Sa vie mystique a les profondeurs du mystère de sa vie terrestre. Depuis 78 ans elle vit dans l’attente de tout sans y perdre son éternel sourire. La seconde, Thérèse, une bénévole auprès des personnes handicapées de la région d’Ottawa et active dans les activités sociales de son milieu, lutte actuellement contre un cancer agressif des poumons qui la place à la frontière de la vie et de la mort. Sa foi est grande et son combat intense. Sur la photo elle célébrait les 77 ans d'Hélène.




Pour aimer, il faut un cœur de pauvre.
Pour recevoir et donner,
Il faut aimer.

Si ton regard est suffisant,
ton comportement hautain,
ton jugement sans appel;

Si tu ne peux reconnaître en l'autre
Ce qu'il y a de bon,
D'aimable;

Si tu ne parviens plus à trouver l'excuse,
À comprendre la misère,
À respecter le mystère;

Si tu es seul à tout savoir,
À tout comprendre,
À tout souffrir;

Alors, c'est que ton cœur
N'a pas encore trouvé la pauvreté
Qui rend capable d'aimer.

Pour aimer, il faut un cœur de pauvre.
Pour recevoir et donner,
Il faut aimer.

Si ta présence élève plus qu'elle n’écrase,
Si ton jugement reconnaît plus qu'il ne nie,
Si l'autre devient plus vie que mort;

Si tu es capable de recevoir la critique
Sans voir le complot,
Sans te sentir diminué;

Si tu es capable de tirer plaisir
De la réussite et du succès de l'autre
Sans te mettre en cause;

Si tu parviens à toucher ta grandeur et ta misère,
À goûter les splendeurs du mystère,
À vivre à cœur ouvert;

Si tu parviens à saisir
Que l'humilité, la Vérité et la solidarité
Ne font qu'un

Alors, c'est que ton cœur peut aimer.



Oscar Fortin

Québec, le 25 décembre 2010

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dimanche 19 décembre 2010

JÉSUS DE NAZARETH

UN RETOUR QUI DÉRANGE

Il n'y a pas encore si longtemps, la foi et la religion catholiques se résumaient aux sacrements de l’Église, aux Commandements de Dieu, aux dogmes formulés tout au long des deux millénaires qui séparent le Jésus de l’histoire de cette Église que nous connaissons aujourd’hui. Le petit catéchisme était la Bible de nos connaissances et de notre foi. Les Évangiles n’étaient accessibles que dans leur version latine de sorte que peu pouvaient y accéder. Nous avions évidemment quelques notions de ce Jésus qui était descendu d’auprès de son Père afin de prendre sur lui les péchés du monde en se laissant crucifier sur une croix pour ensuite ressusciter et monter auprès de son Père jusqu’à son retour en vue de réaliser l’avènement d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle. Entre temps les croyants et croyantes se devaient d’observer les enseignements de l’Église, d’être fidèles à la célébration des sacrements, de reconnaître dans le pape, les évêques et les prêtres les représentants directs de Dieu sur terre. Ainsi, le temps venu, ils auront droit aux bienfaits du Royaume de Dieu.

Aujourd’hui, cette vision de la foi et de l’Église éclate de tout bord et de tout côté. D’abord, le monde ne vit plus dans un isoloir, mais sur la place publique d’un grand village qui regroupe tous les Continents. En second lieu, le développement des connaissances font s’évaporer bien des certitudes qui n’avaient de fondements que des croyances plus près du mythe que de l’histoire. En troisième lieu la relecture des Évangiles, éclairée par les connaissances modernes de l’exégèse, nous révèlent tout à la fois un Jésus profondément engagé dans l’histoire humaine et un monde toujours plus dominé par des forces qui en évacuent tout ce qu’il y en a d’humain. En quatrième lieu, la nature des conflits qui divisent les peuples, les nations et les personnes mettent davantage en évidence les véritables intérêts des belligérants ainsi que les effets dévastateurs de leurs actions sur l’ensemble de l’humanité. Dans ce monde, il y a d’une part des forces impériales qui dominent, par leurs armements, leur richesse et leurs influences, l’ensemble des États de la terre et une grande partie des églises et des religions. D’autre part, il y a également cette réalité, encore plus frappante aujourd’hui que ce ne l’était hier, plus des deux tiers de l’humanité vivent dans la misère et élèvent la voix pour réclamer justice, vérité, respect, solidarité, compassion.

Ce panorama, à l’échelle de la planète, a quelque chose de semblable, cette fois, à l’échelle de l’Empire romain, à celui qui existait au temps de Jésus. Tibère, le grand Empereur romain régnait sur toutes les régions accessibles à l’étendu de son pouvoir. Le monde d’alors vivait sous le règne de l’empereur Tibère. Les problèmes humains et sociaux directement générés par cet empire étaient, pour ainsi dire, à leur échelle, ceux que nous connaissons aujourd’hui. L’Empereur d’alors pouvait compter sur les pouvoirs religieux, comme c’est le cas aujourd’hui, pour garder les peuples dans ses bonnes dispositions tout en se couvrant de leurs richesses. Dans les écrits anciens on personnifiait l’esprit de cet empire comme appartenant au Règne de Mammon, dont le nom renvoie à richesse, argent, bénéfice, cupidité etc. En somme, un monde sous le « règne de la cupidité ».

L’arrivée de Jésus de Nazareth s’inscrit donc dans l’histoire de cet empire dominé par MAMMON. Par ses actions, ses paraboles, son enseignement il présente une alternative à ce type d’empire qui s’impose au monde par la richesse, la force des armes, le mensonge, l’exploitation et la corruption. C’est alors qu’il parle d’un nouvel empire, d’un autre royaume, celui-là, non plus dominé par le règne de Mammon, mais par celui de Dieu. Dans ce contexte Dieu est tout à l’opposé de Mammon. Il représente et signifie tout ce qu’il y a de bon, de vrai, de juste, d’humain. Sans en changer vraiment le sens, nous pourrions parler de la confrontation du règne de la « cupidité » avec celui de la « solidarité ». Jésus de Nazareth se fait le témoin par excellence de la « solidarité » auprès des pauvres, des pécheurs, des persécutés pour la justice et également auprès de toutes les personnes de bonne volonté. Il se dissocie par contre et avec la même vigueur des hypocrites, des menteurs, de tous ceux qui mettent sur le dos des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent eux-mêmes portés.

Sa venue, il y a deux mille ans, a secoué les colonnes des temples, bâtis de mains d’hommes, et a donné un souffle d’espérance à cette partie de l’humanité toujours à la recherche de paix, de justice, de vérité, de solidarité et de compassion. Les autorités et les puissances d'alors ne se sentent pas à l’aise avec ses paraboles sur les ouvriers de la dernière heure, sur le bon samaritain, sur le père de l’enfant prodigue, sur Lazare. Ils sont inquiétés par ses attitudes à l’endroit de la samaritaine, par celles à l'endroit de la prostituée et des pécheurs. Ils sont scandalisés par ses propos béatifiant les persécutés pour la justice, par ceux exigeant que les plus grands se fassent les plus petits et que les maîtres se transforment en serviteur, ou encore par son discours fleuve sur l'hypocrisie des pharisiens et des docteurs de la loi. Ils sont finalement complètement déstabilisés par l’annonce du règne de Dieu qui est déjà là et qui croîtra inexorablement, comme une semence mise en terre. À la manière d’un véritable rouleau compresseur ce règne de Dieu se substituera aux empires de la cupidité et du mensonge en instaurant un règne de solidarité, de justice, de compassion et de vérité.

Moins de trois ans de vie publique auront suffi pour que les pouvoirs en place, tant religieux que politiques et économiques, se rendent compte que ce Jésus de Nazareth devait être éliminé au plus vite. Sa présence , ses attitudes et son enseignement devenaient des plus dérangeants, mettant en cause l'ordre établi sur le pouvoir de l'argent et des armes. Il fallait qu'il disparaisse. 
Deux mille ans se sont écoulés depuis ce passage de Jésus dans le temps et pourtant le monde, avec ses conflits et ses contradictions, ne cesse de nous interpeller. Serait-ce par une sorte de miracle de l’histoire que la figure de ce Jésus reprenne une place prédominante dans la conscience de millions de personnes qui œuvrent toujours, souvent au risque de leur vie, pour un monde de solidarité, de justice et de vérité? N'est-il pas de nouveau l'inspiration et le soutien de ces millionz de militants et militantes qui oeuvrent toujours pour un monde nouveau, pour une humanité nouvelle? N’est-ce pas lui qui revient pour dénoncer l’hypocrisie et la cupidité des puissants et rappeler à ceux et celles qui ont pour mission d’annoncer aux pauvres la Bonne nouvelle du règne de Dieu qu'ils n’y arriveront jamais en étant, tout à la fois, complaisants et complices de ces puissances de domination? Personne, nous a-t-il dit,  ne peut servir Mammon et Dieu à la fois. Inévitablement, il aimera l’un et détestera l’autre.

Ces réflecteurs qui se posent acutellement sur ce monde du secret et des intrigues ne sont-ils pas un signe des temps annoncé par Jésus lui-même:

« Rien de secret qui n’apparaîtra au jour, rien de caché qui ne doive être connu et venir au grand jour. » (Mt. 8, 17)

Je ne saurais terminer cette réflexion sans référer le lecteur et la lectrice à cet excellent article du théologien José Antonio Pagola sur l’ « alternative » que représente Jésus de Nazareth pour l'humanité toute entière. Cet article est pour l'instant en espagnol.


Oscar Fortin

Québec, 19 décembre 2010

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samedi 18 décembre 2010

LES INTERVENTIONNISTES

DES EMMERDEURS OU DES COOPÉRANTS ?

Il y a à peine une semaine, la Secrétaire d’État des États-Unis avec ses collègues du Canada et du Mexique invitaient les Haïtiens à se prendre en main et à solutionner eux-mêmes leurs problèmes, prenant pour prétexte que la « communauté internationale » (parlant d’eux-mêmes) ne pouvait pas tout faire. Pas un instant leur est venu à l’esprit que le peuple haïtien se porterait sans doute beaucoup mieux si leurs relations avec ce pays avaient été moins interventionnistes et plus coopératives. Depuis la mise à la porte du Président Aristide par les GI, ils n’ont pas cessé d’en contrôler la gouvernance.

Plus au sud, le Venezuela et la Colombie vivent depuis plusieurs semaines de véritables désastres causés par des pluies comme jamais ils n'en avaient eues. En Colombie comme au Venezuela il y a des morts, de nombreux affaissements de terrains, des dizaines de milliers de familles qui doivent être hébergées dans des zones plus sécuritaires. Dans les deux pays c’est l’état d’urgence et les gouvernements doivent faire vite pour faire face à la situation.

En Colombie, le Président Juan Manuel Santos a décrété l’état d’urgence économique, social, écologique, mesure qui lui permettra de légiférer pour une période de 90 jours, l'autorisant à prendre des crédits internationaux et à utiliser des ressources budgétaires sans l’approbation du Congrès. Tout cela s’est fait sans que personne quelque part dans le monde s’en scandalise et pour cause.

Au Venezuela, le Président Chavez a demandé à l’Assemblée nationale de voter une loi, la Loi habilitante, qui lui donnera les pouvoirs nécessaires pour affronter l’état de crise que vivent des centaines de milliers de personnes. Cette disposition est prévue dans la Constitution et ne peut être décrétée unilatéralement par le Président comme c'est le cas en Colombie.  Elle doit être débattue et votée par l’A.N. Ce fut fait jeudi dernier avecl'appui de 157 voix, amplement suffisant pour être validée au premier tour. Vendredi, le 17 décembre, le Président l’a sanctionnée. Dans les circonstances, il n’y avait vraiment rien pour scandaliser qui que ce soit.

Mais voilà que la Secrétariat d’État à Washington, plus préoccupée d’ « emmerder » que de « coopérer », a eu le temps de donner une conférence de presse pour dénoncer cette « loi habilitante » qui donne au Président Chavez les pouvoirs nécessaires pour accélérer les mesures à prendre pour venir en aide aux populations affectées par ces pluies torrentielles. Voilà que soudain, ce qui avait été interprété comme tout à fait naturel pour la Colombie devient, pour le Venezuela, matière à une campagne internationale de dénigrement contre le Président Chavez.

Cet acharnement contre le Venezuela et le Président Chavez n’a d’autre fondements que ces intérêts oligarchiques et impériaux qui ne peuvent se résigner à ce qu’un peuple s’affirme et assume son propre destin. Chavez est, à ce jour, celui qui représente le mieux la grande majorité des Vénézuéliens et c’est pour cette raison qu’ils votent pour lui et l’appuient dans ses initiatives. Cette démocratie sur laquelle l’empire et les oligarchies n’ont pas de prise est un véritable poison qui tue le simulacre de démocratie dont ils se font hypocritement les apôtres.

Dans les nouvelles de ce matin, on apprend que Chavez se trouve de nouveau confronté à une nouvelle vague de tueurs à gage, plus nombreux que les vagues antérieures, dont l’objectif premier est de le tuer. Il a rassuré les siens en disant que ces menaces n’allaient pas l’enfermer dans une tour d’ivoire, mais qu’il allait plutôt et avec encore plus d’énergie se consacrer au service de son peuple et ,en ces temps particuliers, au service des plus affectés par ces pluies torrentielles.

Je pense que Chavez et son peuple méritent tout notre respect et j’ose espérer que la machine à la désinformation s’évanouira vite dans les ténèbres d’où elle vient.


Oscar Fortin

Québec, le 18 décembre 2010

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vendredi 17 décembre 2010

DES TÉMOINS DE NOTRE TEMPS

Il y a de ces personnes qui sont par leur vie, leurs engagements et leurs réflexions des témoins incontournables pour comprendre un peu mieux la trame de l’histoire qu’est la nôtre. Je voudrais laisser la parole à trois de ces témoins. Tous les trois ont 80 ans passés et demeurent toujours très actifs dans les débats qui interpellent tout autant la foi que les sociétés dans leur ensemble.


José Comblin, 87 ans, est un prêtre dont l’engagement et la pensée théologique se sont développés dans la mouvance des transformations sociales et religieuses de l’Amérique latine. Il a été associé très étroitement au développement de la théologie de libération et par ses écrits et son action il a eu son influence sur les documents des Conférences épiscopales latino-américaine de Medellin (1968) et de Puebla (1979). Je me permets de vous référer à quelques textes majeurs de ce témoin de la foi dans un monde en mouvance.

http://www.nsae.fr/2009/09/04/eglise-et-pouvoir-par-jose-comblin/

http://www.culture-et-foi.com/texteliberateur/joseph_comblin.htm

http://alainet.org/active/19415&lang=eshttp://alainet.org/active/19415&lang=es



François Houtard, 85 ans, prêtre et sociologue de réputation internationale a été de bien des combats. Toujours très actif il se retrouve un peu partout en Amérique Latine et en Europe, participant à des débats, donnant des conférences et partageant la vie des gens simples qu’il côtoie. Je laisse à votre réflexion quelques conférences ou entrevues qu’il a accordées récemment.

http://www.michelcollon.info/Francois-Houtart-Debout-les-jeunes.html

http://www.culture-et-foi.com/dossiers/theologie_liberation/francois_houtart.htm

http://www.youtube.com/watch?v=nKI5U0AAfLs



Noam Chomsky, 82 ans, est sans aucun doute un des intellectuels les plus courtisés et écoutés. Tout en étant d’abord un linguiste et philosophe de grande réputation, il est surtout un homme profondément engagé dans la compréhension des luttes qui divisent le monde. Ses analyses et commentaires constituent pour plusieurs un phare qui permet de voir au-delà des horizons qui confinent nos regards.

http://www.legrandsoir.info/Chomsky-la-sauvagerie-de-l-imperialisme-etats-unien.html

http://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992

http://www.legrandsoir.info/Noam-Chomsky-sur-l-etat-d-esprit-qui-regne-aux-Etats-Unis-je-n-ai-jamais-rien-vu-de-tel.html

Bonne lecture et Joyeux Noël

Oscar Fortin

Québec, 17 décembre 2010

dimanche 12 décembre 2010

NOËL: UNE BONNE ET UNE MAUVAISE NOUVELLE




La naissance de Jésus de Nazareth que les liturgies chrétiennes célèbrent en chantant « Un sauveur nous est né » est tout à la fois une bonne nouvelle pour les bergers et les mages de ce monde mais une bien mauvaise nouvelle pour tous les Hérode de la terre.

L’enveloppe culturelle à l’intérieur de laquelle on a cacheté le « mystère » ne permet plus de dissocier ceux et celles pour qui Noël est vraiment une bonne nouvelle de ceux et celles pour qui il ne peut être qu’une mauvaise nouvelle. D’ailleurs ce sont ces derniers qui, les premiers, tirent les meilleurs profits et retombés de cette fête, à la fois célébrée au pied des sapins, brillant de toutes leurs lumières, et portée par ces mélodies qui élèvent les cœurs jusqu’au plus haut des cieux. Le Noël que nous célébrons dans l’ambiance de nos sociétés de consommation n’est plus tout à fait le même que celui célébré par les bergers et les mages. Il n’est plus porteur du message des prophètes qui annonçaient le libérateur, le Messie, le sauveur des humbles de la terre.

Je termine tout juste de lire le livre d’Yves Carrier sur Mgr Romero, HISTOIRE D'UN PEUPLE, DESTINÉE D'UN HOMME. Il est évident que la conversion de ce dernier à l’Évangile et à une pastorale de libération des pauvres en a fait un symbole d’espérance pour ces derniers et immanquablement un ennemi à abattre pour les pouvoirs en place. Le jour où il a cessé d’être un personnage dans le décor des oligarchies et des pouvoirs en place (Hérode), il est devenu alors le témoin de l’avènement du règne de Dieu, porteur d’espérance et incompatible, du fait même avec les pouvoirs dominants.

La naissance de Jésus de Nazareth marque le début de la fin du règne des puissances de ce monde caractérisées par la domination des peuples et l’asservissement des humbles, par l’hypocrisie et le mensonge, par l’orgueil et la suffisance. N’allons pas croire que les guerres menées ouvertement en Afghanistan, en Palestine, pas plus que celles menées sournoisement dans divers pays de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie, sont là pour libérer les pauvres, pour apporter la paix aux humbles, la liberté aux prisonniers, la vérité et la transparence au monde. Ces guerres visent essentiellement le renforcement des pouvoirs dominants, le contrôle des richesses, l’élimination de ceux et celles qui leur résistent. Il est évident que de tels objectifs ne sont pas dits crument comme ça au monde. Par l’intermédiaire des médias à leur disposition, ils sont enveloppés des causes les plus nobles que sont la démocratie, les droits humains, et surtout la lutte contre ces « monstres » qui appartiennent immanquablement à l’axe du mal. Ainsi ils en arrivent à se transformer en de véritables sauveurs. Leur importent peu les tortures, les assassinats, les coups d’états militaires dont ils sont les artisans. Encore là les moyens de dissimuler leurs ignominies leur permettent de les transformer à leur avantage. Il semble toutefois que l’heure de la vérité a déjà commencé à briser ce mur de la tricherie.

Le message de Noël devrait mettre à nue ces forces qui se résistent toujours à l’avènement du règne de Dieu. Il faut lamenter que le courage du prophète ne soit pas toujours au rendez-vous de ceux qui dominent actuellement l’institution ecclésiale. Ces derniers préfèrent le langage des lieux communs, une terminologie abstraite, sortie du terroir de l’histoire. Les mots « amour »-« justice »-«vérité »-« paix » deviennent, dans leur bouche, sans âme et sans contenu. Ils sont devenus des personnages d’un système qui sait leur faire jouer un rôle qui soit de nature à le renforcer et non à le démolir. Ils n’ont rien à craindre de ces puissants. Ils font partie de la famille et ils peuvent dormir tranquilles.

Noël est cette espérance que Marie a pressentie lors de sa visite à sa cousine Élisabeth :

« Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe
Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides » (Lc. 51-53)

Si nous regardons le monde dans lequel nous vivons, celui du Québec, des États-Unis, de l’Europe, de l’Amérique latine, de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen Orient et que nous nous demandons où sont les forces qui visent à disperser les hommes au cœur superbe, à renverser les potentats de leurs trônes et à élever les humbles, à combler de biens les affamés et à renvoyer les riches les mains vides, quelle sera notre réponse? C’est sans doute une autre manière de poser la question de savoir « à qui profite les actions qui sont entreprises » par nos gouvernements, nos oligarchies, nos forces armées et celles des puissances. Où vont nos solidarités locales, régionales, nationales et internationales?

La naissance de Jésus de Nazareth est une bonne nouvelle pour toutes les personnes de bonne volonté, pour les humbles de la terre et les artisans de justice, de vérité, seuls fondements d’une véritable paix. En tant que croyants et croyantes en ce Jésus nous assumons cette conviction et nous en témoignons selon les dons de l’Esprit. Plusieurs y ont déjà laissé leur vie, d’autres n’ont cessé de répondre aux appels de l’Histoire. Noël est la convocation de toutes les personnes de bonne volonté à oeuvrer pour un monde de justice, de vérité, de respect et de solidarité.

Joyeux Noël dans l’esprit de la promesse.

Oscar Fortin

Québec, le 12 décembre 2010

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jeudi 2 décembre 2010

JÉSUS DE NAZAREHT N'A PAS DE SUCCESSEUR



En voila une bonne, depuis le temps qu’on nous parle du Pape comme le représentant de Jésus sur la terre, en d’autres mots comme son successeur ou presque. Mais lorsque nous y regardons de près, le Pape est bel et bien le successeur de Pierre, mais cela n’en fait pas pour autant le successeur de Jésus de Nazareth.

Ce dernier est toujours là bien vivant à la tête de son Église, Corps aux multiples membres, y agissant par l’Esprit qui y distribue ses dons comme bon il l’entend. Le témoin de la volonté du Père qu’il a été, il y a plus de 2000 ans, il continue de l’être, pour les temps que sont les nôtres, à travers ceux et celles qu’il s’unit. C’est évidemment un grand mystère qui prolonge dans des sphères nouvelles de notre monde le mystère de l’Incarnation et de la Résurrection. L’Emmanuel est avec nous pour témoigner en nous et par nous de la volonté du Père sur terre. « Que ta volonté soit faite sur terre comme elle l’est dans le ciel. »

Qu’elle est-elle cette volonté? D’abord, un changement de cap fondamental par rapport à un monde fondé sur la cupidité et l’avoir, sur le pouvoir et la domination, sur la vanité et le mensonge. C’est la première leçon que nous livre la symbolique des trois tentations de Jésus au désert. Le règne de Dieu, celui que son Père veut voir rayonner jusqu’aux extrémités de la terre est fait de partage et de solidarité, de service et de justice, d’humilité et de vérité. Ce projet du Règne de Dieu est au cœur de l’Humanité depuis la création du monde, mais trouve dans la personne de Jésus de Nazareth son actualisation dans l’Histoire. Il est l’expression parfaite de la Volonté du Père et le témoin par excellence de cet « homme nouveau », premier né d’une race nouvelle. Sa liberté est totale et ne craint pas de marcher à visage découvert.

Il est l’allié inconditionnel des pauvres, des exploités, des laissés pour compte de la société. Il l’est tout autant de ceux et celles qui font de la justice, de la vérité et de la compassion les fondements incontournables et indispensables de toute société qui se veut « humaine ». Il sait se reconnaître dans ceux et celles qui luttent pour la justice, qui lèvent les voilent couvrant l’hypocrisie, le mensonge, la tromperie. Il est proche de toute personne de « bonne foi », sans distinction de couleurs, de races, de croyances. D’aucune manière il ne saurait s’allier avec ceux et celles qui conspirent pour avoir toujours plus de pouvoir pour mieux dominer et exploiter. Il met en garde contre le « père du mensonge » qui parvient à transformer, à la manière d’un magicien, le vrai en faux et le faux en vrai. Ce dernier peut faire du diable un saint et d’un saint un diable. Le livre de l’Apocalypse a une phrase qui dit bien le sort qui est réservé à tous ces gens pour qui les seuls intérêts qui comptent sont les leurs :

« Mais les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l'étang brûlant de feu et de soufre : c'est la seconde mort. " (Ap. 21,8)

Mais où donc est l’Église? Elle se trouve là où se trouve Jésus. Elle est donc avec ceux et celles qui luttent pour briser les chaînes de la dépendance et de l’injustice. Elle est là au cœur de l’information alternative pour décoder la désinformation et en démasquer les auteurs et en révéler la vérité. Elle est là dans les centres mères-enfants, dans toutes ces initiatives qui cherchent à donner plus de dignité et de respect aux handicapés de la vie. Elle est avec toutes ces personnes de bonne volonté qui ne demandent pas mieux que de vivre dans un monde de paix, de solidarité et de compassion. L’Église, celle qui vit de Jésus de Nazareth, est au cœur de ce monde. Eh oui, de ce monde de scandales, de mensonges, de guerres de conquêtes. Elle est là sans craindre les représailles, sans aucun compromis, dénonçant l’hypocrisie, le mensonge, les injustices de ces renégats, les invitant plutôt à se convertir. Elle est cette Bonne nouvelle pour les humbles de la terre que Jésus consacra par cette lecture qu’il fit un jour du prophète Isaïe :

« L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.» Lc. 4,18-19)

Mais alors que fait-on du Vatican, du Pape, des cardinaux, des Nonces apostoliques, des évêques, des prêtres? Rien. Il leur appartient de rejoindre Jésus là où il est et en le rejoignant ils y découvriront toute une Église vivante, enracinée dans les Évangiles et dans le monde dans lequel nous vivons. Pour y arriver ils devront évidemment faire leur deuil d’une église triomphante et royale, prendre leur distance par rapport aux pouvoirs impériaux et oligarchiques avec lesquels ils ont établi des compromis, reprendre le bâton du pèlerin en laissant derrière eux les pouvoirs de l’État du Vatican pour trouver demeure au milieu des humbles de la terre et de ces témoins engagés. Certains pourront appeler cela une « conversion » et comme toute conversion elle ne peut être que radicale. Déjà nombreux sont ceux et celles qui ont fait cette option et qui témoignent, parfois au prix de leur vie, comme ce fut le cas de Mgr Romero et de bien d’autres. Notre foi et notre confiance ne reposent-elles pas en cette présence de ce Jésus au cœur de nos vies et du monde dans lequel nous témoignons d’une Bonne nouvelle pour toute personne de bonne volonté?

Oscar Fortin,

Québec, le 2 décembre 2010

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dimanche 28 novembre 2010

LES CONSPIRATEURS


« Conspirer » nous dit le petit Larousse c’est « s’entendre à plusieurs, se mettre d’accord pour renverser un dirigeant, un régime politique… ». En d’autres mots c’est se mettre d’accord à plusieurs pour modifier un ordre établi que ce soit en s’infiltrant pour en contrôler les principaux leviers ou encore en éliminant physiquement les irritants. C’est une prise de contrôle irrégulière du pouvoir d’un État ou de dirigeants.

Dans un contexte où la démocratie représentative est de rigueur et que le néo-libéralisme est le système à travers lequel s’articulent les relations économiques des individus, des corporations et de l’État, le terrain est fertile pour la constitution de groupes pouvant contrôler tout. Ceux qui en arrivent à contrôler les partis politiques deviennent en position de pouvoir pour contrôler les divers leviers de l’État, laissant ainsi libre cours aux intérêts corporatifs des monopoles auxquelles ils appartiennent. La démocratie se résume à l’acte de voter une fois tous les quatre ans et la liberté de la grande majorité se ramène aux espaces qu’on voudra bien lui concéder dans les médias et dans les réseaux commerciaux qui sont entièrement sous leur contrôle.

Au Québec nous atteignons un sommet dans la prise de conscience de cette présence très active de conspirateurs qui se sont glissés aux plus hauts niveaux des pouvoirs politiques, économiques et peut-être même judiciaire. Dans un excellent article que nous livre Richard LE HIR en relation au livre récent d’André Cédilot et d’André Noël au titre très évocateur MAFIA INC, grandeur et misère du clan sicilien au Québec, nous apprenons les rouages de la manipulation, de la corruption et de l’infiltration. Si dans cet ouvrage il est surtout question de la MAFIA associée au clan sicilien, n’allons pas croire qu’ils soient les seuls. Toutes ces révélations et celles à venir nous sortent de cette belle illusion d’une démocratie entièrement à notre service et de cette idée que nous en sommes les maîtres comme peuple.

Pendant qu’au Québec nous vivons la grande désillusion, à Washington, le 17 novembre dernier, se réunissaient des représentants de l’extrême droite gouvernementale avec des représentants d’oligarchies nationales latino-américaines. L’objectif de la rencontre se résumait à ceci : « comment mettre un terme aux pays émergents réunis dans l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA)? Comment se débarrasser du Président Chavez dont l’influence sur l’ensemble du Continent est immense? Comment miner cette nouvelle alliance (Alba) qui s’interpose comme alternative au Traité de libre échange des Amériques? En plein jour et sous les aires de la plus grande normalité ces personnes complotaient pour reprendre le contrôle de ces pays par des moyens autres que ceux gérés par les lois constitutionnelles de ces pays. Pas surprenant que les institutions de ce grand pays longtemps célébré pour sa démocratie exemplaire en soit devenue une caricature. Dans un excellent dossier que nous propose le site Voltaire on ne peut que constater que ces grandes institutions n’appartiennent plus à la démocratie, au peuple, mais aux lobbyistes et à ceux que ces derniers représentent. L’argent finit par tout acheter, sauf certaines consciences, qui en paieront souvent le prix par le sacrifice de leur vie.

Dans ce contexte, les révélations récentes que nous retrouvons dans l’ouvrage « Les Assassins économiques », de John Perkins, sont fort éloquentes. Une vidéo, animée par l’auteur, nous en fait un résumé. J’invite les lecteurs et lectrices qui ne l’auraient pas encore visionnée de le faire en se dirigeant à l’adresse suivante :

J’avais déjà écrit un petit article sur ce sujet.

Maintenant que nous savons, nous ne pouvons plus faire semblant que nous ne savons pas. Lorsque ces gens nous parlent de liberté, nous saurons que c’est de la leur et lorsqu’ils parlent de se serrer la ceinture nous saurons qu’ils parlent de la nôtre. Nous savons de plus qu’il ne suffit plus d’avoir lu dans le journal ou encore d’avoir entendu à la télévision ou à la radio telle ou telle chose pour que ce soit vérité d’évangile. La majorité des grands médias sont des machines bien huilées pour gérer les connaissances et les comportements de manière à les mouler aux intérêts de ces « conspirateurs » à cravate et au large sourire humanitaire.

Oscar Fortin,

Québec, le 28 novembre 2010 

samedi 27 novembre 2010

HAÏTI EN ÉLECTION


DÉMOCRATIE OU APPARENCE DE DÉMOCRATIE ?
Il n’est pas facile de dégager les trames de fond qui se retrouvent sous-jacentes dans la présente élection. Les intérêts sont tellement multiples et les forces en présence tellement disproportionnées. J’ai pensé, au moment où nos médias ne manqueront pas de nous alimenter de leurs nouvelles et commentaires, d’offrir aux lecteurs et lectrices de Vigile quelques références de lecture qui traitent sous des angles différents des divers aspects de la réalité haïtienne. Il sera sans doute intéressant de découvrir que près de 1200 médecins, infirmiers et infirmières cubains œuvrent jour et nuit pour contrer l’épidémie du choléra. Il sera également intéressant de connaître les pressions et interventions étrangères dans les orientations que devraient prendre ces élections. Je vous laisse donc avec ces lectures.

1. Un mois après l'éclatement de l'épidémie de choléra à Haïti, la brigade édicale cubaine continue à travailler d'arrache-pied pour libérer la population de cette terrible maladie, essentiellement dans les départements d'Artibonite, de l'ouest et du centre -les plus affectés du pays. Leur très haut niveau d'engagement envers la population implique que les hérauts cubains de la santé et de la vie continuent de lutter chaque jour contre une maladie qui a ôté la vie à plus d'un millier d'Haïtiens

2. Article de Julie Lévesque qui fait une analyse du contexte dans lequel se réalisent ces élections qu’elle dit illégales et sous occupation.

3. Le mouvement des femmes haïtiennes réclame le retour d’Aristide

4. Lorsque l’humanitaire se met au service du capital

5. L’ingérence étrangère en Haïti, autre article fort intéressant de Julie Lévesque

6. Le mouvement social haïtien a fait parvenir cette déclaration aux gouvernements et organisations réunis à Montréal, le 26 janvier, pour faire face à la situation en Haïti.

7. Pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur le renversement du Président Aristide trouveront dans l’article de Thierry Meyssan de quoi alimenter un véritable roman à suspense.

Vive l’information alternative

Oscar Fortin,

Québec, le 27 novembre 2010

dimanche 21 novembre 2010

ACTION CONTINENTALE CONTRE L’ÉCOLE DES AMÉRIQUES

UNE ÉCOLE MILITAIRE AU SERVICE DES OLIGARCHIES ET DE L’EMPIRE

Depuis des décennies, cette École, sous responsabilité de l’armée des États-Unis, assurent la formation des élites militaires des divers pays du Continent latino-américain. Ce sont les gradués de cette dernière qui ont soutenu les dictatures, exécuté le Plan Condor et déstabilisé de nombreux gouvernements démocratiques. Ils ont à leur crédit des dizaines de milliers de morts, des centaines milliers de prisonniers, de torturés et plus d’un million d’expatriés un peu partout à travers le monde.

Depuis plus de 20 ans existe un Observatoire qui s’attaque à l’existence de cette École et qui en exige la fermeture. Pour la première fois des organisations du Mexique, du Guatemala, du Honduras, d’El Salvador, du Nicaragua, du Venezuela, du Chili, de la Bolivie, de la République Dominicaine, de l’Argentine, du Paraguay, de l’Équateur, du Brésil, du Pérou et des États-Unis s’unissent pour demander la fermeture de l’École des Amériques (Escuela de las Américas).

Cette campagne garde toute son actualité, car, malheureusement, beaucoup de ses gradués continuent à être responsables d’exécutions, d’enlèvements, de tortures et de disparitions. Dans la plupart des cas, ils jouissent de la totale immunité. Dix neuf pays, dont le Canada, envoient toujours de leurs soldats à cette École. La Colombie, le Chili et le Pérou sont en tête de liste pour le nombre de militaires qu’ils y envoient.

L’Observatoire demande au gouvernement d’Obama de fermer cette École, d’enquêter sur ce qui s’y est passé et d’amener les responsables de violations des droits humains devant la justice. Il s’oppose aux coups d’état militaires qui interfèrent dans la vie démocratique des peuples et dénoncent fortement la militarisation du Continent latino-américain avec la présence de la IV flottes et la présence de plus en plus fréquentes de contingents militaires dans plusieurs pays de la région.

Les instigateurs de cette École militaire sont les mêmes qui, aujourd’hui, nous parlent d’une école de formation militaire en Afghanistan. On nous présente le projet sous ses plus beaux aspects : aide humanitaire, liberté des populations, démocratie, solidarité humaine. Rien n’est dit sur les aspects pervers de l’opération : emprisonner, torturer, tuer, enlèvement et disparition.

Si déjà nous savons ce à quoi a servi l’École militaire des Amériques, il y a de bonnes chances à ce que ces projets nouveaux servent les mêmes objectifs. Derrière ces images de sauveurs d’humanité et de démocratie, il y a la cupidité d’oligarchies bien discrètes mais très présentes qui profitent de la manne de l’industrie de l’armement, des richesses du territoire et du contrôle de ces bons gouvernements démocratiques. Les gouvernements chantent en chœur sous la direction d’un chef d’orchestre à la main invisible mais dont l’identité nous échappe de moins en moins.

Éliminons de l’Afghanistan sa valeur stratégique tant du point vue politique qu’économique et nous n’y verrions plus l’OTAN et encore moins les États-Unis et le Canada. Les problèmes humanitaires et toute la chanson qui s’y rattache n’ont rien à y voir. Pensons seulement à Haïti, là où l’aide humanitaire se fait la plus urgente, il est laissé à lui-même. La contribution du Canada à ce pays, pourtant si près de nous, n’a rien de comparable avec les milliards $ investis en Afghanistan.

Jusqu’à quand nos gouvernements seront-ils les marionnettes des oligarchies et des industries militaires et jusqu’à quand le peuple canadien se laissera-t-il berner par ces discours humanitaires à faire pleurer?


Oscar Fortin

Québec, le 21 novembre 2010

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mercredi 17 novembre 2010

LA LUMIÈRE QUI FAIT MAL

«Rien n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. »



Cette prédiction qui remonte à plus de 2000 ans (Mt. 10, v.17) devient de plus en plus réalité en ces jours que nous vivons. Les serments dont nous entourons les secrets ne sauraient résister aux impératifs de conscience qui se nourrissent de vérité et de liberté. Des langues, en nombre toujours plus grand, se délient pour dénoncer l’inconcevable alors que de puissantes technologies telles celles de Wikileaks et de l’ensemble des réseaux d’information alternative permettent d’étaler au grand jour ce que nombre de nos élites politiques, religieuses et économiques croyaient bien à l’abri dans les chambres noires les plus secrètes et souvent protégés par les serments d’office. Le bon peuple, bien malgré lui, ouvre de plus en plus les yeux pour découvrir, chez bon nombre de ces hauts personnages, de véritables sépulcres blanchis dont l’intérieur est rempli de mensonges, d’iniquité et de pourriture.

Il ne fait pas de doute que le Québec, pour certains, vit des heures sombres, avec ces scandales qui touchent de façon particulière le monde politique, mais aussi financier et religieux. Pour d’autres, par contre, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle qu’enfin soit levé le voile de l’hypocrisie et que la vérité retrouve tous ses droits. La bulle à l’intérieur de laquelle les médias et les principaux acteurs politiques, économiques et religieux gardent le peuple, commence à se fissurer. La naïveté se transforme en conscience et cette dernière en responsabilité. Fini le temps des chèques signés en blanc sans garantie aucune. Fini le temps de recevoir, sans analyse, ce que les chantres de nos grands médias nous proclament. Fini le temps de ces serments qui ne servent qu’à dissimuler la vérité et à déresponsabiliser ceux et celles qui les font. Fini le temps où l’habit faisait le moine et les belles apparences donnaient l’intelligence.

Le Québec ne devient-il pas, à travers cette prise de conscience de tous ces scandales, un véritable laboratoire où se diagnostique la nature de ce mal qui mine toute vie démocratique? Ne sera-t-il pas un des premiers à neutraliser ce mal et à la limite à le vaincre complètement? Ceux qui le regardent de l’extérieur avec suffisance et un certain mépris ne devraient pas se réjouir trop vite. Peut-être connaîtront-ils, plus vite qu’ils ne le pensent, des jours semblables sinon plus cruels encore. Le cancer de la corruption est un mal généralisé dans tous les secteurs de la vie de société. Il est là au cœur des églises, des gouvernements, des corporations financières et professionnelles. Il se nourrit d’argent, de sexe, de privilèges, de mensonges, de chantage, de dissimulation et de corruption. Aussi subtiles puissent-ils être les moyens utilisés pour en camoufler la réalité, ces derniers seront, un jour ou l’autre, mis en grande lumière. Ceux et celles qui en auront été les protagonistes souhaiteront, s’il leur reste encore quelque chose d’humain, que les montagnes les écrasent tellement sera grande la honte qui les envahira. La lumière éclairant la vérité de leur vie leur deviendra insupportable.

La liste des mises à jour de ces procédés utilisés pour tromper et pour régner déborde de beaucoup le cadre de cet article. Qu’il suffise de rappeler ces aveux de John Perkings, ex employé de la CIA, et dont la tâche était de corrompre les dirigeants de gouvernements latino-américains pour en faire des subordonnés et assurer ainsi le règne le l’Empire au service duquel il travaillait. Si cette approche de corruption n’obtenait pas les résultats escomptés, des commandos d’élite étaient alors déployés pour faire disparaître physiquement les récalcitrants. Dans la même ligne de pensée que dire du rôle que l’on a fait jouer au Vatican pour couvrir l’horreur des régimes militaires qui ont fait régner la terreur dans tout le Continent latino-américain? Jean-Paul II et Benoît XVI auront été de véritables alliés de l’Empire étasunien dans cette région du monde. Leur condamnation à répétition des théologiens porteurs d’une théologie de libération fondée sur les Évangiles et les réalités sociales de leurs milieux auront bien servi les objectifs des oligarchies. Ces dernières ont toujours pu compter, à quelques exceptions près, sur le support des nonciatures apostoliques et des cardinaux. Ces faits sont déjà bien connus et bien documentés et leurs auteurs ne peuvent plus se cacher derrière le voile de leurs honorables fonctions. La liste peut évidemment s’allonger et rejoindre le rôle joué par certains grands médias et certains journalistes qui ont plutôt choisi de sacrifier l’éthique de leur profession aux avantages des privilèges et de l’argent. Pas plus que les autres ces derniers n’échapperont à la lumière qui les mettra au grand jour.

Nous entrons sans doute dans une ère nouvelle où plus personne, aussi puissant puisse-t-il être, n’échappera à ce regard capable de percer les plus grands secrets. Dans la mythologie de l’Ancien testament il y a cette histoire de Caïn qui, ayant tué son frère, ne parvint plus à se soustraire à l’œil de dieu. Il y a actuellement quelque chose de semblable qui se produit avec l’éveil de la conscience à sa propre dignité et ces outils extraordinaires qui permettent de saisir ce qu’il y a de plus secret et d’en faire la diffusion dans le monde entier.

Que les manipulateurs, les dominateurs, les hypocrites, les profiteurs, les corrupteurs se le tiennent pour dit : la conscience des consciences vous a à l’œil.


Oscar Fortin

Québec, le 17 novembre 2010

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lundi 15 novembre 2010

NOUS SOMMES ÉGLISE


Cette petite phrase de trois mots prend tout son sens non pas tant en référence aux diverses églises chrétiennes telles que nous les connaissons comme institutions, mais plutôt en référence à ce Corps aux multiples membres articulés par le Christ lui-même qui en est la Tête et par son Esprit qui y distribue ses dons comme bon il l’entend. Nous sommes Église dans cette communauté qui porte l’espérance d’une humanité nouvelle et qui témoigne de l’avènement de l’homme nouveau porteur de vérité, de justice, de compassion et de solidarité.

Il y a dans les Écritures des repères qui ne peuvent être contournés et qui nous rappellent des vérités fondamentales. C’est, entre autres, le cas de ce que dit Paul aux Athéniens alors qu’il y annonçait l’avènement de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité, leur rappelant que nous sommes tous et toutes de la race de Dieu. Ainsi, c’est l’humanité toute entière qui est sacrée et qui est appelée à retrouver son sens originel.

" Que si nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l'or, de l'argent ou de la pierre, travaillés par l'art et le génie de l'homme. Or voici que, fermant les yeux sur les temps de l'ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d'avoir tous et partout à se repentir, parce qu'il a fixé un jour pour juger l'univers avec justice, par un homme qu'il y a destiné, offrant à tous une garantie en le ressuscitant des morts. " (Act. 17, 29-31)

Cette conversion et ce repentir porte essentiellement sur les grandes valeurs qui donnent toute sa dignité à l’être humain : la vérité versus le mensonge et l’hypocrisie, la justice versus la cupidité et l’exploitation, la solidarité versus l’égoïsme et la domination, la compassion versus la rigidité et la suffisance. Être associé à ce grand projet d’une humanité nouvelle c’est entrer dans un monde de grande liberté. Encore là il y a plusieurs textes dans les Écritures qui nous parlent de cette liberté retrouvée. Je ne citerai que celui que nous livre l’apôtre Paul, alors qu’il s’adressait aux Corinthiens.

« Du moment que vous êtes morts avec le Christ aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des ordonnances comme si vous viviez encore dans ce monde ? " Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ", tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même ! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes ! Ces sortes de règles peuvent faire figure de sagesse par leur affectation de religiosité et d'humilité qui ne ménage pas le corps ; en fait elles n'ont aucune valeur pour l'insolence de la chair. » (Col. 2, 20-23)

Nous sommes Église d’abord et avant tout parce que portés (es) par l’Esprit qui assure notre liberté, notre vitalité et notre engagement selon les dons qu’il nous distribue en fonction du bien de tous et de toutes. À plusieurs reprises Paul parle de ce Corps aux membres multiples dont le Christ est la Tête et l’Esprit le témoin par excellence.

« A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit ; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » (1 Cor. 12, 7-11)

Il est difficile de comprendre une présentation de l’Église dont les Têtes dirigeantes, le Christ et l’Esprit, nous sont intérieurs par rapport à une Église-Institution qui se substitue carrément au Christ et à son Esprit pour prendre le plein contrôle des dons de l’Esprit et de la gestion de l’Église. Je vois mal comment les voix discordantes de prophètes ou de sages puissent se faire entendre dans une telle organisation. De quoi nous interroger sur l'état actuel de cette église-institution. Les images apocalyptiques ne manquent pas pour illustrer cette situation.

DES QUESTIONS S’IMPOSENT

L’église institutionnelle à laquelle nous nous identifions, n’a-t-elle pas « désacralisé » l’humanité, pourtant créée par Dieu à l’Image de Dieu, et « sacralisé » une église plutôt créée par l’homme à l’image de l’ « homme »? Les débats sur le sacré et le profane, le religieux et la laïcité, le naturel et le surnaturel ne sont-ils pas viciés dès le départ dans leurs fondements mêmes? Ne sommes-nous pas tous et toutes de la race de Dieu?

L’engagement chrétien auquel nous convie l’église-institution rejoint-t-il vraiment celui auquel nous convie l’humanité à la recherche des grandes valeurs auxquelles se rattache son avenir ou n’est-il qu’un appel à sa propre survivance, comme institution, dans son organisation, ses rites et sa doctrine?

Comment réconcilier un monde qui se dit sacré alors qu’il est plutôt profane avec un monde que l’on dit profane alors qu’il est plutôt sacré?

Je ne doute pas que l’Esprit de Jésus saura trouver les voies qui nous permettront de rejoindre cette humanité en gestation d’un « HOMME » NOUVEAU. Nous ferons alors œuvre d’Église en faisant oeuvre d'humanité.

Oscar Fortin

Québec, le 15 novembre 2010

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mercredi 3 novembre 2010

JÉSUS DE NAZARETH

Voilà le personnage sans lequel aucune foi chrétienne ne saurait exister. Il en est le fondement et l’inspiration. Paul de Tarse déclarait aux Corinthiens que « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Cor. 15, 14). Aujourd’hui, avec autant de vigueur et de certitude, nous devons déclarer que « si Jésus de Nazareth, ce Jésus de l’histoire, n’existe pas notre foi est vide».

Il y a évidemment plusieurs façons de témoigner de cette certitude. De toute évidence, tous les chrétiens croient en l’existence de ce Jésus de Nazareth que les liturgies font revivre de sa naissance à sa mort sur une croix. Cependant, cette foi en l’existence de ce Jésus peut facilement conduire à un vide historique. En effet, n’y a-t-il pas une manière subtile d’en ignorer l’existence en en faisant un icône sans prise dans l’histoire des humains? N’est-ce pas ce qui se produit lorsque nous en faisons un personnage central de nos liturgies, de notre culte, tout en le soustrayant à l’histoire humaine dans laquelle nous vivons?

Le Jésus de l’histoire parcourt les routes de la Palestine, a soif et pleure. Il est bouleversé par la mort de Lazare, se retire à l’écart pour prier, voit les gens venir à lui pour l‘entendre parler de cette libération à laquelle ils aspirent, de ce royaume de justice et de paix auquel ils sont conviés. Il est cette voix qui se fait entendre, dénonçant les hypocrisies des uns et le manque de compassion des faiseurs de lois et des profiteurs. Il déclare bienheureux ceux qui œuvrent pour la paix tout comme ceux, solidaires des pauvres et des humbles de la terre, qui sont persécutés pour lutter en faveur de la justice. Il déclare bienheureux les cœurs purs, ceux et celles qui agissent sans arrière pensée, de bonne foi. Il est celui qui prend par la main cette femme adultère que les pharisiens se préparent à lapider, il la soustrait à ses juges et la renvoie avec amour et compassion. Ses accusateurs retournent chacun chez-soi avec ce message : « que celui qui est sans péché, lui tire la première pierre».

Ce Jésus de l’histoire a également laissé un enseignement qu’illustrent de nombreuses paraboles : celles de l’ivraie et du bon grain, de Lazare et de l’homme riche, du bon samaritain, des vignerons meurtriers, du vrai disciple, de la semence, de la lumière mettant au grand jour tous les secrets, de l’enfant prodigue que le Père accueille les bras grands ouverts. À ses disciples qui le suivent, il donne des consignes : le plus grand se fera le plus petit, le maître se fera le serviteur, qu’ils ne se munissent que du nécessaire, partageant tout superflu. Pour que ces consignes soient prises au sérieux, lui le maître, il lave les pieds de ses disciples les invitant à s’aimer les uns les autres comme lui-même les a aimés. À la dernière cène, il leur rappelle qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux et celles que l’on aime, sachant déjà que les grands-prêtres, les pharisiens, les docteurs de la loi ainsi que les puissances de ce monde caractérisées par l’hypocrisie, le mensonge, la manipulation complotaient déjà son arrestation et sa mise à mort. Sans doute le prix à payer pour avoir fait réalité la volonté de son Père sur terre. « Qui me voit, voit le Père. »

C’est ce Jésus de Nazareth qui continue de vivre, d’enseigner et de témoigner en tous ceux et celles qui s’en réclament non pas comme d’un icône mais comme d’un vivant dans notre histoire humaine. Il est toujours là parcourant le monde, ayant soif et pleurant devant autant de misère, autant d’incompréhension, de fanatisme, d’hypocrisies, de mensonges, d’injustices. Il est là, déclarant bienheureux ceux et celles qui luttent pour la justice, dénonçant les prédateurs et manipulateurs de toute espèce. Celui qui s’est défini « la Voie, la Vérité et la Vie » n’a pas baissé les bras et intercède toujours son Père pour que « sa volonté soit faite sur terre comme elle l’est dans le ciel». Dans la représentation qu’il nous donne du jugement dernier, il nous confirme sa présence dans tous ces recoins d’humanité où espèrent toujours les humbles de la terre à ce royaume de justice et de paix. Il rappelle que ceux et celles qui voudront le suivre le rencontreront là, au cœur de ce monde pour y témoigner de la solidarité, de la vérité, de la compassion et de l’amour.

Se questionner aujourd’hui sur notre foi et sur ce qu’elle est devenue dans les institutions ecclésiales auxquelles nous nous identifions ne peut se faire sérieusement sans revenir à ce Jésus de l’histoire et nous demander quel engagement serait le sien dans le monde qu’est le nôtre. Notre foi en ce Jésus de l’histoire ne peut plus être celle dont la principale expression se confine au monde du culte et des liturgies. L’ensemble des Églises chrétiennes doivent se repenser en totalité à la lumière de ce Jésus de l’histoire. N’est-ce pas lui qui dit aux hommes et femmes de tous les temps ce qu’est véritablement la volonté du Père pour l’Humanité. « Qui me voit le Père et qui me suit, aura la vie éternelleIl est l’HOMME NOUVEAU en qui l’humanité entière peut se reconnaître et trouver la vie.

« Le Parvis », situé entre l’église cultuelle et l’église de la diaspora, devrait, me semble-t-il, servir de passage pour mieux saisir l’importance de rejoindre ce Jésus de l’histoire toujours présent dans le monde qu’est le nôtre. « Ce que vous faites au plus petit des miens c’est à moi que vous le faites. » L’engagement de la foi demeurera toujours un engagement radical.

Oscar Fortin

Québec, le 3 novembre 2010

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mercredi 27 octobre 2010

NESTOR KIRCHNER

UNE MORT QUE PLEURENT L’ARGENTINE ET L’AMÉRIQUE LATINE

Tôt ce matin mourait subitement Nestor Kirchner, ex-président de l’Argentine et actuel secrétaire général de l’Union des pays de l’Amérique du Sud (UNASUR). Moins connu que de nombreux autres chefs d’État, il n’en est pas moins un des personnages dont le rôle assumé en Argentine et celui joué dans les diverses instances régionales du Continent aura été déterminant pour vaincre la crise économique en Argentine et rendre possible l’émergence d’une Amérique latine plus intégrée et plus indépendante.

Tous se souviendront du marasme économique dans lequel s’est retrouvé l’Argentine après s’être soumise aux recettes de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) et avoir été victime de la corruption de nombreux de ses dirigeants dont l’ex Président Menem qui en est sans nul doute la meilleure représentation.

En 2003, lorsque Nestor Kirchner assume la Présidence, la dette du pays est de 144 400 millions $ et la pauvreté rejoint 60% des 37 millions d’Argentins et d’Argentines. Les anciens généraux qui avaient fait la pluie et le beau temps au milieu des années 1970, avec le retour de la démocratie, avaient été jugés et condamnés à la prison pour les crimes commis. Toutefois sous le gouvernement de Menem ils bénéficieront d’une amnistie, leur ouvrant ainsi la porte de la liberté tout en faisant une croix sur leurs crimes et ceux qui en avaient été les victimes.

C’est dans ce contexte qu’il a pris en main les destinés d’un peuple au prise avec autant de problèmes économiques, politiques et sociaux. Peu nombreux étaient ceux qui croyaient en sa capacité de relever l’économie du pays, de lutter contre la corruption et de redonner confiance au peuple. Sur ce dernier point il a supprimé la loi accordant l’amnistie aux militaires trouvés coupables de crimes, ouvrant ainsi de nouveau la voie à des condamnations. Sur le plan économique il a, entre autres, renégocié à la baisse la dette avec le FMI ainsi que les délais de paiement et il a relancé la production. Il a agi de telle sorte que l’Argentine a repris le chemin de la croissance et, en dépit des nombreux problèmes sociaux, il a pu reconquérir une certaine paix sociale.

Sur la plan des relations avec les autres pays de l’Amérique latine, il a toujours été un partenaire fiable, ouvert et particulièrement sensible aux conditions permettant de répondre le plus efficacement possible aux impératifs de justice et de compassion pour les plus défavorisés. Lors de la rencontre des pays des Amériques, en 2005, visant à étendre le traité de libre échange nord-américain à l’ensemble des pays de l’Amérique latine, il a été l’un de ceux qui s’y est opposé, se solidarisant ainsi avec le Venezuela, le Brésil et les autres pays émergeants du Continent. L’air de rien, il s’est taillé une réputation d’un chef d’État qui savait décoder les situations géopolitiques et qui avait l’art d’en débattre sans créer la suspicion.

Lui a succédé à la Présidence de l’Argentine, nulle autre que son épouse, Cristina Fernandez de Kirchner qui se révèle être une dirigeante qui sait où elle va et qui a également le doigté qu’il faut pour neutraliser en partie ses adversaires qui cherchent constamment à la piéger. Il ne fait aucun doute qu’il en a été jusqu’à la fin un sage conseiller, sans pour autant faire ombrage à celle qui sait très bien se débrouiller dans ce monde de la politique.

Au moment de sa mort, Nestor Kirchner, était le Secrétaire général d’UNASUR et avait déjà entamé diverses tractations avec les pays membres pour accélérer l’intégration régionale et faciliter la résolution de certains conflits dont celui des relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie. Dans ce dernier cas les résultats furent concluants puisque les deux pays sont à renouer leurs relations sur tous les plans, politique, économique, social et culturel.

Sa mort subite arrive trop vite et trop tôt. Tous perdent un homme sur qui ils pouvaient compter et dont la présence était hautement respectée et recherchée.


Oscar Fortin

Québec, le 27 octobre 2010

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/argentine/chronologie.shtml

http://latinosstories.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/10/27/sans-nestor-que-va-faire-cristina-kirchner.html

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h8kkqxPWCcMOQbSO7XSLsFFKfb5A?docId=CNG.6f3a9d83e932a2a449b31b0069b28f13.4b1




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