Que
sont-ils ces dissidents armés syriens?
En Amérique latine, nous avons connu des
regroupements de militants révolutionnaires qui prenaient le maquis et se
déclaraient en guerre contre les autorités en place. Leurs luttent se
dirigeaient le plus souvent contre des dictateurs qui assuraient le règne d’un
régime politique et économique au service des grands et des puissants de ce
monde. Dans les années 1960 et 1970 (MIR,
TUPAMARUS), nous avons
connu plusieurs de ces mouvements dont certains existent toujours (FARC-EP,
ELN).
Ces groupes se plaçaient hors la loi pour mener à terme leur révolution. Ils
étaient pourchassés par les gouvernements en place et leur sort allait de la
prison jusqu’à la mort en passant par des séances de tortures dont ils étaient
devenus des maîtres. Pendant toutes ces années, Les États-Unis et l’Europe ont
appuyé sans équivoque les gouvernements en place et leurs méthodes pour vaincre
ces révolutionnaires et n’a toléré aucun gouvernement ni organisation
quelconque qui apportaient leur soutien à ces dissidents révolutionnaires.
Cette longue introduction met en perspective ce
qui se vit présentement en Syrie, mais cette fois, à l’inverse. Les États-Unis
et l’Europe se font les alliés indéfectibles des dissidents armés syriens
qu’ils ont pour la plupart recrutés, formés, financés et armés. Ils ne trouvent
aucun scrupule à s’inscrire contre le droit international qui garantit pourtant
le droit à la souveraineté et à l’indépendance des États ainsi que le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes dans le cadre des institutions et de la
légalité.
Autant ces pays soutiennent le désarmement des
FARC-EP en Colombie, autant ils s’acharnent à armer une opposition dont on
n’arrive plus à la distinguer des terroristes de l’E.I. tellement leurs
objectifs et leur violence se recoupent.
Depuis 2012, des centaines de millions de
dollars sont dépensés par les pays membres de l’OTAN, dont la France et les États-Unis,
pour les former, les entretenir et les fournir en armements. Si dans les
premiers temps, ces dissidents étaient surtout des nationalistes, il est dit
qu’avec le temps les djihadistes se seraient imposés et que ces dissidents
seraient devenus une branche de l’État islamique à laquelle les armes de
l’Occident seraient refilées. Voici un commentaire
formulé en 2014, après Genève 2 :
« Genève
2 » a eu lieu en janvier-février 2014, sans le moindre résultat. Les
efforts de structuration de l'ASL, engagée par le général Idriss, n'ont pas
vraiment porté leurs fruits. En décembre 2013, des dépôts d'armes de l'ASL à la
frontière syro-turque ont même été pillés par des combattants du Front
islamique. Tandis que le régime se lançait dans une contre-offensive à Homs et
autour de Damas, les rebelles islamistes prenaient l'ascendant sur leurs rivaux
nationalistes dans le Nord. Autant d'événements qui ont dissuadé les autorités françaises
d'amplifier
leurs efforts. « C'est sûr que
ces difficultés ne nous ont pas vraiment encouragés à aller
plus loin », confie
un diplomate.
Tout
ceci démontre que l’obsession de la France et des États-Unis demeure
fondamentalement la même : renversement du gouvernement d’Assad et prise
de contrôle de l’État syrien. Il y a des intérêts politiques et géopolitiques
qui vont bien au-delà du départ de Bachar Al-Assad. Ici, un article incontournable
pour comprendre un peu mieux les intérêts et les enjeux des principaux acteurs
de ce conflit.
L’intervention
de la Russie et de l’Iran à la demande du président Assad vient changer les
scénarios mis en place par Washington et ses alliés européens. Poutine n’arrive
pas les mains vides pas plus que l’Iran, avec ses soldats entraînés et motivés.
Cette présence solidaire redonne de l’espoir au peuple et à l’armée syrienne. Cette
dernière n’est plus seule avec ces stratèges des trois nations qui se
concertent pour mener des actions qui se soutiennent mutuellement. Le centre de
cueillette d’information, d’analyse et de coordination des interventions au
sol, sur terre et sur mer joue un rôle primordial. Tout ce que fait la Russie,
elle le fait en concertation avec l’armée syrienne et il en va de même pour
l’Iran et l’armée syrienne.
Le
problème qui se pose aux Occidentaux, surtout la France et les États-Unis,
c’est leur obsession à vouloir avant tout la prise de contrôle de l’État
syrien. Les terroristes, de quelques allégeances qu’ils sont, servent bien leur
principal objectif en créant le chaos dans le pays et en déstabilisant le
gouvernement. Ils ne peuvent tout de même pas admettre qu’ils appuient l’État islamique
au nom duquel ils justifient leurs luttes antiterroristes en Syrie. Pas plus,
ils ne peuvent les combattre, ces terroristes sont leurs alliés. Ils sont et tiennent lieu de leur armée
secrète qui fait pour eux un bon travail de chaos dans le pays. Il faut lire cet article
qui compare l’OTAN à un cheval de Troie, portant dans ses entrailles, les
terroristes islamiques.
La
seule voie pour sauver leurs terroristes est
celle de les faire collaborer à la guerre contre les
terroristes islamiques. Suite à la rencontre de F. Hollande avec V. Poutin, à
Moscou, M. Fabius, ministre des Affaires étrangères de France, a eu la bonne idée d’accepter
que l’armée régulière de Syrie puisse également participer à cette lutte contre
l’État islamique et du même souffle suggérer que les dissidents armés syriens
puissent également en faire autant.
« Pour
lutter contre Daesh, “il y a deux séries de mesures : les bombardements
(…) et des forces au sol, qui ne peuvent pas être les nôtres, mais qui peuvent
être à la fois des forces de l’Armée syrienne libre (opposition), des forces Arabes
sunnites, et pourquoi pas des forces du régime et des Kurdes également bien sûr”.
Il
ne lui est pas venu à l’esprit que cette lutte contre le terrorisme et l’É.I.
était le combat de l’armée et du peuple syrien soutenus par la Russie et
l’Iran. Ceci n’exclut évidemment pas que d’autres se joignent à cette armée et
à ce peuple pour soutenir cette lutte. Si la Russie et l’Iran se mettent aux
ordres de l’armée syrienne et que celle-ci donne son accord pour les stratégies
de combat, il doit en être de même pour tout intervenant souhaitant participer,
sur le sol syrien, à ce combat.
Je
ne doute pas que la rencontre d’aujourd’hui (27 novembre) du ministre des
Affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, avec son homologue syrien,
Walid Mouallem, portera sur ces derniers
évènements maqués par l’attaque contre l’avion militaire russe et la rencontre
toute récente de F. Hollande avec V. Poutine. Ils aborderont également les
mesures à prendre pour mettre fin aux incursions de militaires étasuniens qui
poursuivent leurs actions illégales en Syrie pour former et armer leurs
terroristes. Ce matin une nouvelle AFP reprise par nos médias faisait état de
cinq militaires déjà présents en Syrie pour faire ce travail de clandestinité
contre l’État de droit.
Il
ne fait pas de doute que l’armée de terre syrienne disposera de tout ce qu’il
lui faut pour procéder elle-même à cette lutte contre les dissidents armés et
ceux qui les soutiennent.
Oscar
Fortin
Le
27 novembre 2015