Je ne pense pas qu’il y ait au Québec des groupes
terroristes, financés par d’autres pays, pour semer le désordre social en
faisant sauter des bombes, tuant et blessant de nombreux civils innocents, des
membres des forces de l'ordre et détruisant édifices publics. C’est
effectivement ce qui se passe actuellement en Syrie.
À ce que je sache, le mouvement étudiant s’est
toujours défini comme un mouvement pacifique, n’arborant pour armes que des
pancartes et des défilés dans les rues de Montréal et des principales villes du
Québec. Le Gouvernement n’a jamais été mis en question dans ses institutions,
sinon dans ses politiques de financement des universités et de projets privés
comme celui du Grand Nord et des gaz de schiste. S’il y a eu dans ses rangs des
casseurs et des infiltrés des forces de l’ordre, il appartient au gouvernement
de les arrêter et de les juger. Réduire le mouvement étudiant à ces derniers
est faire preuve de mauvaise foi.
En Syrie, la situation est toute autre. Des
gouvernements étrangers, dont les États-Unis, le Canada, la France et les
Émirats arabes et également le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie veulent
changer le régime politique en se débarrassant, par tous les moyens, du
Président actuel, pourtant confirmé dans ses fonctions par une grande majorité
qui s’est exprimée à travers un référendum national, en 2000. En février
dernier, un projet de nouvelle constitution a été soumis au peuple qui a voté,
là encore, majoritairement en faveur de cette nouvelle constitution. Plus de
50 % de l’électorat syrien appuient le gouvernement et les réformes qu’il
réalise progressivement. Les dernières élections législatives du 7 mai dernier
vont également dans le même sens, bien que le climat de violence n’était pas de
nature à en faciliter la tenue.
On peut comprendre, dans le cas du gouvernement
syrien, qu’il intervienne avec toute la force à sa disposition pour contrer les
groupes terroristes et cette « armée libres », composée de membres de
l’opposition et de mercenaires de diverses provenances, obéissant aux ordres
qui leur viennent de l’extérieur. Tous les jours, il y a des voitures piégées
qui font des dizaines de morts et des centaines de blessés. Que le gouvernement
syrien réplique pour protéger la vie de ses citoyens, rien de plus normal, dans
les circonstances. Absolument rien de comparable avec ce qui se passe ici.
Il est curieux que dans le cas de la Syrie nos
gouvernements et nos médias se portent à la défense des groupes terroristes et
de l’opposition armée et condamnent, comme seul responsable de la violence, le
gouvernement syrien. Ce n'est pas en les écoutant ou en les lisant que l'on va
apprendre tout ce montage de groupes terroristes, armés et payés par l'Occident
dont nous sommes, pour détruire les bases du droit international et les
institutions politiques nationales.
Pourtant, ici au Québec, ce sont les étudiants et
leurs organisations pacifiques qui sont condamnés par ces mêmes autorités et
médias alors que ces derniers n'ont que louanges pour ce gouvernement qui a imposé, par sa majorité parlementaire, la loi 78.
Qu'en est-il vraiment de notre démocratie ? À y
regarder de plus près, au Québec, notre premier ministre et son parti dirigent
comme des maîtres absolus les destinées du Québec. Ils le font au nom du peuple
québécois alors qu’ils n’ont reçu l’appui que de 25 % de l’électorat
québécois. C'est dire que les 75% de la population n'ont pas voté pour ce
gouvernement.
Au Canada, le cas de M. Harper, cet autre
petit dictateur aux allures démocratiques, n’occupe son siège qu’avec l’appui de
moins de 25 % de l’électorat canadien et avec moins de 40 % de
ceux et celles qui sont allés aux urnes. Nous sommes loin des 50 % ou
des 60 % d’un électorat qui appuie ses dirigeants.
Cette mise en perspective est d’autant plus
importante que ces messieurs parlent toujours comme si 99 % du peuple
étaient derrière eux, leur donnant ainsi pleine autorité pour parler en leurs
noms et décider des politiques comme s’ils étaient les seuls (es) à avoir
autorité à le faire. C’est là le reflet de la démocratie que ces
messieurs donnent en exemple au monde. Ils sont d'ailleurs bien placés pour
enseigner comment garder le pouvoir et diriger en toute quiétude un État avec
moins de 30 % de l’électorat? Cette formule plaît aux oligarchies qui
sont, par définition, une minorité. Elle leur permet de régner à travers les
élus du peuple sur lesquels ils exercent un ascendant déterminant pour la
gestion des pouvoirs de l'État.
On veut évidemment corriger cette image de
minoritaires par des sondages pour faire croire que le peuple est derrière ses
dirigeants. Mais, là encore dans ces sondages, une main invisible s'assure que
les résultats soient concluants. À lire l’article de Richard Le Hir sur le
dernier sondage CROP.
C’est ce gouvernement Charest qui, avec moins de
25 % de l’électorat québécois, a fait voter cette loi spéciale 78, visant
à bâillonner le mouvement étudiant et à encadrer la libre expression des
groupements de toute nature.
Quelques titres d’articles parus, suite à la votation de
cette loi :