Fidel vient de rendre l’âme en ce 25 novembre 2016. Pour ceux et celles qui ont connu et
continuent de connaître cet homme exceptionnel, sa mort physique représente la
perte d’un être cher qui aura témoigné, jusqu’à la toute fin, des motifs
profonds de ses engagements révolutionnaires. Il n’aura retenu rien pour lui,
mais tout pour son peuple et les peuples du monde en lutte pour leur libération
des pouvoirs coloniaux et impériaux, en marche, pour transformer en réalité
l’avènement d’un monde de justice, de vérité, de solidarité inconditionnelle à
l’endroit des plus démunis et sans défense.
Pour les adversaires d’un tel projet qui va au-delà des
paroles et qui prend de plus en plus forme dans les pays en quête de liberté et
d’indépendance, ce Fidel Castro ne peut être qu’un monstre sanguinaire, sans
âme ni conscience, qui se nourrit du sang de son peuple et de ceux du monde. Il
suffit de faire le tour des grands titres de nos médias système où le mot journaliste
se transforme en agent de propagande pour constater que ce prophète des temps
modernes n’est rien de plus qu’un dictateur sanguinaire, un manipulateur qui
s’est enrichi au détriment de son peuple. Je vous fais grâce de tous ces titres
que nos médias système alignent à la Une de leurs pages principales et que nos journalistes, se considérant toujours
comme des spécialistes de l’information, commentent, les larmes aux yeux, sans
analyse et sans exemple, ces crimes dont on le rend responsable.
Lorsque je lis ces
soi-disant journalistes, aussi sensibles au sang versé d’innocentes victimes,
je me demande où ils étaient lorsque les États-Unis et ses alliés faisaient de
millions d’innocentes victimes en Irak, en Afghanistan, en Libye et maintenant
en Syrie avec l’aide et la collaboration de mercenaires et de terroristes. Où
sont-elles ces larmes qui crient au scandale devant autant de crimes ? Que
sont devenus ces peuples libérés par les États-Unis et ses alliés dont ils
sont si fiers ? Ces peuples ont-ils retrouvé la liberté promise, les systèmes
d’éducation et de santé indispensables à leur développement ? Rien de tout
cela n’est à l’horizon. C’est la destruction d’États et l’asphyxie de peuples
entiers. Ces journalistes système
parlent de Fidel comme d’un dictateur sanguinaire, mais il ne leur vient pas à
l’esprit de parler de l’Empire comme de l’une des dictatures les plus cruelles
que connaît notre monde. L’Empire n’a
fait que semer morts et désolation. Tous ces crimes de l’empire n’intéressent pas
nos journalistes, pourtant si sensibles aux crimes, non analysés et non circonstanciés,
de Fidel.
Il est vrai que Fidel a pris le chemin de la Révolution
armée, une fois qu’il a pris conscience que la voie démocratique lui était
fermée. Effectivement, quelques mois avant la tenue d’élections auxquelles
Fidel allait se présenter comme candidat à la présidence de Cuba, Batista, l’homme de main
de Washington, réalise un
coup d’État et reporte les élections prévues pour juin 1952, fermant ainsi
la porte à la voie démocratique. Ce fut le signal de départ pour ces jeunes
amants de la justice et des libertés démocratiques de prendre le chemin de révolution. Nos journalistes système parlent très peu de
ce coup d’État de Batista à quelques
mois d’élections générales.
Le
26 juillet 1953, alors âgé de 25 ans, Fidel avec ses 150 compagnons,
attaquèrent la Caserne de la Moncada. Plusieurs perdirent la vie et plusieurs
autres dont lui-même furent fait prisonniers.
C’est dans le cadre de ces années de prison qu’il nous faut comprendre cette
intervention historique de Fidel, assurant lui-même sa propre défense devant
ces juges qui devaient décider si oui ou non il serait libéré. Son discours la
mesure de l’homme qu’il était et qu’il a toujours été. Je reproduis ces
quelques extraits qui nous révèlent mieux que tout la trempe de l’homme et
l’humanité dont il était capable. Il est important que le monde sache et que
nos journalistes système en prennent bonne note. Le moment est bien choisi pour en faire le
rappel.
« Je
vous avertis que tout ne fait que commencer. Si dans vos âmes il y a encore un
brin d’amour pour la patrie, pour l’humanité, pour la justice, alors
écoutez-moi avec attention. Je sais que vous allez me contraindre au silence
pendant de nombreuses années. Je sais que vous ferez tout en votre pouvoir
pour cacher la vérité. Je sais que la conspiration contre moi visera à ce
que je passe à l'oubli. Mais ma voix ne s’éteindra pas pour autant : elle
prend toujours plus de force dans ma poitrine lorsque je me sens seul et elle
apporte à mon cœur toute la chaleur que lui nient les âmes lâches.
Lorsque
vous jugez un accusé pour vol qualifié, Honorables Juges, vous ne lui demandez
pas combien de temps il est sans travail, combien d'enfants il a, quels jours
de la semaine il a mangé et ceux où il n’avait rien à manger. Vous ne vous
préoccupez pas du tout des conditions sociales de l'environnement dans lequel
il vit. Vous les envoyez en prison sans plus de considération. Par contre, vous
ne voyez pas les riches qui mettent le feu à leur commerce et à leur boutique
pour réclamer des polices d’assurance, même si, dans ces feux, des êtres
humains y périssent. Ils ont suffisamment d’argent pour payer des avocats et
corrompre les juges. Vous envoyez en prison le malheureux qui vole parce qu’il
a faim, mais aucun, des centaines de voleurs qui s’emparent de millions à
l'État, ne passera une seule nuit derrière les barreaux. Vous mangez avec eux à
la fin de l’année dans quelque lieu aristocratique et ils ont ainsi votre respect.
Je
terminerai ma plaidoirie d'une manière peu commune à certains magistrats en ne
demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors
que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l'île
des Pins ? Je vous demande simplement la permission d'aller les rejoindre,
puisqu'il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés
dans une République dirigée
par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n'a aucune importance. L'histoire m'absoudra. »
Qui de nos hommes et femmes politiques auraient ce courage
et cette profondeur morale pour assumer de pareils propos en de telles circonstances. Je pense que nous y gagnerons tous et toutes
à relire ces propos de ce jeune avocat, devenu révolutionnaire, suite au coup
d’État provoqué par Batista. Les droits du peuple et sa libération de
l’esclavage, la reprise en main de son destin et la conquête de ses
institutions sont des objectifs qui ont inspiré Fidel et inspirent toujours ses
compagnons de lutte.
Si tout a été dit et redit contre Fidel, ces quelques mots
de son intervention devant la justice de Batista suffisent à démontrer le vide et
la mauvaise foi de toute cette propagande anticastriste. Les peuples et les
personnes de bonne volonté savent reconnaître l’authenticité et le vrai chez
les personnes d’honneur. Fidel en est un exemple qui continuera de vivre dans
le cœur et l’esprit de nombreux peuples.
N’en déplaise à ses détracteurs.
Oscar Fortin
Le 28 novembre 2016