Si je n’étais croyant catholique, je ne m’arrêterais pas à ce personnage, adulé par certains, fort critiqué par d’autres et ignoré par un nombre toujours plus grandissant. C’est toutefois en tant que membre de ce Corps qu’est l’Église que je me sens concerné par les gestes et engagements de celui qui en est le « pasteur » désigné par ses « pairs cardinaux ». La foi que je porte ne me vient ni de lui ou de quelqu’un d’autre de la hiérarchie catholique. Elle me vient du Christ lui-même, comme un don personnel qui m’est fait quotidiennement. C’est au nom de cette foi en Jésus de Nazareth et de ses Évangiles que je me permets de commenter l’actuel voyage de Benoît XVI en Afrique et particulièrement son passage au Cameroun.
Au début des années 1990, j’ai fait un séjour de quelques jours à Douala, ville portuaire importante du Cameroun. C’était mon premier contact avec le Continent africain. Invité par les autorités gouvernementales et patronales à participer à un colloque sur la main d’œuvre et l’emploi, mon séjour s’est déroulé en présence des dignitaires de ces deux instances. Alors que le Président du Patronat nous recevait à son bureau où trois Mercédès de grand luxe étaient à sa disposition, les rues de Douala nous renvoyaient l’image d’une grande pauvreté et d’une importante désorganisation sociale. De quoi donner la déprime à quelqu’un pourtant déjà habitué aux bidonvilles de l’Amérique latine. De la bouche de ces hauts responsables je sus que pour célébrer l’indépendance du pays, au début des années 1960, on avait fait venir deux avions cargos de France remplis de caisses de champagne. Je sus également qu’il était normal que des ministres se rendent régulièrement en Suisse pour y procéder à des dépôts d’argent leur assurant un avenir doré. Tous les édifices visités lors de ce bref séjour étaient, pour ainsi dire, tapissés de la photo du Président de la République que l’on retrouvait dans chaque pièce, un peu comme un icône de Dieu le père.
Répression violente de la dissidence au Cameroun
Au début des années 1990, j’ai fait un séjour de quelques jours à Douala, ville portuaire importante du Cameroun. C’était mon premier contact avec le Continent africain. Invité par les autorités gouvernementales et patronales à participer à un colloque sur la main d’œuvre et l’emploi, mon séjour s’est déroulé en présence des dignitaires de ces deux instances. Alors que le Président du Patronat nous recevait à son bureau où trois Mercédès de grand luxe étaient à sa disposition, les rues de Douala nous renvoyaient l’image d’une grande pauvreté et d’une importante désorganisation sociale. De quoi donner la déprime à quelqu’un pourtant déjà habitué aux bidonvilles de l’Amérique latine. De la bouche de ces hauts responsables je sus que pour célébrer l’indépendance du pays, au début des années 1960, on avait fait venir deux avions cargos de France remplis de caisses de champagne. Je sus également qu’il était normal que des ministres se rendent régulièrement en Suisse pour y procéder à des dépôts d’argent leur assurant un avenir doré. Tous les édifices visités lors de ce bref séjour étaient, pour ainsi dire, tapissés de la photo du Président de la République que l’on retrouvait dans chaque pièce, un peu comme un icône de Dieu le père.
Répression violente de la dissidence au Cameroun
29 janvier 2009
D'après un nouveau rapport d'Amnesty International, les homicides et la torture sont des armes que le gouvernement camerounais utilise régulièrement afin d'étouffer la dissidence politique. Pendant une période d'une dizaine d'années marquée par des violations flagrantes des droits humains, les forces de sécurité camerounaises ont fréquemment eu recours à une force excessive et injustifiée ; les auteurs de ces agissements bénéficient presque toujours de l'impunité.
« L'opposition politique n'est pas tolérée au Cameroun, a expliqué Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d'Amnesty International. Toute dissidence est étouffée soit par la violence, soit par le détournement de la justice pour réduire les personnes qui émettent des critiques au silence. »
À la fin du mois de février 2008, les forces de sécurité ont tué pas moins de 100 civils au cours de manifestations contre l'augmentation du coût de la vie. Amnesty International a vu des photographies et reçu des témoignages suggérant que certaines des victimes ont été tuées à bout portant, alors qu'aucun effort n'avait été fait pour privilégier une arrestation.
« Les procès iniques, les manœuvres d'intimidation et de harcèlement, allant notamment jusqu'aux menaces de mort, sont systématiquement utilisés par les autorités pour réprimer les critiques formulées par la classe politique, les défenseurs des droits humains et les journalistes, a ajouté Tawanda Hondora. La loi du silence imposée aux médias est particulièrement préoccupante. Si un journaliste est considéré comme trop critique à l'égard du gouvernement, il est réduit au silence – et les stations de radio et chaînes de télévision se voient contraintes de cesser leurs activités. »
Le journaliste Michel Mombio a été arrêté en septembre 2008 et a passé dix jours en garde à vue. Il a ensuite été transféré à la prison centrale de la capitale, Yaoundé, et inculpé d'escroquerie et de chantage. Il était toujours détenu en janvier 2009, sans avoir été jugé.Des journalistes couvrant les manifestations de rue de février 2008 ont été agressés par des membres des forces de sécurité. Parmi les victimes figuraient un caméraman de la chaîne de télévision Canal 2 International ; il a été roué de coups puis arrêté, et sa caméra a été détruite. Il n'a été remis en liberté qu'après que des soldats l'eurent obligé à les payer.
Le rapport, intitulé Cameroun. L'impunité favorise les atteintes constantes aux droits humains, dénonce également les conditions carcérales épouvantables qui prévalent dans le pays. Les prisons sont caractérisées par l'insuffisance tant de la nourriture que des soins médicaux, ainsi que par la surpopulation.
Les mineurs sont souvent incarcérés au côté des adultes, et la séparation entre détenus hommes et femmes est inadaptée, ce qui donne lieu à des actes de violence et d'exploitation, sexuelles notamment. Les prisons seraient infestées de rats et de cafards, et certains détenus se sont mis à dormir dans les toilettes, faute d'autre lieu où se reposer. »
LE MESSAGE DE BENOÎT XVI AU PRÉSIDENT DU CAMEROUN
D'après un nouveau rapport d'Amnesty International, les homicides et la torture sont des armes que le gouvernement camerounais utilise régulièrement afin d'étouffer la dissidence politique. Pendant une période d'une dizaine d'années marquée par des violations flagrantes des droits humains, les forces de sécurité camerounaises ont fréquemment eu recours à une force excessive et injustifiée ; les auteurs de ces agissements bénéficient presque toujours de l'impunité.
« L'opposition politique n'est pas tolérée au Cameroun, a expliqué Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d'Amnesty International. Toute dissidence est étouffée soit par la violence, soit par le détournement de la justice pour réduire les personnes qui émettent des critiques au silence. »
À la fin du mois de février 2008, les forces de sécurité ont tué pas moins de 100 civils au cours de manifestations contre l'augmentation du coût de la vie. Amnesty International a vu des photographies et reçu des témoignages suggérant que certaines des victimes ont été tuées à bout portant, alors qu'aucun effort n'avait été fait pour privilégier une arrestation.
« Les procès iniques, les manœuvres d'intimidation et de harcèlement, allant notamment jusqu'aux menaces de mort, sont systématiquement utilisés par les autorités pour réprimer les critiques formulées par la classe politique, les défenseurs des droits humains et les journalistes, a ajouté Tawanda Hondora. La loi du silence imposée aux médias est particulièrement préoccupante. Si un journaliste est considéré comme trop critique à l'égard du gouvernement, il est réduit au silence – et les stations de radio et chaînes de télévision se voient contraintes de cesser leurs activités. »
Le journaliste Michel Mombio a été arrêté en septembre 2008 et a passé dix jours en garde à vue. Il a ensuite été transféré à la prison centrale de la capitale, Yaoundé, et inculpé d'escroquerie et de chantage. Il était toujours détenu en janvier 2009, sans avoir été jugé.Des journalistes couvrant les manifestations de rue de février 2008 ont été agressés par des membres des forces de sécurité. Parmi les victimes figuraient un caméraman de la chaîne de télévision Canal 2 International ; il a été roué de coups puis arrêté, et sa caméra a été détruite. Il n'a été remis en liberté qu'après que des soldats l'eurent obligé à les payer.
Le rapport, intitulé Cameroun. L'impunité favorise les atteintes constantes aux droits humains, dénonce également les conditions carcérales épouvantables qui prévalent dans le pays. Les prisons sont caractérisées par l'insuffisance tant de la nourriture que des soins médicaux, ainsi que par la surpopulation.
Les mineurs sont souvent incarcérés au côté des adultes, et la séparation entre détenus hommes et femmes est inadaptée, ce qui donne lieu à des actes de violence et d'exploitation, sexuelles notamment. Les prisons seraient infestées de rats et de cafards, et certains détenus se sont mis à dormir dans les toilettes, faute d'autre lieu où se reposer. »
LE MESSAGE DE BENOÎT XVI AU PRÉSIDENT DU CAMEROUN
Qu’avait à dire le Pape au Président et aux camerounais et camerounaises ? Quel message d’espérance avait-il à leur annoncer ? À son arrivée à l’aéroport de Yaoundé, le 17 mars 2009, dans ses échanges avec le Président, présent pour l’accueillir, il eût ces mots dont je cite un extrait qu’on ne peut passer sous silence:
« Le Cameroun est bien une terre d'espérance pour beaucoup d'hommes et de femmes de cette région centrale de l'Afrique. Des milliers de réfugiés, fuyant des pays dévastés par la guerre, ont été accueillis ici. C'est une terre de la vie où le gouvernement parle clairement pour la défense des droits des enfants à naître. C'est une terre de paix: à travers le dialogue qu'ils ont mené, le Cameroun et le Nigeria ont résolu leur différend concernant la péninsule de Bakassi et montré au monde ce qu'une diplomatie patiente peut produire de bon. C'est un pays jeune, un pays béni parce que la population y est jeune, pleine de vitalité et décidée à construire un monde plus juste et plus paisible. A juste titre, le Cameroun est décrit comme une« Afrique en miniature» qui abrite en son sein plus de deux cents groupes ethniques différents capables de vivre en harmonie les uns avec les autres. Voilà bien des motifs pour rendre grâce et louer Dieu! »
Le tout a été suivi d’une visite de courtoisie dont les images nous rappellent la célébration de son anniversaire à la maison Blanche en compagnie de la famille Bush et de nombreux autres invités.
Qui, en toute conscience, peut imaginer Jésus de Nazareth se complaire en compagnie de personnages dont le pouvoir se nourrit au prix de la pauvreté et de la misère de millions de personnes? Il faut croire que les "us et coutumes protocolaires" de Benoît XVI cadrent davantage avec les puissances de ce monde qu’avec les déshérités de la terre. Le scandale n’est pas tant dans le condom dont l’usage diplomatique permet d’éviter des débats sur des sujets autrement plus importants comme ceux liés aux problèmes sociaux, aux abus de pouvoir, à la manipulation des institutions religieuses, à la corruption sous toutes ses formes. Il ne suffit pas de laisser quelques textes sur ces sujets, mais de créer l’évènement qui saura faire la différence dans les véritables solidarités. Pierre, le premier Pape de l’Histoire de l’Église, a ce conseil pour les anciens et ceux qui allaient lui succéder:
« Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1 P. 5, 1-5)
Oscar Fortin, théologien et politologue
Québec, le 20 mars 2009
http://humanisme.over-blog.com/