L’histoire récente nous enseigne que les complots ourdies dans le plus grand secret et mis à exécution sous les bannières les plus nobles telles celles de la démocratie et du respect des droits humains sont vite démasqués et leurs auteurs mis à nue.
L’hypocrisie de leurs discours et la rapacité de leurs ambitions n’arrivent plus à tromper comme ils parvenaient à le faire il n’y a pas encore si longtemps.
Plusieurs se souv
iendront de ce 11 avril 2002 : le Président Hugo Chavez, élu à la tête du Venezuela en 1999, est enlevé par un « commando » et amené comme prisonnier à un endroit tenu secret. Ce coup d’État, commandité par Washington et l’oligarchie nationale, leur permettra de reprendre le contrôle de l’État et du pays. Pedro Carmona Estanga, président du Conseil du patronat, est aussitôt désigné pour prendre la direction du nouveau gouvernement. Sans tarder, il destitue de leurs charges, qu’il qualifie d’illégitimes, le Président et les autres magistrats du Tribunal Suprême de Justice, le Fiscal Général de la République, le Contrôleur Général de la République, le Défenseur du Peuple et les membres du Conseil National Électoral Consultatif ». Comme on pouvait le soupçonner, ces gens savent où se trouvent les véritables leviers du pouvoir.
Les médias de communication, tous sous la gouverne de ceux-là mêmes qui ont fomenté ce coup d’État, traitent et diffusent les nouvelles de manière à renforcer la crédibilité et la justification de ce renversement de gouvernement : Chavez était devenu un dictateur, jaloux d’un pouvoir qui le plaçait au dessus de toute démocratie et qu’il savait exploiter pour ses ambitions personnelles.
La Maison blanche a été la première à se réjouir de ce départ de Chavez. Je me souviens de la déclaration du Président Bush disant que Chavez avait lui-même provoqué cette situation. Qu’il n’avait finalement que ce qu’il méritait. Cette position a été adoptée par le Canada et tous les pays soumis aux politiques de Washington. Le slogan était que Chavez avait provoqué cet état de chose par ses politiques et ses déclarations intempestives. D’ailleurs tout avait été préparé minutieusement entre les principaux acteurs de cette intervention : la Presse, l’Église, l’oligarchie et la Maison blanche.
Mais v
oilà, au grand dam des putschistes et de leurs alliés, le peuple vénézuélien se lève et, en appui au bras armé de l’État, resté fidèle au Président et à la Constitution du pays, reprend le contrôle du Parlement, arrête les intrus et exige la libération de son Président qui n’avait à aucun moment donné sa démission, contrairement aux bulletins officiels des putschistes. On l’avait plutôt menacé de mort.
Depuis lors, sept ans ont passé. Des référendums et des élections ont été réalisés. Chavez est toujours là et plus populaire que jamais auprès de son peuple. Il faut dire que les vénézuéliens ont connu un bond qualitatif important au niveau de l’alphabétisation, de l’éducation, de l’accès aux soins de santé, de la participation politique et d’une amélioration de la qualité de vie chez les classes les plus défavorisées.
La justice a pris tout son temps pour donner suite aux accusations portées contre les putschistes et les responsables du massacre du 11 avril 2002. Ce n’est que maintenant que les premières condamnations commencent à sortir. Aussitôt les opposants et la Conférence épiscopale en tête, complice du coup d’État de 2002, crient au scandale et à une atteinte à la démocratie. Dommage que leurs discours ne passent plus.
Ils sont maintenant à « visage découvert ».
Ce qui fut vrai pour le Venezuela, voilà que ce l’est actuellement pour la Bolivie. Au moment d’écrire ces lignes, le Président Évo Morales, légitimement élu et appuyé par plus de 62% de la population fait une grève de la faim. Le motif est de forcer les sénateurs de l’oligarchie, majoritaires au Sénat, de sanctionner une loi déjà votée par les députés et déjà prévue dans le référendum de la nouvelle constitution votée à 67% par le peuple Bolivien, loi qui prévoit des élections en décembre prochain.
Ces derniers ne veulent pas que des élections aient lieu, sachant que le peuple va de nouveau voter pour Evo Morales. Ils le font encore en invoquant la démocratie comme si la démocratie à laquelle ils pensent n’avait rien à voir avec le pouvoir du peuple. Toutes les tactiques dilatoires sont bonnes pour faire échouer ce vote.
Nous avons entendu parler, au cours des deux dernières années, des nombreuses actions mises en œuvre pour déloger cet indien élu Président de cet État en majorité indienne. Il y eut des tentatives d’assassinat, des actions de déstabilisation de l’État et de l’économie, des affrontements qui ont fait des dizaines de morts, tout cela visant évidemment un coup d’État permettant de se débarrasser de l’indien et des politiques mises de l’avant par ce dernier.
Évo Morales a toujours répondu à ces actions par des moyens pacifiques, comme c’est encore le cas actuellement avec sa grève de la faim. C’est ainsi qu’il a vaincu chacune de ces initiatives visant à se débarrasser de lui, à empêcher la mise en place d’une nouvelle constitution et plus que tout leur permettant de garder le plein contrôle sur les richesses du pays et l’exploitation d’une partie importante de la population. Ils savent que les prochaines élections, prévues dans la nouvelle constitution, vont donner un large appui à cet homme et aux politiques qu’il défend.
Dan
s ce dernier combat, il a reçu l’appui du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, de plusieurs organismes internationaux et de gouvernements. Le Venezuela et Cuba suivent de très près ce qui se passe et savent d’expérience quelles sont les forces et les intérêts qui soutiennent ces opposants à la véritable démocratie du peuple. Encore là, les masques tombent et derrière les beaux discours de ceux qui ont vécu des dictatures qu’ils ont soutenues tout au long des 50 dernières années, il y a la mesquinerie, la manipulation et les ambitions personnelles qui passent avant les intérêts du peuple.
La presse, servile à ces prédateurs, met tout son savoir et ses habiletés à convertir les véritables serviteurs du peuple en ennemis du peuple, et à faire apparaître comme sauveurs ceux-là mêmes qui n’ont d’autres ambitions que celles de leurs propres « poches ». Combien de ces Présidents ont fait la grève de la faim pour protéger les intérêts du peuple ou qui ont risqué leur vie et leurs intérêts pour défendre ce même peuple? Pour plusieurs, les côtes de la Floride sont plus attrayantes.
Messieurs, vous êtes maintenant « à visages découverts » et vos discours ne prennent plus. Les peuples apprennent de plus en plus à lire, mais encore plus à discerner le vrai du faux.
Étant croyant en ce Jésus de Nazareth dont les chrétiens commémorent, ces jours-ci, la mort sur la croix et la résurrection, je souhaite au Président Évo Morales persévérance et ténacité car de son sacrifice surgira la lumière qui aura raison des ténèbres. Son geste s’ajoute à celui de tous ceux et celles qui ont lutté et luttent toujours
pour que le règne de la justice, de la vérité, du respect et de la compassion deviennent réalité pour tous les peuples de la terre.
Oscar Fortin
11 avril 2009
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