LES ACCUSATEURS SE FONT PLUS DISCRETS ET LES ACCUSÉS PLUS PERSISTANTS
Le 17 juillet prochain marquera le
premier anniversaire de l’écrasement du Boeing 777 de Malaysia Airlines, entraînant
dans sa chute la mort des 298 personnes qui se trouvaient à bord. Dès les
premiers instants, on parla d’un missile sol-air, en provenance du territoire
ukrainien qui en aurait été la cause. Les débris se retrouvèrent en grande
partie là où sévissaient de durs combats entre les indépendantistes pro-russes
du Sud-est de l’Ukraine et le gouvernement central de Kiev, issu d’un coup
d’État en février de la même année. Ce conflit, au moment de cette tragédie,
avait déjà fait des milliers de morts chez les belligérants indépendantistes et
pro-russes de Donetsk et de Lougansk. Pour en savoir plus sur ce conflit, voir ce lien.
Comme
on pouvait s’y attendre, les États-Unis et l’OTAN, soutenant le gouvernement central
de Kiev qu’ils ont eux-mêmes parrainé lors du coup d’État de février 2014, ont
vite fait d’élever la voix pour accuser la Russie et les rebelles du Donbass
d’être les auteurs intellectuels et matériels de cette tragédie. Devant
pareilles accusations, la Russie fait connaître les photos satellites qui
montrent ce qui s’est passé au moment de l’écrasement du vol MH-17. De plus,
elle prend l’initiative de soulever 10
questions auxquelles elle attend des réponses de la part de ses
accusateurs.
Il
faut rappeler ici certaines informations qui enlèvent beaucoup de crédibilité aux accusations qui demeurent, pour l’instant, sans
fondement.
Ce
vol MH-17 de Malaysia Airlines s’est retrouvé juste au-dessus du champ de bataille
qui n’était pas sous la trajectoire habituelle de ses vols réguliers. Pour des
raisons qui nous sont encore inconnues, sa trajectoire, pour ce 17 juillet 2014,
le faisait passer juste au-dessus de la zone de combat, 1000
mètres plus bas que son altitude habituelle. Voici ce qu’en dit Wikipédia :
« La route du vol MH17 le 17
juillet diffère de celles prises les jours précédents qui visaient à éviter le
survol des zones de conflits6 : l'avion, en empruntant un
couloir aérien plus au nord que celui utilisé les jours précédents, et ce pour
une raison que l'enquête n'a pas encore expliquée, survole la zone où s'affrontent les
combattants de la république populaire de Donetsk et l'armée ukrainienne. »
C’est justement au-dessus de
cette zone de combat que disparut soudainement ce vol des écrans de radar de la
tour de contrôle.
De
nombreux débris tombèrent dans la région du Sud-est ukrainien, sous contrôle
des rebelles indépendantistes. Dès les premières heures, certaines informations
filtrèrent à l’effet que deux avions bombardiers ukrainiens suivaient de près
l’avion malaisien avant qu’il ne disparaisse. Cette information vient directement
de l’aiguilleur
du ciel espagnol qui gérait, la tour de contrôle le vol de Malaysia Air
Lines. C’est ce même personnage qui s’étonna que l’information de l’écrasement
de l’avion ait été diffusée par les autorités de Kiev presque au même moment de
sa disparition.
Le 17
juillet, au soir, le conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur, Anton
Guérachtchenko déclare
que le Boeing 777de Malaysia Air Lines (vol
MH 17) avait été abattu par un système de missiles sol-air Bouk. Les seuls
missiles pouvant atteindre une cible à une telle altitude sont ceux du système
de missiles Bouk et S-300, dont les belligérants ne disposaient pas et ne
sauraient manier.
« Quand
l’avion de ligne avait été abattu, les militaires ont informé le président que
les terroristes ne possédaient pas nos systèmes de missiles Bouk S-300. Ils ne
s’en sont pas emparés. »
Le
18 juillet, le lendemain de l’écrasement, le gouvernement central présente
une vidéo prouvant, de toute évidence, que les responsables de cet
écrasement sont bel et bien les belligérants qui auraient pris l’avion MH-17 pour
cible d’un tir de missile Bouk S-300. La vidéo nous fait entendre deux
militaires belligérants dont l’un avoue à l’autre qu’ils viennent d’abattre un
avion. Cette vidéo est présentée le 18 juillet, un jour après l’écrasement du
vol MH-17, mais la date de la production de cette vidéo est le 16 juillet, tel
qu’indiqué sur sa fiche de production. Comment les auteurs de cette vidéo
pouvaient-ils savoir, un jour avant l’écrasement de l’avion, que ce dernier
allait se produire ? La réponse à cette question n’a jamais été donnée. Par
contre, les analystes ont pu confirmer qu’il s’agissait
bien d’un montage à partir d’une conversation réelle entre deux militaires
belligérants, portant sur l’écrasement, cette fois, d’un avion militaire
ukrainien abattu quelques jours ou semaines auparavant.
Devant
toutes ces accusations et révélations, le Conseil de sécurité des Nations Unies,
comme il fallait s’y attendre, se réunit le 21 juillet et vote la résolution 2166 qui
recommande, entre autres, que l’enquête soit sous la direction de l’OACI
(Organisation de l’aviation civile internationale) et que tous les pays
impliqués coopèrent en remettant à cette commission tous les éléments
d’information susceptibles d’apporter un éclairage sur ce qui s’est
véritablement passé. Elle insiste également pour que le tout se réalise dans la
plus grande transparence et que les lieux de l’écrasement soient sécurisés pour
permettre les expertises nécessaires.
Nous
connaissons
la suite. L’Ukraine confie l’enquête aux Pays-Bas, un allié traditionnel de
l’Occident, les combats se poursuivent dans les zones où sont les débris de
l’avion abattu, rendant ainsi le travail des inspecteurs sur le terrain beaucoup
plus difficile et dangereux.
Le 8 août, quatre pays reliés
directement à l’enquête (Hollande, Belgique, Ukraine et Australie) signent un pacte de non-diffusion de toute information qui n’aurait
pas été préalablement approuvée par les quatre. L’accord
stipule que les progrès et les résultats de l’enquête sur le terrible accident
survenu au Boeing 777 malaisien seront gardés secrets si jamais un des quatre
signataires s’y opposait. Un pacte qui va directement à l'encontre de la
résolution 2166 du Conseil de sécurité.
Le 9 septembre, un premier rapport préliminaire est rendu public. Il nous apprend surtout
qu’il est possible que le Boeing 777 ait été la cible de tirs d’avions de
chasse.
« Le vol MH17 du Boeing-777 opéré par la Malaysia Airlines s'est
disloqué en vol, résultant probablement de dégâts structurels causés par un
grand nombre de projectiles à grande vitesse qui ont pénétré dans l'avion
depuis l'extérieur », a soutenu le Bureau d'enquête néerlandais
pour la sécurité (OVV), chargé de l'enquête. »
Cet
élément redonne de la crédibilité au pilote d’avion de chasse qui avait
déclaré, le 29 juillet, qu’il avait lui-même tiré sur l’avion civil MH-17.
Pour en savoir plus sur ce premier rapport, je
vous réfère à cet article,
écrit au moment de sa publication.
Il faudra attendre au mois de juillet 2015 pour
connaître les conclusions finales de l’enquête. Ce rapport est effectivement terminé, mais il n’est pas encore disponible au grand
public. Il doit être soumis préalablement aux représentants accrédités des pays
participants à l’enquête. Ces pays sont : la Malaisie, les États-Unis, la Russie, la
Grande-Bretagne, l'Australie et les Pays-Bas.
On remarquera
que l’Ukraine, la Belgique, l’Australie, lesquels avaient conclu , en août
2014, un pacte avec les Pays-Bas n’autorisant la diffusion que des points au sujet
desquels ils seraient tous d’accord, ne figurent pas sur la liste des pays
auxquels le rapport a été soumis. Par contre, les États-Unis y apparaissent
pour la première fois.
Est-ce dans ce
contexte qu’il faudrait comprendre cette
déclaration du gouvernement néerlandais, datée du 24 juin, qui suggère de
soumettre à la justice internationale le pouvoir de mener à terme cette enquête
à laquelle la collaboration de certains États laisse à désirer ?
« Le gouvernement néerlandais considère
qu'une nouvelle enquête internationale sur le crash du Boeing malaisien en
Ukraine permettrait une meilleure coopération entre les États concernés. »
Il faut
croire qu’il y a des faits incontournables auxquels certains pays devront
apporter des précisions.
C’est en octobre prochain que le pays chargé de
l’enquête, Hollande, fera connaître sa dernière version, après avoir analysé les commentaires reçus des autres pays participants. Reste à voir maintenant si la prochaine fois sera la définitive. Je ne
serais pas surpris que d’autres évènements viennent en retarder de nouveau la
publication.
Dire que tout était si clair dès les premiers instants de
cette tragédie : les rebelles et la Russie en étaient les auteurs.
Pourtant, depuis ce temps, c’est la Russie qui pousse dans le dos des
enquêteurs pour qu’ils fassent leur travail en exigeant toute la documentation
dont peuvent disposer les pays sur cette tragédie. Elle se fait promotrice de
la plus grande transparence et insiste pour que les États-Unis mettent à la
disposition des enquêteurs toutes les photos satellites dont ils disposent.
Qu’il en soit également de même pour que le gouvernement de Kiev livre le
contenu entier des boîtes noires et les enregistrements de la tour de contrôle.
L’accusée ne veut surtout pas que l’accusateur s’en tire aussi facilement.
D’autant plus, s’il fait partie des véritables auteurs de ce crime atroce.
Oscar Fortin
Le 6 juillet 2015