Pour bien comprendre le caractère exceptionnel de cette rencontre, il faut savoir que ce prêtre jésuite se démarque par son engagement ferme au service du peuple vénézuélien. Il est curé d’une paroisse au cœur de Caracas, capitale du pays. Il vit humblement au milieu de son peuple, partageant avec tout chacun l’esprit des Évangiles et ce combat de tout un peuple pour un monde plus juste, plus solidaire, plus humain en tout et partout. Son soutien à cette révolution initiée, en 1998, par le président Hugo Chavez et son accompagnement à tous les niveaux, en fait un être indésirable pour l’épiscopat vénézuélien qui s’affirme avec force et vigueur à cette révolution. Dans un article antérieur, j'avais présenté ce personnage exceptionnel.
S’il survit toujours comme curé et pasteur, c’est dû en grande partie à une amitié ancienne qui le liait à Jorge Bergoglio, devenu le pape François. C’est grâce à cette amitié s’il a pu rencontrer, au début de la semaine, le pape pour lui dire, en bon pasteur, la vérité du Venezuela et de son peuple. Les médias de langue française n’ont pas fait écho à cette rencontre que l’on peut qualifier d’exceptionnelle. On se souviendra des difficultés rencontrées par Mgr Oscar Romero pour rencontrer le pape de l’époque, Jean-Paul II, et lui dire la vérité du Salvador et des Salvadoriens.
Il s’agit d’une rencontre officielle, du pape François, avec un curé de paroisse dont la pensée et l’agir sont tout à l’opposé de ce que disent et font les évêques vénézuéliens. Voyons ce qu’il dit au pape François. (la traduction sera faite à l’aide de Google traduction)
"Nous avons rencontré brièvement le secrétaire d'État et le pape pour témoigner que les informations sur le Venezuela étaient souvent fausses et que la population souffrait des sanctions imposées par les États-Unis et des privations résultant des infamies qui circulent de l'extérieur du pays et non par les difficultés découlant d'une dictature: dans notre pays, par contre, il existe une démocratie participative forte. "
Il a également ajouté être engagé dans une mission dans laquelle il représente le peuple vénézuélien, le modeste et non un secteur politique: "Mon devoir en tant que religieux est de dire ce que ce peuple ne peut dire, car la presse occidentale, qui est liée au pouvoir impérialiste, déforme et falsifie la vérité ", indique une note publiée sur le site du ministère du Pouvoir populaire pour les affaires étrangères.
"Je joue le rôle de porte-parole du peuple vénézuélien et, par conséquent, du gouvernement légitimement élu. C'est mon devoir de le faire en tant que membre de l'Église catholique et de l'option pour les pauvres ", a-t-il expliqué.
Sur les forces qui agissent dans et hors de la crise vénézuélienne, le père Numa a souligné que "la dictature est celle de l'empire qui nous attaque par tous les moyens, car nous ne renonçons pas à notre indépendance, pour laquelle nous ne nous rendrons pas".
Le père Numa Molina était en Italie, également pour assister à l'invitation du professeur Luciano Vasapollo de l'Université La Sapienza à Rome, qui est le délégué du recteur pour les relationsde l'Université avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Il a été reçu par le recteur Eugenio Gaudio et a participé à des activités d’enseignement et de recherche typiques de la maison d’études.
Il a saisi cette occasion pour exprimer sa gratitude au professeur Vasapollo "qui, grâce à de grands et nobles efforts scientifiques, humains, moraux et politiques et culturels ainsi que d'autres enseignants transmet la vérité. « Ce sont des études scientifiques gratuites sur les souffrances du Sud et de mon pays, imposées par la logique du profit. "
Molina a également remercié le recteur Eugenio Gaudio pour son accueil, ainsi que le président de la Croix-Rouge, Francesco Rocca, de l'UNICEF et de l'Académie pontificale des sciences sociales, avec lesquels les représentants ont tenu plusieurs réunions.
"Le fait que le professeur Vasapollo, en tant que délégué du recteur, m'a invité au nom de la plus grande et de la plus importante université d'Europe donne la priorité à la valeur d'une culture basée sur le respect de la vie et de la dignité des personnes".
Tout ceci pour dire que ce prêtre jésuite, solidaire de son peuple et profondément engagé dans sa mission de pasteur pour qui l’Esprit des Évangiles ouvre toutes grandes les portes à la fraternité humaine, à la solidarité, à la vérité, à la justice, à l’amour sans discrimination..
Cette visite au pape et l’accueil que ce dernier lui a réservé marquent un tournant important dans la gestion des pouvoirs de l’Église. La voix des épiscopats n’est plus fiable. Nous l’avons vu avec l’épiscopat chilien sur la question des abus sexuels et nous le voyons présentement sur la question du Venezuela où l’épiscopat est totalement aux ordres de l’empire. Voir ici mon article sur ce sujet.
Oscar Fortin
Le 14 juin 2019