UNE FRAUDE ANTICIPÉE
Il est 5 h du matin, 24 novembre 2013. Les Honduriens se préparent à aller voter. Les sondages donnent une avance de 8 à 4 points au parti de Xiomara Castro, avec une marge d’erreur de 3 % sur ses plus proches adversaires. La victoire de cette dernière marquerait le retour en force des orientations politiques de l’ex-président, Manuel Zelaya, victime, en juin 2009, d’un coup d’État militaire.
Xiomara Castro, épouse de l’ex-président, a créé un nouveau parti politique, Liberté et Refondation (LIBRE), avec le soutien des principaux acteurs de la résistance au coup d’État militaire de 2009. Plusieurs de ses leaders ont été assassinés tout au long des quatre dernières années. Dans la même période, plus de 30 journalistes ont connu le même sort.
Le programme politique de ce nouveau Parti s’inspire du socialisme du XXIe siècle, une sorte de réaménagement des relations entre le privé et l’État, ce dernier prenant acte et cause en faveur des intérêts prioritaires du peuple. Cette relation peut se résumer dans cet axiome : l’État autant que nécessaire et le Privé autant que possible. Une sorte de renversement de ce qui existe actuellement : l’État le moins possible et le Privé le plus possible.
Advenant son élection à la présidence, Xiomara Castro mettra aussitôt en marche une constituante visant à doter le pays d’une LOI FONDAMENTALE qui reflète bien les intérêts et les droits du peuple hondurien. De quoi modifier fondamentalement le visage politique, social et économique du Honduras. Pas surprenant, qu’en dépit de la désinformation et des divers moyens de pression dont disposent les autorités actuelles et leurs alliés oligarchiques et impériaux sur les citoyens, que ces derniers soient majoritairement en faveur de ce nouveau Parti politique.
Il faut dire que le Honduras est actuellement une chasse gardée des oligarchies nationales et un territoire occupé par les États-Unis qui y disposent de deux bases militaires. L’État et tous les pouvoirs qui s’y retrouvent sont placés sous contrôle de ces oligarchies et de l’Empire. Il en va de même des forces armées qui obéissent aux intérêts de ces derniers.
Alors, voici le cadre entourant la tenue de cette élection présidentielle : 28 000 membres des forces armées et de la police seront déployés à travers tout le pays pour assurer la sécurité et un Conseil électoral national, présidé par un membre du Parti national dont le candidat à la présidence fait la lutte au Parti LIBRE. Ce dernier n'a aucun représentant au sein de ce TNE. Cette présence ne fut tout simplement pas désirée.
Aujourd’hui, 25 novembre, je réalise que tout est déjà cuisiné et que le candidat du Parti national sera le prochain président du Honduras. L’ambassadrice des États unis au Honduras est bien d’accord avec ce résultat. Certaines rumeurs veulent qu’elle ait été présente dans les bureaux du Conseil national électoral tout au long de la soirée.
Évidemment, les opposants à l’actuel régime et ceux qui croient que le vote du peuple n’a pas été respecté, s’unissent pour réclamer le respect de ce vote du peuple.
Ce matin, les représentants du parti LIBRE ont confirmé qu’il n’y aura aucune négociation qui trahisse le peuple du Honduras, en référence au Tribunal Suprême Électoral (TSE). Toutefois, par la voix de son président, Manuel Zelaya, ils ont précisé qu’ils sont d’accord pour un « dialogue » et des accords politiques toujours et pour autant qu’ils soient transparents et en défense des droits des Honduriens.
Ce matin, les représentants du parti LIBRE ont confirmé qu’il n’y aura aucune négociation qui trahisse le peuple du Honduras, en référence au Tribunal Suprême Électoral (TSE). Toutefois, par la voix de son président, Manuel Zelaya, ils ont précisé qu’ils sont d’accord pour un « dialogue » et des accords politiques toujours et pour autant qu’ils soient transparents et en défense des droits des Honduriens.
Lors de cette conférence de presse, ils ont clairement indiqué qu’il y a eu des irrégularités dans le comptage des votes. Ils insistent pour que le TSE fasse la démonstration « urne par urne, acte par acte, village par village » que leurs résultats, différents de ceux présentés par leur parti politique LIBRE, sont les bons résultats, ceux correspondant à la volonté clairement exprimée du peuple hondurien.
Pourquoi, se demandent-ils, hier soir, juste avant l’annonce officielle des premiers résultats, le TSE a écarté 20 % des urnes reçues au central, évitant ainsi de comptabiliser les votes qui s’y trouvaient ? Pourquoi les avoir cachés, ne pas les avoir comptabilisées? Il y a surement une raison pour avoir fait cela.
Selon les dirigeants de LIBRE, le comptage à la porte des urnes, donne un résultat qui fait de la candidate du parti LIBRE l’élue de la population hondurienne.
Manuel Zelaya, en tant que président du parti LIBRE, demande tout simplement au TSE de comparer de façon transparente les données officielles du TSE avec les leurs. S’ils font la démonstration que leurs données sont les bonnes, ils respecteront la volonté du peuple. Par contre, si c’est l’inverse qui se produit, il appartiendra alors au TSE d’apporter les correctifs qui permettront de respecter la volonté du peuple. Ce sera alors la candidate Xiomara Castro qui sera reconnue comme la nouvelle Présidente du Honduras.
Les représentants de la Conférence des partis politiques
progressistes de l’Amérique centrale, présents comme observateurs à cette
élection ont émis leurs propres réserves sur la transparence ce scrutin.
Ils ont relevés, entre autres, que 20 % des actes n’ont
pas été transmis et qu’un autre 20 % n’a pas été scanné alors que d’autres
n’ont même pas été comptabilisés.
Ils invitent donc le Tribunal suprême électoral à régulariser les actes manquants pour les
comptabiliser et les scanner, prenant en compte les observations
suivantes : « 20 % des actes ont présentés des irrégularités,
ceux des 611 centres de votation qui ne sont jamais arrivés au Tribunal et les 1800
qui n’ont pas été transmis. Un nombre suffisant de votes pouvant modifier
substantiellement les présents résultats.
La confirmation de la transparence des résultats sera, selon
eux, la meilleure manière pour le TSE de confirmer sa crédibilité devant le
pays et la communauté internationale.
Déjà, le candidat du Parti national du Honduras, Juan Hernandez, en avance, selon le TSE, dans le comptage des votes, se comporte comme le nouveau président du Honduras. Pour le moment, il n’y a que 62% des actes de votation de comptabiliser. Lui également considère que le vote du peuple est sacré. Une raison de plus pour bien s'assurer que le compte est bon.
Il faut remarquer l’empressement de la représentante des États-Unis au Honduras pour reconnaître ce nouveau Président. Il s’agit de la même administration étasunienne qui n’a pas encore reconnu les résultats de l’élection de Nicolas Maduro, nouveau président au Venezuela depuis avril dernier, pourtant confirmés par toutes les instances institutionnelles du pays et la communauté internationale.
Un autre exemple de la démocratie des grands et des puissants. Tout est cuisiné d’avance. Pas de surprise et malheur aux récalcitrants. Des élections clés en main. Ils en sont des spécialistes.
Oscar Fortin
Québec, le 25 novembre 2013