Cette histoire de centaines de milliers d’émigrés d’Afrique, d’Amérique
latine, d’Asie, du Moyen-Orient à la recherche d’une terre de paix et de
bonheur n’est pas sans rappeler cette autre histoire, cette fois de la sortie d’Égypte,
de tout un peuple à la recherche, lui aussi, d’une terre où couleraient en
abondance le lait et le miel. Dans ce dernier cas, il s’agissait d’un peuple
étranger sur une terre étrangère, transformé en un peuple d’esclaves. Dans le
cas présent, il s’agit de peuples dépouillés de leurs richesses territoriales
par les pays colonisateurs et transformés, par ces derniers et leurs
représentants, en esclavage. S’il faut parler de leur recherche d’une terre de
paix et de bonheur, il ne faut surtout pas oublier de faire état de la
situation de misère et de pauvreté dans laquelle l’Occident, dit chrétien, les
a engloutis.
Il est curieux que nos médias fassent si peu état des causes profondes à
l’origine de ces départs massifs vers d’autres cieux plus cléments. Ils nous
parlent surtout de la tragédie humaine de ces naufrages et des problèmes énormes
que génère leur arrivée massive aux frontières de l’Occident.
La situation était bien différente lorsqu’il s’agissait d’émigrés cubains
qui cherchaient à atteindre avec des embarcations de fortune les côtes de la
Floride. Nos médias relevaient, alors, avec détails émouvants, le caractère
tragique et inhumain de ces départs obligés de l’Île vers cette terre de la
liberté qu’étaient les États-Unis d’Amérique. Avec beaucoup de passion, ils
nous décrivaient le régime communiste et dictatorial de Fidel Castro qui imposait
à ce peuple un cadre de vie qui défiait le respect des droits humains et des
libertés les plus fondamentales. Rien n’était assez fort pour stigmatiser les
causes de ces fuites de l’Île. Chaque tragédie devenait une occasion toute
spéciale pour démolir aux yeux du monde cette révolution et son chef suprême,
Fidel Castro. Elles étaient devenues un motif de propagande politique contre
Cuba. Il était important que ces tragédies se reproduisent le plus souvent. À
cette fin, les États-Unis avaient voté une loi accordant automatiquement le
statut de résident permanent à tous les Cubains et Cubaines qui arriveraient par
mer à toucher le sol (pieds secs)
de la Floride. Un privilège auquel les Haïtiens et les populations de
l’Amérique centrale étaient exclus. Seuls, les Cubains pouvaient se prévaloir
de ce droit. (Voir ma note au bas de l’article)
Si, dans le cas cubain, il était si important de faire ressortir les
causes du départ de centaines et de milliers de Cubains vers les États-Unis,
pourquoi n’en serait-il pas de même pour comprendre les causes qui justifient
ces migrations massives d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, du Moyen-Orient
et même de certains pays d’Europe, comme c’est actuellement le cas en Ukraine?
Ces pays, en général, ont des richesses importantes en pétrole, en
diamants, en matière première. Que se passe-t-il donc avec ces richesses,
pourtant suffisantes pour satisfaire les besoins essentiels de leurs
populations? Que se passe-t-il avec leurs gouvernements et leurs gouvernants?
Sont-ils devenus, par corruption et ambition personnelle, la face visible des
colonisateurs? Quel rôle joue dans ces tragédies humaines le régime néo-libéral
du capitalisme?
Il est vrai que les sociétés de consommation ont de quoi attirer
l’attention et susciter le désir légitime chez les hommes et les femmes de ces
pays d’en partager les bienfaits. Toutefois, cela ne justifie pas tous ces
départs. Il faut mentionner ces guerres sauvages qui viennent bouleverser la
paix et la sécurité de ces peuples. Partout où passe l’Occident, dit chrétien,
avec sa bannière de la liberté et des droits de l’homme, surgissent le chaos,
l’insécurité et la souffrance des peuples. Que sont devenus les peuples d’Irak,
d’Afghanistan, de Libye et maintenant de Syrie et d’Ukraine?
Il y a un devoir de la « mémoire
des peuples » qui doit être constamment présent si nous voulons que
nos décisions et engagements soient à la hauteur des attentes des peuples et de
leurs doits à une vie de bonheur et de paix. Ce désir du « bien vivre » en harmonie avec la nature et la
société fait partie de l’ADN de l’Humanité. Cette dernière trouvera sa
plénitude le jour où chaque personne humaine participera, sans discrimination
aucune, à ce grand banquet de l’harmonie et du bien-vivre. Cela ne sera
possible que si le 1 % qui accapare le 80 % des richesses de la terre
est rappelé à l’ordre du droit et de la
solidarité.
Ce rêve d’une terre de paix et de bonheur trouve écho dans le livre de
l’Apocalypse de St Jean, ch.21.
« Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car
le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n`était plus. » (1)
« Voici, je fais toutes choses nouvelles. »
(5)
« Je suis l`alpha et l`oméga, le commencement et la fin. À
celui qui a soif je donnerai de la source de l`eau de la vie,
gratuitement. » (6)
Que l’on soit croyant ou pas, le monde dans lequel nous vivons est à la
fois porteur de vie, faite de
justice, de vérité, de solidarité, de compassion, d’amour, mais aussi porteur de mort, faite de cupidité, de
mensonge, de manipulation, de tromperie, d’hypocrisie. Les premiers se serrent
les coudes pour faire avancer la vie au détriment des forces de la mort, alors
que ces dernières utilisent à plein régime les astuces de leurs tricheries afin
de se faire passer pour les sauveurs du monde.
Si l’histoire de ce monde a un sens, les porteurs de vie hériteront de ces
cieux nouveaux et de cette terre nouvelle. Quant aux autres que l’Apocalypse
qualifie de « lâches, d’incrédules, d’abominables, de meurtriers, d’impudiques, d’enchanteurs, d’idolâtres, de menteurs, leur
part sera dans l`étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.
(Apoc. 21, 8)
Ne sommes-nous pas arrivés à cette croisée des chemins où les porteurs
de ce régime de la gouvernance unipolaire mondiale, soumise au pouvoir du
capital doivent laisser la place à d’autres intervenants, porteurs, ces
derniers, d’un régime multipolaire de la gouvernance mondiale où les peuples et
les personnes retrouveront leurs pleins droits et toute leur dignité?
Une chose est certaine : les masques tombent, les vrais visages de
ces sauveurs d’humanité se révèlent de plus en plus dans leur insensibilité et leur
cruauté, leurs discours n’arrivent plus à convaincre et leurs actions les
trahissent dans leur cupidité.
Oscar Fortin
Le 26 avril 2015
Note :
Cuba, en dépit de tout ce qu’on a pu en dire à l’encontre de sa révolution et
de Fidel, se révèle, aujourd’hui, au monde comme un des peuples les plus
solidaires avec les droits à l’éducation, à la santé, à la subsistance. Avec ses brigades d’éducateurs, d’éducatrices
et de médecins, il mène, dans plusieurs pays du monde, la lutte contre
l’analphabétisme et les maladies de tout genre. Miguel d’Escoto,
ex-président de l’Assemblée générale des Nations Unies, avait reconnu en Fidel Castro
l’un des hommes politiques les plus solidaires au monde. Récemment, le
président Obama a reconnu l’échec des politiques des États-Unis contre Cuba. Il
parlait alors du
blocus économique et de toutes ces campagnes de dénigrement qui en font
partie.