Pour les croyants chrétiens, Jésus de Nazareth est le Messie promis par Yahvé pour sortir l’Humanité du marasme dans lequel elle a été entrainée par le péché. Ce péché peut se résumer dans les trois grandes tentations auxquelles il a été soumis. On se souviendra qu’au sortir du Jourdain, où il a été baptisé par Jean-Baptiste, il s’est réfugié dans le désert. Après quarante jours de jeûne et de réflexion, le « diable », selon la légende, se présenta à lui, le mettant à l’épreuve de trois tentations. Ces dernières mettent en évidence les trois grands pouvoirs qui sont à l’origine du marasme dans lequel se trouve l’Humanité. Ils nous atteignent tous et toutes à des degrés divers. En voici brièvement la présentation.
1. La tentation du « pouvoir » de l’ « avoir » Mt. 4,2-4
2. La tentation du « pouvoir » de « dominer » Mt. 4,8-10
3. La tentation du « pouvoir » de « paraitre » Mt. 4,6-7
Ces trois pouvoirs représentent des forces qui sollicitent les ambitions humaines et qui conduisent à des comportements où seuls comptent ces derniers. Qu’ils soient à l’origine d’injustice, de mensonge, de discrimination sociale, de guerre, peu importe. Leurs auteurs en font des cibles incontournables, pouvant seules les combler pleinement.
Déjà au temps de la naissance de Jésus, ces pouvoirs s’étaient taillé une place chez les élites dominantes, tant chez les grands prêtres que chez les puissances politiques et sociales.
LE PASSAGE DE JÉSUS DE NAZARETH EN GALILÉE ET À JÉRUSALEM
Il faut noter que son arrivée dans notre monde est plutôt discrète. Il est né à la campagne, dans une crèche entourée d’animaux. Si ce n’eut été de cette légende des rois mages, conduits à cette crèche par une étoile qui brillait plus que toutes les autres, sa naissance serait passée inaperçue. Seuls les bergers qui se trouvaient dans les environs en auraient été témoins.
Son enfance s’est déroulée dans la plus grande normalité. Il a grandi au côté de son père, Joseph, charpentier, de profession, et de sa mère, Marie, femme plutôt discrète. En dehors de certaines anecdotes, dont celle du roi Hérode, ayant été informé qu’un nouveau-né était prédestiné, selon les écritures, à être Roi, ordonna de tuer tous les nouveau-nés de la région. Il y a également celle du temple où, l’enfant à l’âge de 12 ans, fit la leçon aux grands prêtres du Temple. Toutefois, sa véritable mission commença avec le Baptême reçu de Jean-Baptiste au Jourdain.
Son mode de vie demeure ce qu’il y a de plus simple. Il se fond dans la foule sans attirer l’attention sur lui-même. Là où il se démarque, c’est, à la fois, dans ses gestes auprès des malades, des aveugles, des infirmes et dans ses paroles adressées à ses disciples et aux foules qui le suivaient. C’est dans ce vécu quotidien que nous découvrons le vrai visage de ce Jésus de Nazareth. Il se porte à la défense de Marie Magdeleine que les pharisiens veulent lapider. Il guérit des malades, redonne la vue à des aveugles, assure la distribution du pain aux foules qui le suive etc.
Il a su faire parler les paraboles comme celles du bon samaritain ou encore de l’enfant prodigue. Nombreuses sont les paraboles qui incitent à agir de façon à produire des fruits de vie et à investir pour générer plus de richesses à partager. En aucun moment, il n’apparait comme un éteignoir de croissance et de développement.
Là où il s’inscrit en profondeur c’est dans la justice, la vérité, le partage, la solidarité avec les humbles et laissés pour compte. Si j’avais à détacher les quatre interventions les plus significatives du passage de ce Jésus sur cette terre, ce serait :
CONCLUSION
L’idée principale de cette intervention n’est pas de raconter l’histoire de ce Jésus dans le détail, mais de mettre en relief le fait que ce Jésus de Nazareth est l’homme, choisi par le père, pour juger les humains que nous sommes.
« 30 Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir,
31 parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts...
Act. 17, 30-31
Nous avons ainsi l’avantage de connaître celui qui nous jugera, un homme parmi tant d’autres qui aura partagé notre itinérance terrestre, qui en aura connu les avenants et aboutissants. Plus que tout, il aura été une des victimes de ces pouvoirs, dominant notre monde. Ce juge sera le même que ce père de l’enfant prodigue qui aura su pardonner à son fils repentant et l’accueillir les bras grands ouverts. Il nous jugera également en fonction de notre bonne foi et de nos solidarités avec nos frères et sœurs les humains. Le récit du jugement dernier nous en donne une bonne idée. Quant aux charmeurs, manipulateurs, hypocrites ce sera un jugement fatal, sans retour.
Tout avocat, lorsqu’il se présente à la Cour pour défendre un client, se préoccupe de savoir qui en sera le juge désigné. Question d’en connaître les forces et les faiblesses. Dans le cas du jugement dernier, nous pouvons dès lors avoir une bonne idée de celui qui en sera le juge. La bonne foi, la sincérité, la reconnaissance des faits, seront bien reçues par le juge. Par contre les hypocrites, les menteurs, les manipulateurs, les tricheurs auront de bonne chance de se retrouver à la géhenne éternelle.
« …les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l`étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. Apoc.21,8
Nous sommes bien loin de tout ce catalogue de péchés que nos institutions religieuses ont prescrit à tous leurs fidèles. Le Jésus de Nazareth nous ramène à l’essentiel de notre quotidien et nous invite à agir, en tout temps, de bonne foi et en solidarité avec ceux et celles que nous croisons dans notre vie.
Oscar Fortin
Jour de PÂQUE en ce 21 avril 2019