MESSAGER ET TÉMOIN D’ÉVANGILE
Il
ne fait aucun doute que ce pape, « de la fin du monde », apporte à
travers sa personne, sa parole et sa façon d’être une ère nouvelle dans
l’Église et dans le monde. Il s’affirme par son humilité et sa grande
simplicité, mais aussi et surtout par cette foi si simple et transparente dans
les Évangiles et en Jésus de Nazareth.
À
travers internet, je l’ai suivi quelque peu au Brésil dans sa participation aux
Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Il s’est révélé dans tout ce qu’il y a
de plus simple et de plus authentique. Au sanctuaire de la Vierge d’Aparecida, il
a lu cette prière dont je vous traduis un extrait :
« Mère
Aparecida, un jour tu apportas ton fils au temple pour le consacrer au Père afin
qu’il soit totalement disponible à sa mission. Amène-moi, aujourd’hui au même
Père, consacre-moi à lui avec tout ce que je suis et avec tout ce que
j’ai. »
Ce
fut un
moment fort, au début de ce voyage où des choses profondes se sont passées
dans son cœur et dans son âme. Des larmes en exprimaient l’intensité et la
luminosité. Ce fut comme un retour au don total de sa personne au Père et à sa
mission de pasteur au service des hommes et des femmes de bonne volonté, tout
particulièrement, des plus délaissés et démunis. Une liberté retrouvée qui
l’immunise contre les influences indues en provenance des grands pouvoirs
politiques, économiques et religieux qui dominent le monde. Cette liberté l’a
accompagné tout au long de son voyage au Brésil.
Aux
centaines de milliers de personnes réunies sur la plage de Copacabana, il a
dit, entre autres choses, « lisez
les Béatitudes et Mathieu 25 et vous n’aurez pas besoin de lire d’autres
choses. » Une manière de dire que dans ces deux extraits du Nouveau
Testament, tout y est pour comprendre le sens de la mission de Jésus dans le
monde et celle qui doit donner un sens à chacune de nos vies.
Le passage des Béatitudes, également
appelé « Le sermon sur la Montagne »,
nous parle de ceux que le Seigneur déclare « bienheureux »
et de ceux qu’il déclare « malheureux ».
Pour lire le récit qu’en donne Mathieu 5, 1-12, voir ici.
Pour lire la version qu’en donne Luc, 12, 17-45, voir ce lien.
Il
ne fait pas de doute que ce Sermon de Jésus, prononcé au début de sa mission, donne
l’essentiel des nouveaux paradigmes qui s’imposeront à ce royaume qu’il vient
annoncer et inaugurer en sa personne. Un royaume qui valorise les cœurs purs,
se révélant sans arrières pensées, qui met en évidence les solidarités humaines
à travers le partage, qui déclare bienheureux les persécutés pour la justice…
Le
passage de Mathieu
25, nous parle des talents, de
ceux et celles qui savent les développer, les mettre à profit, et de ceux qui
n’osent rien de peur de tout. C’est également dans ce chapitre que l’on
retrouve le récit du jugement dernier
qui nous ramène aux réalités essentielles de ce royaume inauguré en Jésus.
Cette intervention de Jésus sur les talents et le jugement dernier se présente
à la fin de sa mission, quelques semaines à peine avant son arrestation, ses
tortures et sa mise à mort.
C’est
donc avec ces pensées que le pape François a traversé ces foules en les
invitant à s’engager, à ne pas avoir peur, à se manifester et à ne pas craindre
de déranger et de susciter des débats, non seulement dans la société, mais
aussi et surtout, dans l’Église elle-même. Il faut sortir d’une léthargie
conformiste pour redonner vie au message de Jésus dans nos vies et dans
l’Église et dans la société.
À
ses évêques et à ses prêtres, il leur a demandé de sortir de leurs églises et
d’aller dans les rues à la rencontre des pauvres, des démunis, des drogués, des
mal-aimés. Il leur a dit qu’il souhaitait des évêques moins portés sur le pouvoir
et les principes et plus amants de la pauvreté et de solidarité avec ces
derniers.
Aux
responsables politiques, il leur a rappelé l’importance de tout faire pour
répondre prioritairement aux impératifs du Bien commun, de lutter contre la
corruption et les abus de pouvoir, de résoudre les problèmes, non pas par la
répression et les guerres, mais par le dialogue.
Sur
l’avion de retour, il a accordé une conférence de presse aux nombreux
journalistes qui l’ont accompagné tout au long de ce voyage. Je vous réfère à
cette conférence.
Il
parle normalement, sans langue de bois, disant les choses comme elles lui
viennent à l’esprit. Pas de secrets, pas de mystères, il appelle les choses par
leur nom, se comportant en tout comme un « humain ». « Qui
suis-je pour juger? » Voilà une déclaration du pape qui n’a pas fini de
faire parler. Ne nousa-t-on pas enseigné qu’un pape est infaillible, qu’il sait
tout, peut tout ?
Avec
François, le pape est redevenu un simple humain, successeur d’un Pierre qui n’a
pas manqué de mettre les pieds dans les plats à plusieurs reprises. Ce fut,
entre autres, le cas lorsqu’il a voulu empêcher Jésus à aller à Jérusalem pour
y être arrêté, jugé et mis à mort. « Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant : « Dieu t'en préserve, Seigneur ! Non,
cela ne t'arrivera point !» Jésus, de lui répondre : « Passe derrière moi, Satan ! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de
Dieu, mais celles des hommes ! » (Mt. 16, 22-23) C’est également ce même Pierre qui
reniera à trois reprises Jésus.
Que conclure de ce
premier voyage du pape François au Brésil ? Là, plus qu’ailleurs, il a
mis en évidence que ce qui lui importait le plus étaient l’enseignement de
Jésus à travers les Évangiles ainsi que son témoignage de vie.
L’institution ecclésiale avec ses doctrines millénaires et sa morale passe au second plan.
Autant on disait par le passé d’un prêtre, d’un évêque, d’un cardinal et même d’un pape qu’ils étaient des « hommes d’Église » autant, aujourd’hui, on peut dire du pape François qu’il est un « homme d’Évangile ».
« Il se fera dans les
derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors
vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions
et vos vieillards des songes. » Act. 2,17
Oscar Fortin
Québec, 31 juillet 2013