jeudi 13 juin 2013

LE VENEZUELA EN ÉTAT D’ALERTE





Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Venezuela est mis à l’épreuve des forces oligarchiques nationales et des politiques agressives de Washington. Depuis l’élection d’Hugo Chavez, en 1998, de l’adoption d’une nouvelle constitution , en 1999, d’une nouvelle élection présidentielle, conformément à la nouvelle constitution, en 2000,  les anciens maîtres du Venezuela ne déragent plus. Oligarchies nationales, cupule ecclésiale et Washington serrent les rangs pour briser à sa racine ce nouveau régime.

Dès 2002, une première tentative de coup d’État qui n’aura duré que quelques heures aura mis au grand jour les adversaires de la révolution bolivarienne. On se souviendra qu’avec l’aide de certains hauts gradés de l’armée, l’oligarchie nationale prit le contrôle des lieux décisionnels de l’État. Chavez fut transporté dans un lieu secret et les principaux acteurs de ce coup militaire (le patronat, la hiérarchie ecclésiale, les représentants oligarchiques et les médias meanstream célébrèrent cette victoire, le temps que le peuple et une partie de l’armée, restés fidèles à Chavez, interviennent et mettent fin à la fête. Chavez est aussitôt localisé, libéré et ramené au poste auquel le peuple l’avait élu, à savoir celui de Président.

En 2004, selon une procédure prévue par la constitution, les opposants de Chavez font campagne afin d’obtenir suffisamment de signatures pour demander sa destitution. Un référendum a lieu et Chavez en sort encore plus fort. Il peut compter sur la majorité du peuple. À la même époque, mai 2004, 126 Colombiens, paramilitaires en mission au Venezuela, sont capturés. Ils avaient pour mission d’assassiner Chavez et de déstabiliser le gouvernement par des actions de sabotages. À cette époque, la Colombie est sous la gouverne d’Alvaro Uribe.

Cette guerre souterraine contre Chavez et la nouvelle démocratie, celle du peuple pour le peuple, n’a jamais cessé. Les oligarchies et Washington avec la collaboration de la Colombie ne décolèrent toujours pas.

En mars 2013, le président Chavez meurt d’un cancer bien mystérieux. Cette mort donne un nouvel espoir à ses adversaires, celui de reprendre le contrôle du pays et des richesses pétrolières. À ces objectifs s’ajoute également le sabotage des organismes régionaux d’intégration et d’unification des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Il faut penser à UNASUR, MERCOSUR, ALBA, CELAC. Dans aucun de ces organismes ne figurent les États-Unis et le Canada.

L’élection présidentielle du 14 avril dernier donna gagnant Nicolas Maduro, le candidat désigné par Chavez. Sa victoire a été bien en deçà de ce que les sondages disaient, mais il en est sorti gagnant.

Une élection qui s’est déroulée dans un climat de paix et sous l’œil vigilant de plus de 300 observateurs étrangers. Une victoire, reconnue par tous des pays de l’Amérique latine. Les États-Unis sont le seul pays qui ne reconnaît pas les résultats de cette élection. En cela, l’Administration Obama apporte tout son soutien à l’opposition vénézuélienne sous la direction du candidat perdant, Henrique Capriles. Il faut préciser que ce dernier avait refusé, tant avant que pendant l’élection, de reconnaître les résultats de l’élection. Ces derniers jours, le Conseil électoral national a rendu publiques les conclusions de la révision totale des résultats de la dernière élection. À 99.009 %, ces résultats confirment ceux du 14 avril 2013.

Le soir des élections, le candidat perdant, Henrique Capriles a invité ses partisans à aller manifester et à exprimer leur colère. Ce fut le début de nombreux saccages dans des lieux publics, dans des centres médicaux, dans des locaux du Coneil national électoral et ainsi que de nombreux blessés et de plusieurs morts. La nuit du 15 avril demeurera une page tragique de l’histoire vénézuélienne.

« Dès l´annonce de Capriles, des groupuscules néofascistes déferlent dans les rues du pays. Des symboles du chavisme sont détruits, des militants attaqués et assassinés, des petits commerces sont saccagés et brûlés. On dénombrera 7 morts et 61 blessés, par balle pour la plupart. Cinq sièges régionaux du Parti socialiste Uni du Venezuela (Psuv) sont dévastés par les flammes, tout comme douze cliniques populaires où officient des médecins cubains»

Le 26 mai, Jos Biden arrive à Bogota pour une rencontre avec le président Santos. Il vient donner le signal d’une nouvelle offensive contre le Venezuela. En effet, à peine reparti de Bogota pour le Brésil, le président Santos reçoit officiellement Enrique Capriles, cet opposant qui n’a jamais voulu reconnaître les résultats de l’élection du 14 avril en dépit du fait que tous les pays de l’Amérique latine, y incluant la Colombie, les aient reconnus et que tous les observateurs internationaux en aient confirmé la pleine crédibilité. Capriles, c’est, également, celui qui a incité à la violence laquelle a fait plus de 63 blessés et 7 morts.

Le Venezuela est en colère. Les principes de bonne entende, établis en 2010 entre les deux gouvernements, viennent se heurter à un autre agenda qu’a la Colombie. Les médias meanstream trouvent la réaction du Venezuela exagérée et présentent l’événement comme quelque chose de normal et d’interne à la Colombie. 

Pour le président Maduro, il ne s’agit pas d’un événement normal, relevant de la seule souveraineté de la Colombie. Cette colère vient du fait que le président Santos était bien au fait des crimes de Capriles et qu’il sait pertinemment que la dernière élection, sanctionnée par le Conseil électoral national, instance suprême de validation de toute élection, est la référence à prendre en considération. D’ailleurs, ce même président Santos avait participé avec tous les membres d’UNASUR pour discuter des élections au Venezuela et de la légitimité du président Nicolas Maduro. Tous, sans exception, y compris Santos, avaient alors reconnu la validité de l’élection et confirmé leur soutien au nouveau Président.

Imaginons un seul instant que le Président du Venezuela reçoive officiellement le chef des groupes armés qui veulent renverser le gouvernement colombien ! Que se passerait-il alors de la part des autorités colombiennes et de ses alliés ? Ce serait, à n’en pas douter un motif suffisant pour couper toutes les relations diplomatiques entre les deux pays.

Ce n’est pas tout. Deux jours à peine après cette rencontre explosive, le président Santos annonce son intention de demander l’intégration de la Colombie à l’OTAN. Une autre intervention qui vient semer la confusion dans les relations des pays de l’Amérique latine qui ont déjà décidé de faire de ce territoire une terre de paix. Sur ce point précis de l’OTAN, je vous invite à lire cet excellent article d’Alberto Rabilotta.

Depuis, les évènements se succèdent.

D’abord deux groupes de paramilitaires colombiens ont été arrêtés, début juin, en sol vénézuélien. Leur mission devait les conduire jusqu’à Caracas pour y assassiner le Président et d’autres personnalités du gouvernement.

Vient par la suite cette information, transmise par le journaliste et ancien vice-président du Venezuela, Jose Vicente Rangel, à l’effet qu’une représentation de la opposition s’est rendue à San Antonio, Texas, pour y acheter 18 avions de guerre à être livrés sur une des bases militaire étasuniennes en Colombie.

Je termine ce survol d’évènements avec cette double information. La première porte sur l’audience privée que le pape François accordera au président Maduro, lundi, le 17 juin. Une rencontre à suivre de près.

La seconde est que trois représentants de l’opposition vénézuélienne seront reçus, deux jours plus tard,  par le grand patron de la diplomatie vaticane. Il semblerait que ce soit pour réclamer la libération des soi-disant prisonniers politiques au Venezuela.

Ce dernier point met en relief les relations privilégiées qu’a cette opposition avec l’épiscopat et le nonce apostolique vénézuéliens. À ma connaissance, c’est la première fois qu’une telle requête est présentée par une opposition politique à un si haut niveau. En général, elle s’adresse à l’épiscopat national qui voit ou non la pertinence d’en saisir le Nonce apostolique et par la suite ce dernier décide de s’en faire ou pas l’avocat auprès des plus hautes autorités de l’Église. D’autant plus que le Venezuela n’a pas la réputation d’avoir des prisonniers politiques, à tout le moins, pas depuis l’arrivée de Chavez à la Présidence, en 1998.

On verra bien ce que la presse internationale va nous en dire de ces deux rencontres. Je vous promets que je vais y être attentif.

Il n’y a pas de doute que la presse internationale meanstream sera là pour recueillir les commentaires et observations de ces représentants de l’opposition. Sur la rencontre du Président avec le Pape, il faudra, sans doute, que des scribes de l’information alternative prennent la relève.

Bonne journée à vous tous et toutes qui avez eu le courage de me lire jusqu’à la fin.

Oscar Fortin
Québec, le16 juin 2013

http://humanisme.blogspot.com





jeudi 6 juin 2013

UN AUTRE MONDE EST-IL POSSIBLE ?





NOAM CHOMSKI, cet intellectuel de réputation internationale, vient de publier un article qui décrit le portrait de l’humanité telle qu’il la voit aujourd’hui. PETER DALE SCOT, dont les écrits révèlent une face cachée de la gouvernance de notre monde, rappelle, dans une conférence récente, comment la drogue et les hydrocarbures financent les guerres de conquêtes et de domination.

Les habitués de ces auteurs et de ceux qui, comme eux, scrutent notre monde avec autant de profondeur et beaucoup de détails ne sont plus surpris par ces révélations, mais pour les autres qui parcourent rapidement les pages de nos médias officiels ou lisent en diagonale certains articles sur internet, ce sera tout un réveil. C’est comme passer d’une vision d’un monde artificiellement embelli à celle d’une autopsie qui en révèle toutes les entrailles et les  horreurs.

Ce monde, celui qui est un enfer pour les deux tiers de l’humanité, est dominé, selon que j’en comprends, par trois grandes puissances : celle des États-Unis qui s’imposent par sa force militaire, celle des banques qui contrôle le capital et les finances, celle d’Israël qui s’impose par ses lobbys et ses services d’espionnage auprès des principales puissances politiques et économiques de la planète. Tous les autres intervenants sont des marionnettes au service de ces puissances ou des opposants à ces dernières. Les premiers sont gratifiés en récompense de diverses natures, les seconds sont pourchassés, diabolisés, arrêtés, torturés, assassinés. C’est l’application de la sentence de G.W. BUSH : «qui n’est pas avec nous est contre nous.» Et qui est contre nous est un terroriste.

Des langues se délient et commencent à nous faire découvrir les dessous des initiatives de nos sympathiques et crédibles dirigeants. Plusieurs auront déjà pris connaissance des confessions de John Perkins : assassin économique. Si ce n’est le cas, il faut prendre quelques minutes pour le faire. Si  c’est le cas, une reprise ne fera que rafraîchir la mémoire. Les choses n’ont guère changées depuis ce temps. Les moyens utilisés sont plus sophistiqués, moins apparents, mais tout aussi criminels. Déjà nous avons quelques exemples d’empoisonnement et d’atteinte mortelle à la santé de certains dirigeants.

Il est évident qu’à nous en tenir qu’à cette vision des choses, limitée aux prédateurs, corrupteurs, hypocrites, menteurs, etc. serait nous condamner à demeurer dans la grande noirceur, sans issus pour nous en sortir.

Il y a toutefois un espoir, un espoir qui n’est pas qu’utopie. Il s’agit de l’éveil des consciences, de l’expression de nouvelles solidarités, de ces peuples qui se prennent en main et de ces leaders qui se mettent au service des véritables intérêts de leurs peuples.

Déjà, j’ai eu l’occasion de parler de ce président exceptionnel d’Uruguay en la personne de Jose Mujica. Il en a d’autres comme Evo Morales, président de la Bolivie, Rafael Correa, président de l’Équateur, Dilma Roussef, présidente du Brésil, Nicolas Maduro, président du Venezuela, Cristina Fernandez, présidente de l’Argentine, Raoul Castro, président de Cuba, etc. pour ne parler que de l’Amérique latine.

Le mouvement des indignés en Europe et aux États-Unis, les soulèvements des étudiants au Chili, au Québec et dans diverses régions du monde, les révoltes non commanditées au Moyen Orient sont autant de signes avant-coureurs de la fin des tricheries, des fraudeurs et prédateurs de tout acabit. Leur pouvoir de corrompre et de manipuler les peuples s’évapore toujours un peu plus chaque jour comme c’est le cas de l’obscurité de la nuit à l’aurore d’un jour nouveau.

Un autre monde est possible. Un monde de vérité, de justice, de solidarité, de compassion, de beauté. Ce n’est pas possible que ce qui nous fait humains dans nos fibres les plus profondes ne puisse survivre à ces fauteurs de troubles, soutenus par le mensonge, l’hypocrisie, la corruption, la manipulation, l’ambition sans limites.

Dans ce réveil des consciences, le rôle joué par l’information alternative et les réseaux sociaux devient fondamental. De quoi nous encourager tous et toutes à poursuivre, selon nos moyens, nos talents et nos connaissances sur cette voie d’une renaissance d’une humanité qui se reprend en main et donne le goût de vivre.


Oscar Fortin
Québec, le 6 juin 2013



N.B. Je dédie cet article à mon petit frère Léon, né le 6 juin 1948 et décédé, cinq ans plus tard, du cancer de leucémie. À cette époque les moyens de contrer une telle maladie n’existaient pratiquement pas. Ce fut un décès qui m’a profondément marqué et par cet article je veux redonner espoir à une humanité qui n’est pas confinée à un destin d’extermination et d'anéantissement.

samedi 1 juin 2013

JOSE MUJICA AVEC LE PAPE FRANÇOIS


UNE RENCONTRE HISTORIQUE





 L’incroyant, l’athée, l’agnostique devenu Président d’Uruguay et le croyant, le pasteur, le catholique, devenu Pape de l’Église universelle se sont accueillis mutuellement avec affection et ont partagé pendant plus de 45 minutes leur vécu et leur vision du monde. La plus longue audience, à ce jour, consentie par le pape François à un président.

Il s’agit incontestablement d’une rencontre historique et transcendante tant par son contenu et que par l’authenticité des deux personnages. Déjà, nous avons une idée du pape François qui avait troqué son palais épiscopal pour un petit appartement et sa limousine pour le transport en commun, mais peu connaissent, dans nos milieux, Jose Mujica. Qui est-il donc ce personnage?


Je résumerai ce que vous pouvez lire sur le lien plus haut indiqué, ainsi que sur certains autres sites que j’indiquerai dans cette brève présentation. 

 Jose Mujica est un ex-guérillo du Mouvement de libération nationale — Tupamaros [une guérilla urbaine d’extrême gauche des années 1960, menée contre un régime autoritaire puis écrasée par l’armée en 1973]. Arrêté, il passera les 15 années suivantes en prison dans les pires conditions de détention. Amnistié au retour de la démocratie en 1985, il s’incorporera à la vie politique. Il sera élu député et deviendra par la suite sénateur, puis ministre de l’Agriculture, avant de devenir président de son pays.

Il se caractérise par une vie simple, sans prétention et sans luxe. Il continue de vivre sur sa petite ferme avec sa conjointe dont la trajectoire de vie rejoint la sienne. Voici quelques anecdotes relevées ici et là.

Suite à son élection comme président, il fait don de 90 % de son salaire, fixé en dollars des États-Unis à environ 12.500 $, à des fonds de bien-être. Chaque mois, Pepe Mujica reçoit 250.000 pesos pour son travail en tant que président de l'Uruguay et commandant en chef de l’armée, ne gardant pour lui-même et ses besoins de subsistance que 20.000 pesos par mois. Le reste est distribué à partir du Fonds de Raul Sendic, qui gère sa plate forme politique, le Mouvement de participation populaire. Cet argent sert au développement de petites entreprises de productions, à des collaborateurs dans le besoin, à des ONG qui travaillent au développement de logements. Il dit, à qui veut l’entendre, qu’«avec cet argent il a tout ce qu’il faut et que cela doit lui suffire parce qu’il y a beaucoup d’autres concitoyens et concitoyennes qui vivent avec beaucoup moins. ». Il est considéré et reconnu comme le Président le plus pauvre de l’Amérique latine.

Suite à son élection comme président, il offre le Palais présidentiel comme refuge pour les mendiants et les sans-abri. Il propose de donner les jubilations présidentielles, pensions astronomiques versées par obligation constitutionnelle, aux anciens présidents du pays, à des organismes d’aide aux plus nécessiteux.

Il utilise, dans le cadre de ses fonctions présidentielles, une simple Chevrolet Corsa. Depuis le jour où il s’était présenté avec sa moto Vespa au Parlement, à la fin de la dictature, pour y être assermenté comme député, Mujica n’a rien changé à ses habitudes. Fini le toilettage de l’époque du prosélytisme politique. Il en va de même pour le  protocole qui est bien loin de ses préoccupations habituelles.

Le dernier exemple en date est celui de sa visite à la quincaillerie du quartier Paso de la Arena, pour y acheter un couvercle de toilette. Ayant acheté ce qu’il fallait, il accepta sur le champ une invitation informelle de la jeunesse de la région, regroupée dans un petit Club de football, Huracan. Sans sécurité, sans euphémismes, Mujica a fait un petit discours d'encouragement aux joueurs qui participent au tournoi de Seconde Division professionnelle ..., tenant bien en main le couvercle de toilette qu’il venait d'acquérir.

Peu de temps après, une Volkswagen Fusca, bien conservée, arrive et se stationne juste en face du gymnase du Club. Avec des sandales et en tenue sportive, le Président passe plusieurs minutes avec les jeunes athlètes, et leur promet une plus grande attention à l'institution en plus de leur promettre de venir «manger un barbecue avec eux si le club passe au premier rang. Ils ont pris des photos, il a accepté des photos, leur donna l’accolade et est reparti sous les applaudissements de tous, portant dans ses bras, Manuela, sa chienne, qui comprend tous les sujets à ce stade du mandat.

De retour à sa ferme, protégée discrètement par quelques policiers à distance qu’il souhaiterait ne pas avoir, le président uruguayen Mujica poursuit sa journée.

Conformément à sa dernière déclaration soumise au Conseil de la transparence et l'éthique publique, Mujica  n’a, comme bien personnel, que sa voiture, alors que la ferme où il vit est au nom de la première dame et sénatrice Topolansky, qui a également fait un don d’une partie de son salaire. Sans compte bancaire, sans dettes, il dort tranquille, et déclare espérer terminer son mandat pour se reposer avec encore plus de tranquillité sur sa petite ferme de Rincon del Cerro.

Le président Mujica qui se dit non croyant a pensé que son vice-président, profondément croyant, saurait apprécier mieux que lui d’être présent à l’assermentation du nouveau pape François. Aujourd’hui, c’est à sa demande que le pape François le reçoit comme un grand sage.

DEUX AMOUREUX DE LA SIMPLICITÉ ET DEUX PASSIONNÉS POUR SERVIR LES PAUVRES ET LES PLUS DÉLAISSÉS. EN EUX SE RENCONTRENT, CROYANTS ET NON-CROYANTS, POUR UNE HUMANITÉ TOUJOURS PLUS JUSTE ET PLUS HUMAINE. CEUX ET CELLES QUI S’OPPOSENT À CETTE VISION DU MONDE SONT LES VÉRITABLES ENNEMIS DE L’HUMANITÉ. LEURS NOMS SONT MENSONGE, CUPIDITÉ, HYPOCRISIE, VIOLENCE, POUVOIR ET DOMINATION.

Le bien vivre doit s’imposer aux ambitions du mieux vivre. Dans ce dernier cas c’est la porte ouverte à la cupidité et aux ambitions de conquêtes qui sont sans limites.

Nous n’en sommes plus à une confrontation entre croyants et non-croyants, mais entre humanistes et sapeurs d’humanité, entre artisans de paix, de justice et fauteurs de troubles et prédateurs.

Oscar Fortin
Québec, le 1er juin 2013






  

jeudi 30 mai 2013

LA FOI DU MAIRE TREMBLAY





Un peu comme tout le monde, j’ai suivi la saga du maire Tremblay dans sa lutte pour maintenir son droit à la prière aux assemblées municipales ainsi que la présence du crucifix comme symbole religieux dans la salle municipale. Déjà, dans une lettre publique que je lui adressais en 2011, je lui exprimais,  en tant que croyant, mon point de vue sur le sujet.

Depuis lors, sa cause a été entendue par la Cour d’appel du Québec et le jugement a été rendu public le 28 mai dernier.

Je laisse à d’autres intervenants le soin d’analyser le jugement rendu. Je retiens toutefois les propos tenus par le maire Tremblay lors de sa conférence de presse, suite au jugement. En plus d’exprimer sa satisfaction pour sa victoire, il a relevé l’importance de la tradition religieuse au Québec et de l’héritage qu’elle a laissé dans la conscience du peuple. À l’écouter, la foi est un produit culturel qui fait partie de nos vies.

Mon opposition aux revendications du maire Tremblay n’a rien à voir avec le combat portant sur la laïcité. Elle repose d’abord et avant tout sur la compréhension qu’il se fait de la foi.

En tant que croyant, je considère que la foi, celle qui transforme les cœurs et conduit à la radicalité de l’engagement au service de la justice, de la vérité, de la compassion, de la solidarité et de la bonté, ne peut être assimilée à quelques expressions culturelles que ce soit. La foi chrétienne n’est ni un folklore, ni un culte, mais un engagement qui prend à son compte les engagements mêmes de Jésus de Nazareth.

Le même jour où le jugement de la Cour d’appel a été émis, le pape François rappelait  à un groupe de fidèles que la foi n’est pas un phénomène culturel rattaché à des cultes, à des traditions, mais à un engagement. Je me permets de paraphraser, de l’espagnole au français, une partie de son intervention.

« On peut suivre Jésus de diverses manières et pour divers motifs.

“Certains suivent Jésus, comme quelque chose de culturel. Ils se disent chrétiens parce qu’ils sont nés et ont grandi dans cette culture. Ils ont une foi culturelle, mais sans l’exigence du véritable engagement qui transforme les vies.

‘Certains autres suivent Jésus comme une proposition culturelle, comme une manière de monter plus haut dans l’échelle sociale et ecclésiale, une manière d’obtenir plus de pouvoir.

L’histoire de l’Église est pleine de ces gens, en commençant par certains empereurs, suivis de beaucoup de gouvernants et de nombreuses autres personnes. Il en va de même pour un certain nombre de prêtres et d’évêques. Plusieurs pensent que suivre Jésus c’est une question de carrière.’

Le combat que mène le maire Tremblay porte sur une foi culturelle, soutenue par des cultes, des liturgies, des prières, des symboles. Cette foi ne rejoint pas toujours celle qui s’enracine dans ce Jésus de l’histoire qui a apporté de nouveaux paradigmes pour la gouvernance du monde. Loin d’éclairer cette dernière, elle en est souvent le voile qui en dissimule la réalité.

‘Que les plus grands se mettent au service des plus petits et que les plus petits soient considérés comme les plus grands. Que les artisans de paix et les persécutés pour la justice soient glorifiés et non condamnés. Que les hypocrites et les manipulateurs soient dénoncés, etc. »

Le véritable combat du croyant et du non-croyant c’est celui qui doit rendre notre humanité plus juste, plus vraie, plus compatissante, plus solidaire, plus libre. Ce fut le combat de Jésus de Nazareth et c’est également le combat de toutes les personnes de bonne volonté. Que chacun et chacune puisent là où les y conduit leur conscience l’inspiration et l’énergie pour mener dans la paix du cœur et de l’esprit ce combat de tous les jours. En cela, nous témoignerons vraiment de nos véritables intentions.

L’ennemi à abattre n’est pas le croyant ou l’incroyant, mais le mensonge, la manipulation, la domination, le sectarisme, le fanatisme sous toutes ses formes, l’individualisme, l’injustice, etc..

Voilà, en quelques mots, ce que je pense de cette saga du maire Tremblay et de son lien avec la foi authentique qui est d’abord et avant tout un engagement de vie.

Oscar Fortin
Québec, le 30 mai 2013