Je viens d’apprendre cette
nouvelle qui est déjà amplement commentée dans les médias. Après avoir écouté
quelques commentaires à la télévision, j’ai tout fermé et je me suis posé la
question de savoir ce que j’en pensais moi-même.
Il ne fait pas de doute que
ce fut, de sa part, une très sage décision. Changera-t-elle quelque chose dans
la gouvernance de l’Église ? Là est toute la question.
Un grand nombre de cardinaux, peu importe leur âge ou leur provenance, partage avec Benoît xvi un même formatage de pensée sur l’Église et le rôle du Vatican dans la vie de cette dernière. Je ne pense pas que le cardinal Marc Ouellet, pour être plus jeune,
apporterait de grands changements d’ouverture du Vatican.
Son arrivée à Québec comme
évêque, puis comme cardinal, a apporté du changement, mais pas par en avant. Il
s’est concentré à raffermir les formes traditionnelles de la pratique des
sacrements et à réaffirmer des positions qui ne reflétèrent aucune
ouverture, comme ceux sur l’avortement et le mariage des personnes de même
sexe.
Sur le plan des politiques
internationales du Canada, il s’est fait bien discret sur la participation de
ce dernier à la guerre en Afghanistan et il n’a pas eu de scrupules pour
signaler religieusement le départ des soldats pour cette guerre. Bien qu’ayant
vécu en Colombie comme professeur, il est demeuré un fidèle représentant du
règne des oligarchies, comme c’est d’ailleurs le cas de certains confrères
cardinaux de la région, dont ceux du Honduras, de la Bolivie, du Venezuela et
de l’Équateur.
Justement, sur ce point, il
n’est pas suffisant de dire qu’il faut un pape en provenance du Tiers-Monde,
pour dire que ça va représenté un grand changement. Il faut que le
« formatage » soit complètement différent. Il y a le jour et la nuit
entre ces cardinaux, y inclus le cardinal Ouellet, et cet évêque du
Brésil auquel j’ai déjà fait référence dans un article antérieur.
Un vieil évêque catalan (84
ans), Pere Casaldàliga,
passa sa vie au Brésil avec les pauvres, partageant leur mode de vie, leur
quotidien et leurs luttes pour la justice et le bien-vivre. Considéré comme
l’évêque de la théologie de libération, il fut appelé à Rome à quelques
reprises pour y être scruté par les responsables de la doctrine de la foi, dont
Joseph Ratzinger, alors préfet de cette doctrine. Il raconte qu’à un moment
donné il invita ces savants personnages qui le questionnaient à réciter avec
lui un Notre Père pour la conversion de l’Église. Selon ses propos, Ratzinger
lui aurait répondu par un sourire ajoutant sous forme interrogative « pour
la conversion de l’Église ? »
Disons que l’Église vivante,
celle qui vit de l’Esprit Saint, en est rendue là.
Le Vatican ne peut plus se
contenter de changements cosmétiques. Ce dernier doit se transformer de manière
telle qu’il puisse retrouver sa place au sein de l’Église. Ce n’est pas
l’Église qui doit entrer au Vatican, mais c’est le Vatican qui doit retrouver
cette Église, portée par l’ESPRIT SAINT y distribuant ses dons et ses
charismes, comme bon il l’entend, à travers les hommes et les femmes de bonne
volonté.
Le Vatican doit plier
bagage. Il doit se délester de tous ses biens, en faire don aux pauvres. Ses
fonctionnaires, cardinaux, évêques et prêtres, doivent changer leurs vêtements
de tissus fins et leurs souliers de satin pour reprendre les sandales du maître
et la voie qu’il a suivie auprès des humbles, des oubliés, des exploités, des
persécutés, des malades. Le témoignage de cette foi redonnera à ces pasteurs de
la bonne nouvelle la crédibilité qui fera renaître l’espérance du royaume dans
les cœurs de toutes les personnes de bonne volonté.
Le Vatican, comme État, doit
définitivement disparaître. Ce statut en fait un allié inconditionnel des
puissances dominant le monde. Sa doctrine doit se renouveler dans les Évangiles
et dans les signes des temps, également porteurs d’une parole de vie.
Je pense qu’avec la
démission de Benoît XVI c’est tout ce qu’il représentait de l’Église comme
doctrine qui doit être placé dans les archives de l’histoire. Autrement, ce
sera du pareil au même.
Je me permets une
prédiction :
La lutte politique de
certains cardinaux pour le pouvoir va être féroce. Elle conduira à quelque
chose qui se rapprochera beaucoup à un schisme. D’ici la mi-mars, l’Esprit
saint n’aura pas beaucoup d’écoute de la part des candidats. Washington sera
discrètement présent dans les corridors et dans les salons privés. Pour la
Maison-Blanche, l’élection d’un pape est aussi cruciale qu’une élection au
Venezuela, en Bolivie et en Équateur. Il ne saurait être question de laisser un
autre candidat que le leur pour être Pape. Le cardinal Ouellet fait
certainement partie de leurs candidats.
L’Esprit saint aura beaucoup
à faire pour imposer son candidat. S’il y parvient, ce sera alors un pape
humble, ouvert au monde et déterminé à faire un grand ménage dans la gestion de
l’Église. Il convoquera un Concile ouvert aux chrétiens laïcs et à des représentants
de divers milieux.
Les colonnes du temple de pierre s’écrouleront pour laisser
voir et agir celui qui apporte vie et espérance aux humbles de la terre et à
toute personne de bonne volonté.
Oscar Fortin
Québec, le 11 février 2013
2 commentaires:
Dur à dire ce qui motive cette décision, fatigue, besoin de passer la main
Excellent votre article merci
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