POUTINE LE REJOINT
Les dernières déclarations du
président Poutine relatives au conflit interne qui s’accentue entre le gouvernement légitime
de Nicolas Maduro et une opposition de
plus en plus violente ont de quoi faire réfléchir les alliés régionaux de cette
opposition qui souhaiteraient bien une intervention militaire. Déjà, en mars
2015, la Russie
avait répondu oui à la requête du gouvernement vénézuélien contre lequel le
président étasunien d’alors, Barack Obama, avait déclaré comme une menace à la
sécurité nationale des États-Unis. Une déclaration qui l’autorisait, pratiquement,
à intervenir militairement au Venezuela.
Cette fois-ci, cette intervention
du Président de Russie auprès du gouvernement vénézuélien revêt un caractère
tout particulier. Celle-ci se réalise la journée même où le président de Colombie,
Manuel Santos, est à la Maison-Blanche en compagnie de son homologue étasunien,
Donald Tromp. Au nombre des sujets
abordés figure celui du Venezuela, présenté comme une tragédie humaine sous la
gouverne d’un régime politique qui se révèle être un véritable fiasco. Bien que riche en pétrole et minerais, sa population vit dans la famine. Il faut
s’unir, disent-ils, pour sortir le peuple vénézuélien de cette misère humaine.
Rien n’est dit, évidemment, de cet acharnement pour renverser ce régime depuis
le jour où il a vu le jour.
Des millions de dollars ont
été investis et continuent de l’être pour créer les conditions permettant de
justifier une intervention militaire en vue de renverser ce régime. L’opposition interne est mise à contribution
pour dénoncer ce gouvernement, qu’elle qualifie de dictatorial, et le provoquer
sous diverses formes. Elle canalise les fonds destinés pour créer des zones de
violence et susciter la peur et le mécontentement de la population. La cause de tous ces malheurs est refilée,
comme par magie, au gouvernement. La presse nationale et internationale se
charge de cette magie. Elle sait comment
transformer le vrai en faux et le faux en vrai. L’important, c’est que
l’opinion publique en arrive à dire: nous en avons assez de ce gouvernement.
Il va de soi que l’OEA,
organisme régional sous contrôle officieux des États-Unis, est mis à
contribution pour donner une couverture
régionale et internationale à toute intervention militaire visant le
renversement du présent régime. Les
principaux responsables de cet organisme ne se font pas de scrupule avec des
questions d’éthique et de solidarité. À ce niveau, le pouvoir de l’argent et sa
force persuasive à corrompre les plus faibles font le reste du travail. Il faut
toutefois reconnaître l’intégrité et la grandeur d’un grand nombre de ceux et
celles qui siègent au sein de l’OEA et qui ont su résister tout autant aux
billets verts qu’aux menaces.
Au nombre de ces alliés
visant la fin de ce régime, il y a la Conférence épiscopale du Venezuela,
adversaire féroce de la Révolution bolivarienne depuis ses tout débuts. Elle a participé, à visage découvert, à
toutes les tentatives de renversement de ce régime. En 2002, elle était là pour célébrer un
premier coup d’État contre Chavez. Malheureusement, l’intervention du peuple et d’une partie de
l’armée demeurée fidèle au gouvernement constitutionnel ont vite transformé cette joie en un
cauchemar. Cette fois-ci, ce même
épiscopat n’en démarre pas et se prête sans scrupule aux activités clandestines
et violentes de l’opposition et souhaite une intervention extérieure pour mettre
fin à ce régime.
C’est dans ce contexte que
réapparaît Vladimir Poutine qui répète à qui veut l’entendre que le droit
international doit être respecté et que les problèmes internes du Venezuela doivent être résolus par les Vénézuéliens
et Vénézuéliennes. S’il s’engage dans ce processus de paix, c’est d’abord pour
répondre à une invitation des autorités légitimes du pays et dans le but de
faciliter la rencontre des groupes opposés afin qu’ils puissent trouver une
solution à leurs problèmes. C’est également
pour que soit respecté le droit international de non-intervention de part de
ceux qui auraient la tentation d’intervenir sans l’accord des autorités
compétentes.
Pour mieux comprendre ce que
représente la présence de Poutine au Venezuela, il faut regarder le rôle qu’il
a joué et continue de jour en Syrie. Ce pays était envahi, depuis 2011, par des
forces étrangères et des mercenaires qui se confondaient avec une opposition
officielle. La soi-disant coalition internationale se présentait comme une force
luttant contre le terrorisme et contre un gouvernement tortionnaire et cruel.
Il fallait mettre fin à ce régime dirigé par Bachar Al Assad, qualifié de
dictateur. Des groupes mercenaires et
terroristes, à la solde de cette coalition, faisaient le travail de sabotage et
servaient de couverture morale,pour la coalition internationale, de lutte
contre le terrorisme.
La Russie, à l’invitation du
président Bachar Al Assad, s’est
présentée en Syrie, en 2014, et dans l’espace de quelques semaines, elle avait
fait plus pour repousser les terroristes, qu’en avait faits la coalition
internationale en deux ans. Ses interventions ont permis de mettre à nu les
véritables intentions des divers acteurs en les confrontant à la réalité du droit
international à respecter et à la volonté réelle d’asseoir à une même table les
principaux belligérants de manière à trouver une entente permettant de sortir
le pays du marasque dans lequel la guerre l’a enfoncé.
L’arrivée de Poutine au
Venezuela va vite confronter les véritables intentions de ceux qui veulent
aider le Venezuela à s’en sortir. Il a d’ailleurs souhaité que ses collègues
régionaux se joignent à ses efforts pour
que le Venezuela retrouve la paix et la prospérité.
Pour ceux qui seraient tentés
d’envahir militairement le Venezuela, mieux vaut qu’ils y pensent à deux
reprises avant de passer à l’action. Les sept bases militaires des États-Unis
en Colombie et la quatrième flotte navale dans le Pacifique Sud demeurent
toujours une menace pour le Venezuela, mais l’arrivée d’armements modernes et
sophistiqués devra être prise en considération.
Espérons que les bonnes
volontés, dépouillées de leurs ambitions de pouvoir et de domination, sauront
trouver la voie de la paix.
Oscar Fortin
Le 19 mai, 2017
NOTE: Lors de la communication téléphonique de Maduro à Poutine, ce dernier s'est engagé, entre autres, à envoyer tous les mois un chargement de 60 mille tonnes de blé pour alléger les besoins du peuple vénézuélien. Il ne commence pas par envoyer des armes pour faire la guerre, mais des aliments pour soulager la faim. C'est déjà un bon commencement.
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